Il y a vingt-quatre ans exactement, Edouard Niyongabo nous quittait à la suite d’un accident de la route en revenant d’une mission de travail en province de Kirundo. Pour ceux qui l’ont connu, monsieur Edouard Niyongabo était l’incarnation à la fois de la douceur, de la modestie et de la gentillesse dans le privé ; il était rigoureux et systématique au travail. Fauché dans la fleur de l’âge – 44 ans – il avait pourtant à son palmarès tant académique que professionnel déjà beaucoup d’accomplissements remarquables.
Ingénieur Agronome spécialisé en Pédologie – science qui étudie les sols – il occupera des postes de responsabilité technique et de recherche de haut niveau dès la fin de ses études en 1972. Ce qui a retenu mon attention à son sujet, c’est le fait qu’Edouard Niyongabo ait laissé un ouvrage de réflexion sur l’unité et le développement du Burundi tout à fait remarquable. Ce livre, il l’a achevé un mois avant sa mort ; comme une forme de testament intellectuel.
Lettre d’un Murundi : Réflexions sur l’Unité et le Développement ((Niyongabo, E., Lettre d’un Murundi : Réflexions sur l’Unité et le Développement, Bujumbura, Régie de Productions Pédagogiques (RPP), Avril 1990, 128 pages.)) est un véritable essai sur le développement et la bonne gouvernance comme on dirait aujourd’hui. Il a articulé sa pensée en quatre chapitres : le premier traite de l’unité nationale et du développement et y insiste sur la pauvreté mère de beaucoup de nos maux. Il y décortique aussi les obstacles au développement liés à nos mentalités « enclavées » autant sinon plus que notre géographie ; le second chapitre traite de la gestion des ressources humaines et prône le culte de l’excellence et du mérite.
Il y fustige sans hésitation les égoïsmes des nantis et la misère politique et intellectuelle qui sévit au sein du leadership du moment ; dans le chapitre troisième Edouard Niyongabo porte un regard lucide sur l’héritage des institutions coloniales et la manière dont leur appropriation nationale devrait se poursuivre en cheminant résolument vers un état démocratique ; son dernier chapitre s’appesanti sur ce qu’il considère comme des leviers incontournables du développement à savoir les systèmes de production et les pôles de développement sur lesquels insister.
Cet ouvrage indispensable pour toute personne intéressée au développement du Burundi est quasiment introuvable au Burundi. On peut le consulter sur place à l’Institut Français du Burundi et à la nouvelle librairie « LireAfrica » située dans la galerie Alexander, place de l’Indépendance.
La réflexion d’Edouard Niyongabo mérite un colloque ((L’ISABU devrait honorer certaines personnalités qui ont marqué cet institut. Je pense notamment à M. Focamp, M. Museru et bien d’autres que les professionnels du métier ont connu et admirent encore les contributions)) autour des questions qu’il a soulevées si intelligemment afin d’encourager les grands commis de l’Etat à sortir de leur torpeur et à léguer aux générations montantes le fruit de leur expérience, leurs réflexions et leurs doutes afin que du choc des idées jaillisse la lumière.
In fact when someone doesnt understand then its up to other visitors that they will help, so here it takes place. cbakkcdafbbg
Ico gitabo ntaco nari nzi ariko Edouard ntiyobayeho avec son humilité et sa bonté à son époque: j’avais même oublié cet homme!
Il serait souhaitable que les livres publiés par des burundais se retrouvent en quantité suffisante dans les bibliotheques des universités publiques et privées afin ques les étudiants puissent les consulter et aiguiser ainsi leurs connaissances dans divers domaines. Ce livre que je n’ai malheureusement pas encore lu devrait en faire partie.
Ce serait aussi souhaitable de disposer d’une recension des livres publiés jusqu’à date par des burundais dans des maisons d’éditions d’envergure internationale: économistes, politologues, juristes, historiens, biologistes, chimistes, mathematiciens etc…
Comment se fait il qu’un livre tiré par la RPP soit introuvable à Bujumbura? Il faudrait que des gens de bonne volonté essaient de vendre des livres écrits par des barundi par internet. Au moins ceux qui veulent lire puissent les trouver. Mes pensées vont particulièrement à Michel KAYOYA dont j’ai eu le privilège de lire Entre les deux mondes, Marc Manirakiza, Adolphe Binagana, Albert Shibura et d’autres. Ceci peut aussi aider le peu de chercheurs que le pays dispose, ainsi que les étudiants pendant les grèves.
un article très productif. Il faudrait que les gens comme vous qui connaissez des références importantes comme ça, vous puissiez avoir des occasions pour en faire part aux autres. Surtout les étudiants qui peuvent s’en référer pour leurs mémoires et travaux de recherches. Malheureusement vous mêmes vous dites qu’il est très difficile de trouver un exemplaire de ce livre. Il en est de même pour les livres ou recueils de Michel Kayoya « Entre les deux mondes » et « Sur les traces de mon père ».
Je ne sais pas si c’est vrai mais j’ai entendu dire que IWACU serait sur le point de se doter d' »une maison d’édition ». Si c’est vrai, vous qui avez la bonne volonté de la promotion de la culture et du savoir, veuillez vous approcher d’Iwacu et ensemble saisissez l’AUF. Ladite Agence a des financements pour la réédition des documents jugés importants et l’organisation des colloques. Mais, pour la bonne réussite du projet, il est requis une collaboration avec un universitaire ayant le titre de chercheur, ou une université.
Vous méritez des encouragements Monsieur. Vous êtes sur un très bon sentier même s’il ne paye pas. Malheureusement je ne sais pas si vous aurez quelqu’un pour vous soutenir car la majorité des Burundais cheminent déjà sur l' »éthique régressive qui dit: pas d’argent d’action! ».
Malheureusement dans ce pays, le temps n’est plus aux grandes réflexions sur les stratégies de développement socio-économique ni pour le culte de la performance, de l’efficacité, du mérite et de l’excellence. Le temps est pour la confiscation du pouvoir pour ne rien en faire à part dilapider les deniers publics. Le ton depuis 2005 c’est la corruption, la course à l’enrichissement illicite, le harcèlement de la société civile y compris la presse, la manipulation de l’opposition et la chasse à ceux qui y résistent y compris si possible les tuer. Plusieurs exemples corroborent ce que je dis avec les massacres depuis 2010 des militants du FNL dans Bujumbura rural, Muyinga et un peu partout ailleurs dans le pays, l’assassinat de Manirumva jamais élucidée, l’emprisonnement de Mbonimpa et j’en passe.
La venue au pouvoir du CNDD-FDD avec des dirigeants peu charismatiques et sans aucune vision au-delà de leurs régions natales respectives et peut-être du sport, des avocatiers et autres ibikorane et travaux communautaires (qui n’avanceront à rien ce pays) coûtera très très cher au Burundi…. !!!
Notre jeunesse, je crois, en sait déjà quelque chose, elle qu’on manipule à volonté et enrôle dans des milices dangereuses et sans lendemain, elle, le Burundi de demain, qui traîne en longueur dans des études universitaires interminables à cause du manque de leadership et de vision de nos dirigeants sur la problématique de la formation et de l’avenir de notre jeunesse… !!!! Nous sommes dans de sérieux problèmes avec le leadership politique qui gouverne ce pays, je crois
Très bon article. J’ai eu la chance de lire le livre d’Edouard Niyongabo et je dois franchement admettre qu’il a été rédigé de main de maître. Je connais bien Edouard. Une chose qui a retenu mon attention est qu’Edouard critiquait sérieusement l’intelligentsia burundaise et surtout les anciens qui ne se soucient guère d’encadrer les jeunes diplômés qui commencent leur carrière professionnelle. Faute d’encadrement par les anciens, ces jeunes souvent fort motivés sont tirés vers le bas par le reste de la société et sombrent parfois dans la médiocrité au lieu de chercher l’excellence.