Depuis samedi 6 mars tout transport et le business entre la province Bubanza et la mairie de Bujumbura est bloqué sur la RN9. En cause : le pont sur la rivière Murago, zone Rubirizi, commune Mutimbuzi s’est affaissé. Les habitants des deux côtés et les usagers de cet axe broient du noir.
Il est 11h, ce lundi 8 mars. Nous sommes sur le pont sur la rivière Murago en zone Rubirizi en commune Mutimbuzi. Il se trouve sur la RN9 qui relie La capital économique Bujumbura et la province de Bubanza. Ce dernier s’est affaissé le 6 mars suite aux pluies et les eaux provenant des montagnes surplombant la ville de Bujumbura.
Les berges s’affaissent progressivement de même que les murs de soutènement en amont qu’en aval. Des blocs de béton se détachent. Selon les habitants, les alluvions sédimentaires et les tiges des palmiers à huile qui jonchent la rivière sont à l’origine des crues depuis longtemps.
Tout passage sur ce pont est impossible. C’est même barricadé, des militaires montent la garde pour prévenir des dégâts humains. Ce qui a des conséquences, notamment sur la circulation, qui est devenue infernale.
Des véhicules de tout genre, de transport en commun, et des marchandises sont bloqués de part et d’autre. Des parkings improvisés se sont formés. Les habitants des deux côtés et les usagers de cet axe sont désemparés. Ils doivent passer dans la rivière portés par des passeurs.
Des conséquences sont néfastes sur le business. Les prix de certains produits risquent de s’envoler. Plus de véhicule de marchandises sur cet axe, plus de bagages dans le transport en commun ni sur les vélos comme d’habitude.
Ceux qui foncent doivent les décharger au pont pour les faire passer dans la rivière par des porteurs. Les autres font des détours en empruntant la route qui passe par Gihanga. Cela a des incidences sur le prix du transport.
Vendeurs et clients dans le désarroi
Josée Manirakiza, vient de récupérer ses sacs de charbon de bois qu’elle vend à Nyabunyegeri. Elle se dit désemparée. Le camion qui devrait les acheminer chez elle est bloqué sur le pont.
« J’ai dû faire des dépenses supplémentaires. Tous les sacs sont passés par la rivière. Un sac dont le prix d’achat était de 30.000 francs burundais à l’arrivée pour être vendu à 33.000 francs. Mais pour le moment je dois payer 33.000. Je vais alors ajouter 3.500 supplémentaires. C’est une grande perte. Les clients vont se plaindre ». Il demande aux autorités compétentes de réhabiliter ce pont dans l’immédiat pour que la circulation et le business reprennent.
Il n’est pas la seule à se plaindre. Obède Bigirindavyi, est chauffeur qui fait le transport Musenyi – Bujumbura. Il se dit désemparé. Sur ce pont passent des poids lourds, des bus de transport avec une circulation intense de personnes. « Il n’est plus possible d’amener des bagages comme auparavant. Nos familles en pâtissent. Nous sommes également en mauvais termes avec les clients qui nous accusent d’avoir revu à la hausse le plus du ticket de transport ».
Les passagers n’en reviennent pas. Le ticket de transport qui était fixé 4.000 francs de Musenyi à Bujumbura varie entre 5.000 et 6.000 francs. Le prix du porteur dans la rivière varie entre 500 et 1000 francs.
Jeanne Kabura explique qu’il est extrêmement difficile de se rendre à Bubanza pour le moment. « Imaginez-vous payer 1000 francs pour être porté au dos dans une rivière ? C’est même risquant. Nous avons lancé des alertes depuis longtemps. Il faut que le gouvernement agisse ».
Sur le même axe, le pont sur la rivière Gikoma reliant le quartier de Carama de la zone de Kinama, au nord de la mairie de Bujumbura et la zone Rubirizi risque de s’effondrer. Les rives s’affaissent progressivement de même que les murs de soutènement. Des blocs de béton se détachent menaçant le pont qui ne tient qu’à peu de chose. Et son effondrement imminent.
Allo, allo. Je désire parler au service d’entretien des infrastructures de l’Etat. Où étiez-vous quand on vous a signalé que le pont sur la rivière Murago présentait des détériorations nécessitant votre intervention? Maintenant il va falloir reconstruire le pont et cela va coûter des milliards alors que vous pouviez à temps juste payer quelques millions pour colmater les brèches. Faut-il vraiment vous rappeler que l’entretien coûte moins cher, mais que la négligence coûte extrêmement cher, aussi bien pour les usagers et que pour l’Etat. Merci de votre accueil.