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Politique

Elections 2020 /Des promesses. Mais pas de chiffres

04/05/2020 Commentaires fermés sur Elections 2020 /Des promesses. Mais pas de chiffres
Elections 2020 /Des promesses. Mais pas de chiffres
Francis Rohero : « Chaque commune recevra un budget de 1 milliard alloué aux projets agricoles. »

La majorité des candidats en lice ne dressent pas le coût de leurs promesses électorales. Ils promettent des cadeaux aux électeurs sans montrer un budget appuyant leurs engagements.

Lundi 27 avril, la campagne électorale a commencé sur toute l’étendue du Burundi. De Gitega à Ngozi en passant par Bujumbura, les partis politiques et les coalitions des partis politiques et les indépendants haranguent les électeurs. Les lieux sont décorés de panneaux, banderoles et affiches vantant les candidats en lice. Chaque candidat y va avec son message pour convaincre les électeurs. La liste de quelques projets est présentée, mais le coût de ces projets reste inconnu.

Dieudonné Nahimana, le candidat indépendant, promet de résoudre le chômage de masse des jeunes. Il envisage la réforme de l’enseignement afin que l’école permette la création de l’emploi. Une fois élu, ce candidat déclare que son gouvernement « financera des stages professionnels pour que les jeunes diplômés acquièrent des compétences indispensables sur le marché du travail. »

Dans ses projets, le candidat du parti de l’Aigle, Evariste Ndayishimiye annonce que ses priorités seront la santé de la population, le développement de l’agriculture et l’élevage ainsi que les secteurs contribuant à accroître l’économie nationale, en particulier le secteur minier, le tourisme ainsi que la télécommunication. Et de marteler : « Il est temps que les fonctionnaires voient qu’il y a aussi un bon avenir dans la retraite.»

Dans son discours, le candidat du CNL, Agathon Rwasa dévoile son projet de société : « Notre programme couvre tous les secteurs, mais la priorité sera donnée à l’agriculture, l’élevage et la pêche ». Au moins 11 millions de Burundais, explique-t-il, évoluent dans ces secteurs.
M. Rwasa envisage construire un chemin de fer reliant le Burundi et les pays limitrophes pour redynamiser et faciliter les échanges commerciaux avec ces pays. Il entend développer le secteur privé pour contribuer à la diminution du chômage.

Gaston Sindimwo, le candidat de l’Uprona, promet la création de l’emploi des jeunes. Une fois élu, il réhabilitera le marché central de Bujumbura endéans 100 jours dès la prise du pouvoir.
Pour Francis Rohero, le 1/ 10 du budget national sera alloué au secteur agropastoral et à la protection de l’environnement. Ce candidat indépendant détaille : « Chaque commune recevra un budget de 1 milliard alloué aux projets agricoles. »

Dans le domaine de la santé, il prévoit injecter 40 milliards BIF dans la mutuelle de la Fonction publique pour permettre à tout citoyen d’accéder aux soins de santé.

Des programmes qui ne sont pas chiffrés

Pour certains analystes, l’inconnu reste le coût de ces promesses électorales et son impact. Les faits sont têtus. Excepté un seul indépendant, Francis Rohero, d’autres candidats n’ont pas chiffré leur programme ou n’ont pas fait des projections à court ou à long terme. Des questions qui restent sans réponse. Combien coûtent-ils ? Quel est leur impact sur la croissance, le portefeuille des ménages, la dette publique, déficit budgétaire ?…

Evariste Ndayishimiye : « Il est temps que les fonctionnaires voient qu’il y a aussi un bon avenir dans la retraite.»

Les programmes des candidats sont là. Et personne ne sait comment ils comptent y parvenir. Aucun candidat ne présente des projections pour l’ensemble du mandat, ou pour une seule année. Ce qui pose la question de leur crédibilité.

Pour d’autres analystes, cette campagne électorale est un véritable brouillard économique. La majorité des candidats promettent des cadeaux aux électeurs sans montrer un budget appuyant leurs engagements. Pour l’instant, les électeurs ne sont pas informés quant à la faisabilité des projets annoncés par les candidats avant qu’ils ne se rendent aux urnes.

Ainsi, il est quasiment impossible aux électeurs de comparer les engagements économiques des candidats. Il sera également compliqué d’évaluer leur réalisation à la fin de leur mandat.
C’est indéniable. Plusieurs promesses électorales ont des grands impacts financiers. Pour le moment, même les journalistes et les analystes font face à la difficulté d’évaluer leur faisabilité et d’en informer le public.

Normalement, les candidats rivalisent sur les chiffres et les données statistiques. Sous d’autres cieux, les candidats doivent dévoiler le plan global du budget: les revenus attendus, les dépenses à engager et la dette publique. Cela crédibilise leurs projets de société. . Bref, c’est le moment opportun pour ces bâtisseurs de montrer les outils et leurs devis pour convaincre et séduire les électeurs.

Certains enjeux économiques oubliés

Les meilleurs visionnaires dressent des programmes chiffrés. En outre, c’est la valeur économique des promesses des candidats qui prime. Un programme sérieux est d’abord économiquement sérieux.

Pour d’autres encore, l’analyse économique de cette campagne est impossible. Car elle doit se baser sur le coût des projets pour les finances publiques, leur impact sur l’augmentation de la richesse nationale(PIB), leur capacité à augmenter le portefeuille des ménages, ne pas exiger trop la hausse des impôts…

Un autre enjeu de taille. Certains grands enjeux économiques sont absents dans les promesses des candidats aspirant à former le prochain gouvernement.

La croissance morose, couplée à l’inflation et au chômage, en passant par le niveau de l’endettement public insoutenable aurait dû interpeller les candidats dans cette campagne. Aucun candidat n’apporte aujourd’hui une réflexion sérieuse sur ces questions alors que celles-ci devraient être des thèmes phares de la campagne électorale.

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