Le Lycée de Makamba est doté d’un laboratoire bien équipé. Néanmoins, les enseignants déplorent qu’ils n’aient pas été formés à son utilisation. Le ministère de l’Education assure qu’ils en bénéficieront cette année.
Nyabigina, environ 5 km du chef-lieu de la province de Makamba. Sur la route vers Kayogoro, l’élite des élèves ressortissant des provinces de Rumonge, Bururi et Makamba y prépare son avenir. Sur la partie gauche, quiconque emprunte la première fois cette route est attiré par une immense clôture et des constructions dans le patio, toutes en pierres. Un écriteau indique à l’extérieur qu’il s’agit du Lycée de Makamba.
L’établissement ayant été par le passé tour à tour l’EFI et le lycée de Makamba, est devenu dès la rentrée scolaire 2016-2017 l’un des 5 établissements dits «écoles d’excellence». Le gouvernement les a créées pour « promouvoir l’excellence et garantir aux élèves les plus talentueux du pays un épanouissement optimal ».
Placé dans un paysage serein, verdoyant, etc., le Lycée de Makamba offre un cadre favorable à l’assimilation des connaissances. Il n’enregistre pas beaucoup d’effectifs. On ne déroge pas à la règle, l’entrée y est très sélective, à l’instar des autres écoles d’excellence.
Tout le lycée compte 161 élèves pour l’année scolaire en cours. Un élève s’assoit seul sur un banc pupitre. Les enseignants sont tous qualifiés, assure Boniface Ndayiragije, préfet des études. L’établissement a du matériel informatique pour apprendre aux élèves à manipuler l’ordinateur. Les élèves ont droit à un petit déjeuner pendant la pause de 10h. En plus des deux repas, celui de midi et du soir.
Par-dessus tout, le Lycée de Makamba a un laboratoire bien équipé. Néanmoins, il connaît notamment un problème de conservation de différents produits.
D’après le préfet des études, l’établissement devait avoir trois laboratoires au lieu d’un seul. «Celui de Biologie à part, ceux de Chimie et de Physique, chacun aussi à part».
Ecole d’excellence par le plus grand des hasards
Autrement des produits de chimie peuvent attaquer les éléments des deux autres disciplines. Une perte pour des produits ayant coûté cher. Le préfet des Etudes, à l’instar du directeur d’internat, chimiste, souligne l’urgence de séparer les trois laboratoires.
La fixation de l’horaire tient compte de la disponibilité d’un seul laboratoire pour toutes les disciplines. «Or, s’il y en avait trois, trois enseignants pourraient en même emmener les élèves dans leurs laboratoires respectifs». Cela dénote une perte de temps.
Le préfet des études fait savoir qu’un projet pour pallier ce défi était à deux doigts d’être réalisé grâce au financement de la Belgique. Toutefois, il se fait beaucoup attendre. Au lycée de Makamba, le doute quant à son exécution est de mise. Plus d’un estiment que la suspension serait due au gel de la coopération des pays de l’Union européenne.
Autres obstacles au bon usage de ce laboratoire, les enseignants n’ont pas bénéficié de formation. Pourtant, leurs collègues des autres écoles d’excellence ayant réceptionné le même matériel en ont bénéficié. Il y a de cela trois ans.
Ce manque de formation est dû au fait que le Lycée de Makamba a été choisi pour devenir une école d’excellence par le plus grand des hasards. Le ministère de l’Education avait choisi initialement le Lycée de Kiremba situé en commune Kiremba de la province de Bururi pour cette contrée des provinces du sud.
Ainsi, les produits de laboratoire avaient été réceptionnés par cet établissement. Et les enseignants dont les cours portent sur les trois matières ont été formés. A la surprise générale, le ministère lui a préféré le lycée de Makamba, dont les enseignants n’ont pas été initiés à l’utilisation des produits acquis.
Le lycée de Makamba récupérera plus tard les produits du laboratoire au lycée de Kiremba. Depuis, les enseignants usagers sont en attente d’une éventuelle initiation.
«Les formations sont en principe périodiques»
D’après Alexis Banuza, président du Centre de Recherche en Didactique des disciplines et de diffusion des Sciences (CRDS), chaque cours devait avoir son laboratoire. En principe, chaque discipline a ses spécificités.
La séparation des laboratoires ne vise pas la conservation. C’est plutôt le confort dans l’utilisation : «Avec un seul laboratoire pour toutes les disciplines, l’enseignant de chaque cours ne sera pas à l’aise. Il ne trouvera pas facilement ce dont il a besoin ». Il y a risque que des produits restent dans les cartons. Certains peuvent être périmés sans avoir été utilisés.
Au sujet du manque d’initiation, le professeur Banuza parle d’un grand problème. Les enseignants auront tendance à enseigner théoriquement sans pratique. Les élèves ne maîtriseront pas les notions apprises. « Ils arriveront à l’Université sans le niveau suffisant».
Le constat du CRDS est alarmant : «Beaucoup d’écoles n’ont pas de laboratoires, un bon nombre avec un seul laboratoire pour les trois cours et très peu avec un laboratoire pour chaque cours.»
Il évoque du matériel non utilisé : «Les sciences sont enseignées de façon dogmatique, sans expériences. Pas de formation continue de façon périodique. » Or, souligne-t-il, les formations initiales sont lacunaires. Les enseignants travaillant dans des conditions difficiles, le niveau des étudiants des premières années à l’université est bas en sciences. Dans la formation initiale, la démarche expérimentale n’est pas maîtrisée.
Hilaire Baransharitse, vice-président du comité de pilotage des écoles d’excellence au ministère de l’Education, assure que les soucis de ces enseignants sont connus. «Ils ont du matériel, en plus de celui acquis dans le cadre des écoles d’excellence, qu’ils n’utilisent pas ».
M. Baransharitse assure qu’elles trouveront toutes des solutions. Il parle tout de même de l’ordre en termes de priorités. Les formations seront organisées cette année. Elles porteront particulièrement sur l’utilisation de tout ce matériel. Et aussitôt de souligner que la première phase sur la «manipulation» a eu lieu en avril 2018.