Au mois de Mars dernier, Ecobank Burundi a procédé au lancement officiel de l’Application ECOBANK MOBILE et du MasterPassQR marquant la mise en œuvre de sa stratégie de digitalisation sur le marché. L’Administrateur Directeur Général de cette Banque clarifie cette nouvelle approche quant à l’application de cette stratégie et tranquillise tout le monde et spécialement ses employés que tout se fera dans le strict respect de la loi.
La digitalisation vise entre autres l’élargissement de la clientèle et l’octroi de services financiers plus accessibles, plus faciles et à moindre coût à cette dernière. Victor NOUMOUE, Administrateur Directeur Général de cette institution bancaire, justifie ce basculement par la nécessité de conformité aux autres banques de l’Ecobank group, établies dans 33 pays du continent africain. « Nous sommes en arrière, a-t-il dit. Cela fait déjà une année après le lancement de ce programme dans bien d’autres pays africains où ECOBANK est présente. En Tanzanie, au Kenya et au Rwanda, pour ne citer que ceux-là, tout le monde procède au changement de stratégie tel que nous sommes en train de le faire.»
Il fait savoir que le modèle de gestion de la clientèle par les agences a démontré ses limites. Et comme notre banque a été toujours pionnière en Afrique, poursuit-il, elle fait un grand pas en avant en matière d’innovation bancaire.
Il indique que l’Ecobank group envisage un recrutement de 100 millions de clients d’ici 2020. Il laisse entendre que le statu quo des agences ne peut pas en aucun cas permettre la gestion de cet effectif. « Si nous voulons gérer 100 millions de clients, nous devons emprunter d’autres voies. Et c’est cela la raison d’être essentielle de ce changement de stratégie. »
Selon lui, cette nouvelle opération révolutionnera le système bancaire au Burundi en ce sens, dit-il, qu’il vise l’inclusion des Burundais dans le système bancaire. La même politique de digitalisation, confie-t-il, s’applique dans tous les pays dans lesquelles l’Ecobank est opérationnelle. « Et si nous parvenions à intégrer des millions de Burundais dans le système financier et au niveau du continent, nous aurions contribué à ce développement. », indique-t-il.
Un partenariat gagnant-gagnant
Entre autres avantages, il affirme que les clients pourront gérer leurs comptes soit par internet sur l’ordinateur soit sur leurs téléphones mobiles, des Smartphones comme des téléphones ordinaires. Il laisse entendre qu’ils pourront faire toutes les opérations basiques, c’est-à-dire le retrait, le versement et le transfert d’argent grâce à ces nouveaux canaux de distribution à un coût réduit.
Avant de dire que les clients gagneront également en termes de temps. «Ils feront toute opération quand ils veulent. La digitalisation leur permettra de gérer leurs comptes 24 sur 24h, 7 jours sur 7».
Ce directeur affirme que ce système réduira les risques liés au transport de l’argent physique pour faire des achats. « Vous pourrez acheter partout ce dont vous avez besoin. Le paiement se fera avec votre téléphone grâce au MasterPassQR.»
Il n’ignore pas que tous les Burundais ne pourront pas migrer vers la plateforme électronique. C’est pour cette raison, indique-t-il, que la banque collaborera avec des partenaires proches de la population désignés sous l’appellation d’agents bancaires agrées.
En cas de nécessité du cash, c’est à ces derniers, précise-t-il, que les clients s’adresseront. « Ces agents bancaires seront présents dans toutes les provinces, toutes les communes et collines du pays. Ils pourront faire des retraits auprès d’eux, approvisionner leurs comptes et faire des transferts. »
Pour la banque, M. NOUMOUE indique que le basculement à la digitalisation lui permettra de réduire le coût des services à la clientèle jusqu’à 5%. « Cela impliquera la mise à disposition des services à des coûts imbattables. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui à même d’affirmer que nous pourrons offrir des comptes bancaires sans exiger des populations des frais de tenue de compte. » Et de souligner que sa banque ne pourra pas parvenir à une telle étape sans la digitalisation.
« Tout changement fait peur »
Victor NOUMOUE précise que tout changement conduit à la prise des décisions convenables à la nouvelle stratégie. Il trouve normal que des gens se préoccupent de ce que la digitalisation leur réserve. «Elles aiment le statu quo. C’est à ce dernier auquel elles sont habitué. C’est compréhensible que le changement leur fasse peur.»
Il dit qu’ils sont en train de discuter avec tout le monde pour qu’il n’y ait pas ceux qui puissent se sentir lésés suite à l’application de la mesure. « Il n’y a pas de chasse aux sorcières à l’Ecobank.» Et de demander aux uns et aux autres de ne pas colporter des rumeurs par rapport aux employés qui seront impactés en raison de la digitalisation. « Le nombre de 180 personnes qui a circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux n’est pas correct car même l’effectif total des employés de la banque n’atteint pas ce nombre. La mesure pourrait toucher une cinquantaine mais je dois préciser ici que le nombre n’est pas encore confirmé. Il peut être en dessous comme il peut être au-delà.»
Et de confier que le personnel total de sa banque s’élève à 170 personnes. Ceux qui avancent le chiffre de 180 employés, s’interroge-il, d’où ils tirent ce chiffre ? Si cela était le cas, nous aurions simplement fermé la banque.
NOUMOUE tranquillise : «La digitalisation dégagera dans l’avenir un impact plus important que les contraintes qu’elle impliquera à court terme.»
L’Ecobank rassure quant à l’indemnisation
Il garantit que l’Ecobank sera généreux : «Nous sommes en train de prendre toutes les dispositions pour que ceux qui seront impactés puissent être indemnisés conformément à la loi burundaise. » Nous voulons même aller au-delà de ce que prévoit la loi. « La loi burundaise, c’est le minimum. Nous pensons même à un bonus. »
Avant de soutenir que sa banque s’acquittera de ses obligations vis-à-vis de ses employés impactés. «Nous avons certes des règles du Groupe. Cependant, à chaque fois qu’il y’aura des contradictions entre nos règles et la loi du pays, c’est cette dernière qui sera prise en considération. »
L’Administrateur Directeur Général rassure qu’il facilitera l’installation de ses employés impactés qui voudront bien continuer à travailler avec Ecobank comme Agents bancaires Agréés. Et d’insister sur la performance : «Ceux qui seront plus performants gagneront facilement leur vie. Ils pourraient voir leurs revenus multipliés par deux, par trois,… »
Il indique que les agents n’auront pas un salaire fixe. « Les revenus des agents seront variables, chacun en fonction de ses performances. »
A ceux qui soutiennent que le basculement à la digitalisation est lié essentiellement à la situation de crise que le Burundi traverse, M. NOUMOUE s’en défend. «L’Ecobank est l’un des acteurs économiques les plus résilients au Burundi. Les performances de ces dernières années en témoignent. » Avant d’affirmer tout de même que la conjoncture économique qui prévaut en ce moment a poussé sa banque à innover pour s’y adapter.
L’Administrateur Directeur Général d’Ecobank rappelle que d’autres entreprises au Burundi ont déjà eu recours à des agents agrées dans la cadre de leur stratégie de distribution. «La Brarudi, un poids lourd de l’économie de ce pays, ne fait que produire. La vente, c’est l’affaire des sous-traitants. Les télécoms, eux ne font que s’assurer que le réseau est fiable pour que les gens puissent bien téléphoner. La vente des crédits, ce sont des agents partenaires qui s’en occupent. » Et de soutenir que le coût de la communication serait sans doute plus élevé si les télécoms distribuaient eux-mêmes les cartes de crédits. « Ils ne pourraient pas proposer un prix acceptable. »