Le 16 décembre 2019, les résidents en 2ème et 3ème année de la faculté de médecine se sont adressés à leur doyen. Ils sollicitent ce document académique pour parfaire leurs études à l’étranger. Au niveau du décanat, une requête en cours d’analyse.
C’est une attente qui n’en finit pas pour les 35 étudiants .La cause : les mesures accompagnatrices qui devraient conduire leur formation de 5 ans en diplômes d’études spécialisées sont restées lettre morte. Bientôt dans la 3ème année du D.E.S, libère leur correspondance, les mesures promises par le ministère de l’Enseignement Supérieur, telles que l’achat des matériels adaptés (laboratoires, imagerie, scanners, électrophysiologie, etc) n’ont pas suivi le pas. Ces étudiants se disent inquiets quant à la possibilité de continuer ce programme. « Non seulement, nous ne savons les spécialités qui vont ouvrir les portes pour s’y conformer, mais et aussi et surtout, il n’y a ni ressources humaines et équipements pour la formation tant théorique que pratique ».Ainsi, ils demandent à tous les intervenants, en particulier le doyen « de plaider auprès du ministère de Tutelle et du gouvernement pour bien vouloir les autoriser la mobilité Sud-Sud voire Sud-Nord. Ceci pour une période allant d’une année à 2 ans, selon la complexité de la spécialisation ». Dans l’optique de postuler le moment venu, ils sollicitent un document officiel attestant la fin de la 2ème année.
Pour A.N, un médecin en formation en France, c’est un problème qui n’avait pas lieu de se poser. « C’est aberrant, parce que la plupart des médecins seniors ont parfait leurs études en Europe. Dans ce cas, pourquoi en priver leurs étudiants ? » A moins qu’il y ait une anguille sous roche, poursuit-il, tout le monde sait pertinemment que les ressources humaines sont loin d’être suffisantes, encore moins les matériels adaptés. « Comment un étudiant en imagerie pourra prétendre se spécialiser en radiologie alors qu’il n’a pas jamais utilisé de scanner.
Idem pour les étudiants en chirurgie. A l’ère de la cœlioscopie (chirurgie pratiquée à l’aide d’une caméra, ndlr), le temps des chirurgies invasives est révolu. Avec les matériels CHUK, comment se prévaudront-ils d’être des chirurgiens ? » Au risque de voir leurs candidatures recalées suite au retard dans l’inscription, il demande aux autorités habilitées de traiter au plus vite leurs dossiers. «Après tout, c’est la population burundaise qu’ils reviendront soigner ».
La commission en charge des D.E.S tranche
Dans une réunion tenue le 6 janvier, la commission pédagogique et celle des diplômes d’études spécialisées n’y sont allées de main morte. «Les plaintes en rapport avec les ressources humaines sont infondées ». Elles font savoir que seules les filières ayant le personnel suffisamment qualifié ont pu ouvrir et sont capables de la mener jusqu’au bout. Toutefois, elles ne cachent pas que l’absence du matériel de soins adapté, dans une certaine mesure, est une réalité. A cet effet, elles se sont convenues sur une liste de besoins nécessaires en matériel de soins et de qualité, département par département. « L’urgence, c’est la mise en place des services par spécialités, particulièrement en médecine interne. »
Bien que les membres de ces commissions reconnaissent la nécessité de mobilité, ils relativisent. Pour eux, seule la mobilité intérieure au Burundi est possible .Ce, en dehors du CHUK. Pour la faciliter, ils indiquent que des commissions conjointes des ministères de l’Enseignement et de la Santé seront mises en place. Objectif : permettre la mobilité des étudiants dans différentes structures hospitalières tant publiques que privées suffisamment équipées.
D’après eux, une batterie de mesures amplement suffisantes pour que la formation diplômante sur 5 ans soit faisable au Burundaise «Dans ce cas de figure, il ne sera guère utile qu’ils aillent à l’étranger ». Et si cas il y a, nuancent-ils, notamment pour des spécialités non disponibles sur place ou des objectifs non atteignables, une mobilité à l’étranger pour une période d’un ou de deux ans sera requise. A cet effet, ils soulignent qu’un comité en charge d’étudier les candidatures devra être mis en place.