Les employés licenciés de cette banque panafricaine dénoncent les conditions de licenciement. Ils refusent de signer le protocole de séparation les privant tout droit et action contre l’Ecobank.
D’un côté, des employés licenciés dénoncent un divorce illégal et préparé unilatéralement. De l’autre côté, l’administrateur directeur général de l’Ecobank, Victor Noumoué, veut à tout prix la signature du divorce. Faute de quoi, ils n’auront ni les indemnités de licenciement ni les attestations des services rendus.
Les employés licenciés soulignent les irrégularités du licenciement. Selon Epimaque Nteturuye, employé licencié, ce protocole oblige l’employé de reconnaître d’avoir été informé de la rupture du contrat. Il admet également avoir reçu des indemnités équitables et que le décompte a été régulier. Et d’ajouter que tous les droits légaux ont été pris en compte. Il renonce à tout droit, prétention et action contre l’Ecobank. « Ce licenciement est abusif et illégal », déplore E. Nteturuye.
Mathias Manirakiza, un autre employé licencié, assure que ces manœuvres visent à priver les signataires de toute possibilité de recourir à la justice. S’ils signent le protocole, il gagnent le droit de se taire.
Ils rejettent la raison économique avancée par l’Ecobank. M. Manirakiza soutient que la banque n’est ni en difficultés financières ni en cessation de paiements. L’argument économique est une insulte pour une entreprise aussi rentable et liquide qu’Ecobank. « Cette institution a réalisé un bénéfice net de 2,8 milliard de Fbu en 2016.
Elle se classe en troisième position après la Bancobu et la BCB. » Les raisons économiques ne pourraient donc en aucun cas être justifiées. Pour lui, la seule raison valable est la digitalisation consistant en la modernisation de certaines opérations bancaires. Derrière cette raison économique, explique-t-il, se cache la volonté d’accorder des indemnités minables aux employés renvoyés.
« J’ai travaillé pendant 4 ans sans contrat »
Depuis 2009, cette banque panafricaine a employé des travailleurs pendant des années avec des contrats de prestation de services. Ledit contrat n’est pas reconnu par le code du travail burundais. «J’ai travaillé pour la banque pendant 4 ans sans contrat», se plaint Yvette Ndayishemeze. Depuis octobre 2009 jusqu’en 2013, elle avait un contrat de prestation de services. Puis elle a signé un contrat déterminé depuis 2014 jusqu’à juin 2017. « Et j’ai signé un contrat indéterminé fin juillet de cette année.»
Damas Ndimubandi, représentant du personnel de l’Ecobank, fustige l’absence de concertation avec le personnel. Il affirme que la banque n’a pas pris en considération leurs propositions : « Aucune proposition du personnel n’a été retenue.» Selon lui, l’administrateur directeur général a avoué que le groupe Ecobank a décidé de rejeter toutes les propositions des employés.
De surcroît, le représentant du personnel évoque le manque de transparence. L’administrateur directeur général a refusé de publier les pondérations prises sur chaque critère : « C’est top secret.» Du reste, M. Ndimubandi déplore que la banque n’ait pas réparé les injustices ou fautes commises à l’endroit de certains employés. Il fait savoir que les raisons économiques avancées dans les premières rencontres n’ont jamais été acceptées par le personnel.
La banque exige des employés licenciés le remboursement des crédits contractés. Il estime que c’est à la banque d’en prendre la responsabilité : « C’est elle qui met fin au salaire constituant les moyens de remboursement convenu dans la convention de prêt.»
« Laissons le temps au temps »
Victor Noumoué, administrateur directeur général de l’agence Ecobank Burundi, indique que la digitalisation et les raisons économiques vont de pair. Il fait également savoir que le personnel a été associé et consulté : « Nous avons fait sept séances de concertation avec les représentants du personnel. Nous avons pris en compte leurs suggestions pertinentes.» Et il signale que le classement a été fait par un logiciel. « Tout est transparent ».
L’ADG d’Ecobank se veut optimiste quant à la signature du protocole de séparation : « Laissons le temps au temps, les employés licencies sont encore sous le coup de l’émotion. »
M.Noumoué avoue que le contrat de prestation de services n’est pas reconnu par la loi burundaise. L’Ecobank n’est pas la seule à avoir conclu ce genre de contrat au Burundi. « Les employés qui avaient des contrats de prestation de services ont été régularisés. »
Ce responsable révèle que l’Ecobank propose des indemnités supérieures allant jusqu’à 12 mois en guise de supplément aux 8 mois d’indemnités prévus par loi burundaise. Les employés licenciés rembourseront des crédits contractés avec 12 mois de sursis avant le début du remboursement et la prolongation d’une année des délais de paiement des crédits. Et il précise que ces concessions exigent au préalable la signature du protocole d’engagement.
Me Fabien Segatwa souligne qu’en tout état de cause, à la fin du contrat, l’employé doit avoir son décompte final sans aucune condition. « C’est abusif de contraindre l’employé de signer un protocole l’empêchant de saisir la justice.»
N,uko nyene ata Butungane bukiri mu Burundi !
@Ntamvuridahita
Buhaheruka ryari?
Une question:
1) La Bancobu et la BCB sont les 2 pre,ières banques les us rentables suivies d Ecobank, dixit ls reporter.
Source please. On ne parle plus d’Interbank?
« ce protocole oblige l’employé de reconnaître d’avoir été informé de la rupture du contrat. Il admet également avoir reçu des indemnités équitables et que le décompte a été régulier. Et d’ajouter que tous les droits légaux ont été pris en compte. »
Ils se prennent pour qui ces banquiers, des au-dessus de la loi? J’ai toujours réfléchi à ce genre de libellé du format de rupture contractuelle et n’ai jusqu’à présent pas compris comment les banquiers (et d’autres employeurs notamment des ONGI) osent soustraire à l’employé le droit le plus absolu, celui de s’adresser à la justice lorsqu’on se sent lésé!
Je conseille plutôt au banquier, si licenciement il doit y avoir, de licencier son personnel au mobile x ou y (peu importe), de donner les indemnités qu’il croit légitimes ainsi que les attestations de service rendu sans condition et le reste dépendra du sentiment de satisfaction ou d’insatisfaction de l’un ou l’autre des employés licenciés. Et seuls les niveaux de satisfaction de ces derniers décideront si oui ou non la banque peut être attaquée en justice. Et ce sera justice
Uyo munyamahanga ashaka guhotora aBarundi ramuhenze!
Pourquoi toujours ce slogan: munyamahanga? Il n’ y a pas des Burundais expat qui licencient aussi des non Burundais ailleurs en Afrique ou dans le monde? Il faut abandonner ces réactions primaires…
Dommage, dommage. Espérons que « Rindira » ne l’ait pas fait dans un sens négatif; sinon le penser ainsi fait pitié. Avec l’intégration régionale, la suppression des barrières tarifaires, la mondialisation, chaque burundais aimerait accepter dans une compétition sans limite, sans conditions préalables de nationalités, d’ethnie, de région… ou seuls les compétents sont élus.