Une contribution de dix mille Fbu à l’école fondamentale est exigée pour récupérer un document dans la commune de Rohero en Mairie de Bujumbura. Cependant, elle ne repose sur aucune base légale.
Plus d’un an que la contribution à l’école fondamentale varie suivant les communes. « J’ai payé les 10 000 Fbu de contribution à l’école fondamentale, deux fois de suite, pour récupérer l’attestation de résidence et d’identité complète. Je voulais rassembler les différents documents exigés pour avoir un passeport », se lamente Hendrik Nezerwe, un habitant du quartier Inss en commue Rohero. Il essaie de demander des explications, mais la secrétaire lui répond que c’est l’ordre de l’administrateur. L’argent est déposé sur un compte ouvert à l’Interbank Burundi. Idem pour C.U. qui cherchait le même document de voyage.
Le personnel, se refusant à tout commentaire, vous renvoie à Marie Suzanne Ndayisaba, administrateur de la commue Rohero. La seule autorisée à répondre. Cette dernière, contactée au téléphone, précise que tout ce qu’elle fait est affiché aux bureaux de la commune. Et d’ajouter qu’elle est d’ailleurs en congé. Pourtant, elle n’était pas résistante à rencontrer Iwacu, quelques secondes avant de connaître le sujet de l’entretien.
L’argent collecté sert à payer la main-d’œuvre
Jean-Claude Ndihokubwayo, président du conseil communal de Rohero et ancien ministre du Développement communal, indique que c’est une situation embarrassante pour les contribuables. « La décision s’applique dans l’illégalité totale car elle a été transmise verbalement. L’objectif est de chercher de l’argent pour payer la main-d’œuvre. » Il fait savoir que le conseil communal a un rôle de gestion, mais ne possède aucun pouvoir. Pourtant, précise-t-il, la perception de l’argent des contribuables se base sur une loi qui a été voté, sinon c’est une participation forcée. Concernant le fait de payer plusieurs fois, M. Ndihokubwayo émet des regrets et condamne cette pratique.
A l’époque où il était ministre, ce dernier avait signalé cette illégalité au ministère de l’intérieur pour plus de régularité, sans succès. Le président du conseil communal demande que la loi sur la décentralisation soit votée et promulguée : « Cette loi, donnerait plus d’autonomie financière en transférant les compétences de l’Etat aux communes. » Et de déplorer la lenteur que prend le processus.
La décision n’exige pas le vote d’une loi
Gérard Nyandwi, secrétaire permanent au ministère de l’Intérieur, affirme que toutes les décisions pour développer la commune sont prises par le conseil élu et doivent être respectées. « Cela ne doit pas exiger le vote d’une loi », fait-il remarquer. Cependant, il condamne le fait de contribuer plus d’une fois. Et de souligner : » Si les personnes lésées viennent porter plainte à notre ministère, preuves à l’appui, ils trouveront satisfaction. » Me Fabien Segatwa indique que toutes les taxes et impôts, les questions financières et patrimoniales sont du domaine de la loi, comme le stipule l’article 159 de la Constitution du Burundi.
Même chose dans plusieurs communes. C’est de la spoliation, il faut protester, une contribution forcée et systématique est un vol, c’est de la concussion. J’appelle l’Inspection générale de l’Etat à sévir. On veut bien contribuer mais pas de cette façon là.