La CENI a initié, ce lundi 17 février à Bujumbura, une séance d’échanges avec les représentants de la communauté Batwa. Une occasion pour les leaders de l’ethnie twa de réclamer une large ouverture de l’espace politique.
Emmanuel Nengo, président de l’association Uniproba (Unissons-nous pour la promotion des Batwa), dénonce une règle de la Ceni qui limite la participation politique des membres de l’ethnie twa.
’’Chaque parti ou coalition des partis politiques doit amener une liste des candidats d’ethnie hutu et d’ethnie tutsi par province’’. « Libellé comme tel, cet article n’offre aucune chance aux Batwa souhaitant se porter candidats », s’indigne le leader de cette association de promotion des Batwa.
Il estime que de telles lois apportent la preuve d’une marginalisation de la communauté Batwa de la part de la CENI et des différentes formations politiques.
Partant de cela, cet ancien député de l’EAC a demandé une large ouverture politique en faveur de la plus petite communauté ethnique au Burundi. «Les Batwa devraient pouvoir accéder à toutes les fonctions », affirme-t-il.
Même son de cloche du côté d’Evariste Ndikumana, représentant de l’Association Espoir pour les Jeunes Batwa. « Nous n’avons officiellement que six représentants sur toute la scène politique (Trois députés et trois sénateurs choisis par cooptation). Les Batwa ne sont à la tête d’aucun ministère, d’aucune province et commune ! Ce n’est pas normal », déplore Evariste.
Ndikumana a également appelé la CENI à faire preuve de rigueur dans la réception des dossiers de candidatures de membres de la communauté Batwa en privilégiant les candidats présentant un profil universitaire.
« En mettant en avant des candidats avec un bon niveau d’études, c’est garantir que la représentativité de notre communauté au niveau des institutions sera parfaitement assurée », avance le représentant de l’Association Espoir pour les Jeunes Batwa.
Sur les plaintes relatives aux listes de candidatures des partis politiques pour les législatives et les sénatoriales dont les Batwa se disent exclus, le président de la CENI, Pierre-Claver Kazihise, déclare que les Batwa peuvent librement se présenter candidats sur les listes des partis politiques.
Sans contredire M. Kazihise, le porte-parole de la CENI, Philippe Nzobonariba, a toutefois émis un bémol. « Au niveau de l’Assemblée nationale, la présence de Batwa sur des listes de candidatures des partis politiques est parfaitement admise. Mais au Sénat, c’est tout le contraire car la loi oblige les partis politiques à présenter des candidats sénateurs issus uniquement des ethnies hutu et tutsi », précise M. Nzobonariba.
Quant au niveau d’études des candidats Batwa, le patron de la CENI a répondu que le choix des candidats en fonction de leurs qualifications académiques n’est pas du ressort de la CENI. « Il n’appartient qu’aux associations Batwa de désigner elles-mêmes des candidats capables de les représenter comme il se doit», signale Pierre-Claver Kazihise.