Dans des sociétés ayant connu des cycles de violence, des sentiments de vengeance peuvent surgir. Quand ce sentiment se transmet de génération en génération, la société en pâtit. Désiré Ndagijimana, expert en communication non-violente, préconise une réconciliation réussie.
La plupart des gens qui passent à la vengeance sont ceux qui ont perdu les leurs, des biens ou ceux qui été déshonorés. Cette vengeance peut se faire individuellement ou en groupe. « Ce sentiment de vengeance peut se transmettre d’une personne à une personne ou d’un groupe à un autre groupe, en famille et de génération en génération. Alors cela devient une éducation à la vengeance », indique Désiré Ndagijimana, expert en communication non-violente.
Pour cet expert, le Burundi est un exemple probant. Des groupes sociaux s’accusent mutuellement d’être à l’origine des maux qui ont endeuillé le pays dans le passé. Alors les gens commencent à développer ce sentiment de vengeance qui devient, par après, une éducation s’il se transmet en famille et de génération en génération.
Désiré Ndagijimana explique que ceux qui développent un sentiment de vengeance pensent avoir une solution pour la situation vécue : « L’individu ou un groupe qui veut se venger pense que c’est un moyen de se soulager, un moyen de liquider la colère ou la douleur morale voire physique causée par d’autres.» Il fait savoir que les psychologues expliquent que la vengeance crée des émotions négatives, notamment la frustration sans fin.
Il met en garde contre les conséquences graves sur la société en cas d’éducation à la vengeance. Il donne l’exemple des cycles de vengeance longtemps vécus par les Burundais : « Il fut un temps où lorsqu’il y avait eu des tueries de masse, des gens prenaient le devant pour aller tuer les autres ou piller les leurs biens. » Malheureusement, poursuit-il, certains que l’on voit ici et là sont devenus des malades mentaux.
Cet expert en communication non violente reste optimiste sur le fait qu’il est possible de briser ce cercle vicieux de vengeance. Il préconise la sensibilisation de la population intoxiquée par la mise en exergue des conséquences sur la vie individuelle et en groupe. « Il faut leur rappeler que la justice est là pour punir tout dérapage».
Il plaide également pour la construction d’un monument national en mémoires de toutes les victimes : « Quand ils vont s’y recueillir, le sentiment de vengeance diminuera. » Il ajoute que le suivi et l’appui aux victimes, notamment au niveau économique et social, pourra leur permettre d’avancer.
Merci beaucoup pour cet article.
Mais tant que nos femmes et hommes politiques prônent la réconciliation en paroles et font le contraire dans leurs actions, le cycle infernal de la vengeance ne sera pas brisée. En effet, les militants suivront les actions et les discours des sous-entendus de leurs responsables des partis d’autant plus qu’aujourd’hui, la majorité des instruits aspirent aux postes dans l’administration. Ils espèrent donc des nominations quand leurs partis gagnent. Malheureusement, nous constatons qu’à chaque élection, les discours de division voire de vengeance sont réactivés. A quand la confrontation des programmes politiques socio-économiques ? Qui vivra verra.