Certains estiment que la distribution des cahiers n’avait pas de raison d’être puisque le nombre de cahiers offerts est de loin inférieur aux besoins des écoliers. Pour la présidente de la commission nationale de distribution, l’Etat a allégé mais n’a pas suppléé les parents.
<doc5528|right>6,584,696 cahiers de la société Picfare, issus du payement de la dette ougandaise envers l’Etat burundais, ont été distribués aux 1,949,327 enfants de toutes les écoles primaires publiques, une semaine après la rentrée scolaire. Ceux de la 6ème année ont reçu 6 cahiers dont 2 de 100 feuilles, un de dessin. Ceux de la 5ème, 5 cahiers dont 2 de 100 feuilles, ceux de 3ème, 3 cahiers, de la 2ème, 2 cahiers, 1ère, 2 cahiers, avec une gomme et une latte.
« C’est tout simplement du gaspillage voire inutile. Comment donner 6 cahiers pour un écolier de la 6ème année, alors qu’il a besoin de 18 cahiers », indique Chantal Nahishubije, présidente du syndicat libre des enseignants du Burundi (SLEB). Selon elle, si l’Etat avait voulu alléger les dépenses liées à la rentrée scolaire, il fallait d’abord aviser les parents afin qu’ils se préparent en conséquence. « Personne ne savait si ces cahiers allaient être distribués, ni les parents ni les enseignants. », ajoute-t-elle. Elle parle aussi de la mauvaise qualité des cahiers dont certains avaient même un nombre insuffisant de feuilles. Elle ajoute que le processus de distribution était mal organisé à telle enseigne que certains écoliers n’ont même pas reçu le nombre prévu de cahiers.
Un parent salue l’initiative, mais il estime que la distribution aurait due être faite avant la rentrée scolaire car la plupart des parents avait déjà acheté tout le matériel scolaire nécessaire.
La distribution en fonction des effectifs réels
La présidente de la commission nationale de distribution, Marie Thérèse Muyuku, estime qu’un cahier n’ait jamais de trop. Par ailleurs, une année scolaire est longue et un écolier n’utilisera probablement pas que les cahiers achetés au début de l’année. Elle souligne que cette distribution ne signifie en aucun cas que l’Etat veut se substituer aux parents en ce qui concerne l’achat du matériel scolaire : « C’est pour les appuyer et en même temps renforcer la politique de la gratuité scolaire sans distinction entre parents riches ou pauvres. »
Mme Muyuku précise avoir jugé bon de faire la distribution après la rentrée scolaire pour être sûre des effectifs réels des écoliers : « C’est à ce moment qu’on remarque le nombre fixe des écoliers, puisqu’il y en a qui ont changé d’établissement ou ont abandonné.» Elle ajoute que la distribution était fixée les lundis durant les heures de cours pour éviter aussi les cas de tricherie.
<doc5529|left>Un millier d’écoliers s’ajoutaient par rapport aux prévisions
Elle reconnaît que certains enfants ont reçu peu de cahiers à cause d’erreur de comptage : «Pour établir les plans de distribution, nous avons utilisé les chiffres de l’année passée. Avec l’accroissement naturel de 2,4%, c’est normal, qu’arrivé sur le terrain, on constate que le nombre des écoliers augmente. » Elle indique que ce problème s’est posé surtout dans les quartiers périphériques de la capitale par exemple dans les communes de Kinama, Buterere, etc. Il arrivait, signale-t-elle, que dans un centre de distribution, plus d’un millier d’écoliers s’ajoutaient par rapport aux prévisions. Ainsi, selon elle, les responsables ont dû faire un réaménagement et certains écoliers recevaient, par exemple, 5 cahiers au lieu de 6. Néanmoins, elle assure qu’il en reste dans le stock de la société Pickfare, qui est en route vers Bujumbura : « Nous allons pouvoir combler ce vide d’ici peu. »
La présidente du SLEB estime que si l’Etat veut soutenir les parents qu’il octroie un matériel scolaire suffisant. « Le manque de matériel scolaire reste la cause principale de l’abandon scolaire», explique-t-elle.