Le cours du dollar a plongé depuis 24 heures. C’est une conséquence de la décision prise par la BRB de libéraliser le marché des changes. Un économiste burundais spécialisé donne un éclairage. 10 clefs pour comprendre la situation.
Par Antoine Kaburahe
1. Est-ce que cette décision de la BRB est une surprise ?
Non. En tout cas, pas pour les spécialistes qui suivent la situation burundaise. Cette décision de la BRB était attendue depuis quelques semaines. Elle est le résultat d’intenses négociations entamées dans le cadre de l’accord sur le nouveau programme avec le Fonds Monétaires International, la Facilité Elargie de Crédit de 261,7 millions de dollars américains sur 40 mois. C’est un programme assorti de réformes structurelles et de gouvernance, dont celles portant sur le cadre monétaire de et de change.
2. Pouvez-vous expliquer l’essence de cette décision ?
La banque centrale (BRB) s’est engagée à recalibrer les politiques monétaires et extérieures pour remédier aux réserves de change insuffisantes et à l’importante prime du marché parallèle des changes. Pour préparer le rééquilibrage extérieur, la BRB a été invitée à libéraliser le marché des changes et à réduire les financements accordés aux banques commerciales.
3. Quel est le résultat attendu ?
La décision de la BRB est censée amener plus de transparence et d’équité dans la gestion des devises par les banques commerciales à travers le marché interbancaire de devises, où seules la demande et l’offre détermineront le prix sans intervention de la BRB. En somme, une autorégulation pilotée par la loi du marché.
4. Comment comprendre la chute du taux de change sur le marché parallèle ?
C’est simple : c’est une anticipation à la réduction de la pénurie des devises et la réduction de l’écart acheteur-vendeur. Aussi, la transparence dans l’octroi des devises et l’élimination des passe-droits réservés à certains dignitaires et associés est-elle accueillie comme une bonne nouvelle par le marché de change. L’expérience du rétablissement d’un marché interbancaire de devises après une période de restrictions par la Banque centrale montre que généralement, l’écart entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle se réduit.
5. Est-ce que d’autres pays ont déjà vécu ce qui arrive au Burundi ?
Oui. Tout récemment, au Kenya, afin d’éliminer les anomalies du marché qui ont aggravé la pénurie de liquidités étrangères, il a été décidé de « ressusciter » le marché interbancaire des changes. L’écart entre les taux officiels et les taux du marché libre s’est réduit, passant de 13 Ksh début mars à une moyenne de 6 Ksh par dollar cette semaine. Les grandes entreprises ont commencé à échanger des dollars entre elles, et celles qui ont besoin d’argent liquide se sont intéressées aux secteurs de l’hôtellerie et du transport aérien par exemple.
6. Pour les banques burundaises, cette décision de la BRB est-elle une bonne nouvelle ?
Oui. Les banques commerciales ont désormais la possibilité de comparer et de faire jouer la concurrence en matière de prix lorsqu’elles font des transactions entre-elles. Cette liberté devrait freiner la disparité croissante du taux de change observé ces dernières semaines. Néanmoins, cela ne tiendra que s’il y a une injection régulière d’un volume important de devises sur le marché interbancaire. Ce qui n’est pas garanti, vu que les contraintes structurelles demeurent.
7. La décision de la BRB sera donc saluée par les institutions de Bretton Woods notamment ?
Oui. Elle cadre avec les bonnes pratiques en politique monétaire et de change. La décision de la BRB renoue avec une politique monétaire et de change non politisée et qui repose sur des règles transparentes de compétition et d’attribution. Elle est donc la bienvenue.
8. La crise économique est donc derrière nous ?
Il ne faut pas célébrer très vite. Le diable est probablement dans son effectivité. La présence de l’Etat et ses démembrements reste forte au sein du secteur bancaire burundais. Les ADG des plus grandes banques sont toujours nommés par le Gouvernement. Il n’est donc pas exclu que les privilégiés d’hier (et d’aujourd’hui) soutenus par les « puissants » continuent à jouir des passe-droits en matière d’accès aux devises. En outre, la BRB se réserve d’intervenir sur le marché de change notamment lors de l’importation des produits de carburants. Les règles d’accès pourraient créer une absence d’équité entre importateurs de carburants (ceux qui s’approvisionnent sur le marché des banques commerciales et ceux qui sont « servis » par la BRB).
9. Quelles sont les perspectives sur le taux de change ?
La dynamique sur le marché de change devrait connaître une évolution croisée : le taux de change sur le marché parallèle devrait décroître (on l’observe déjà depuis hier) tandis que le taux de change officiel devrait progressivement croître. Au vu de certaines incertitudes qui pèsent encore sur la disponibilité d’un volume important de devises (fin 2022, les réserves en devises ne pouvaient couvrir que 1.5 mois d’importation), il est difficile de prédire aujourd’hui à quels niveaux les deux taux seront d’ici à 2 ou 3 mois. Certains importateurs continueront certainement à s’approvisionner sur le marché parallèle, continuant ainsi à mettre de la pression sur le taux de change. Mais la conséquence majeure est d’abord d’ordre politique (policy) où la Banque Centrale émet un signal sur la crédibilité de sa politique monétaire et de change. L’entretien du marché parallèle par certains « privilégiés » était un des signes criants d’une certaine criminalité économique, soutenue ou tolérée par les dépositaires de l’Etat.
Il est aussi attendu de cette décision de la BRB une certaine réduction des pressions inflationnistes via l’accès aux devises moins chères pour des besoins d’importations.
Néanmoins, il n’y aura pas de miracle tant que les causes structurelles – telle la compétitivité de notre économie- ne trouvent pas une réponse durable. Disons que la décision de la BRB est un bon pas dans la bonne direction.
10. Une personne qui a gardé quelques dollars doit être inquiète aujourd’hui. Elle devrait les échanger pour éviter que le taux soit encore plus bas ? Les garder en espérant que le taux va remonter ?
Ici, le court-termisme pourrait s’apparenter à la spéculation. Le dollar reste une monnaie de réserve et d’épargne de référence. Surtout lorsqu’il est mis en perspective avec les monnaies locales des économies non développées. Il suffit d’analyser l’évolution du franc burundais par rapport au dollar sur les 10-15 dernières années pour se faire une idée. Même en se référant au taux officiel. En mai 2013, le dollar était à 1565 et 10 ans plus tard il est à 2083 (cours moyen d’hier), soit une dépréciation d’à peu près 33% ! Je répète ce que je viens de dire : le dollar reste une monnaie de réserve et d’épargne de référence.
Désolé, je ne comprends pas quand les économistes ne comprennent rien du développement d’un peuple. Ce n’est pas le dollar ou le taux de change qui créent la croissance mais l’énergie.
La croissance est proportionnelle à l’énergie. Plus vous produisez de l’énergie, plus vous avez la croissance. Le Burundi ne pourra en aucune façon se développer sans l’énergie. C’est dommage que les économistes ne voient pas cela. Comment voulez-vous développer un pays sans énergie ? Observez partout, les pays avancés c’est grâce à l’Energie. Le Burundi est plein de rivières, le Burundi a de quoi produire l’énergie nucléaire… socle du développement.
Le Burundi ne sera pas un pays avancé en 2040 ou développé en 2060 sans énergie.
@Kaziri
1. Vous ecrivez:« Ce n’est pas le dollar ou le taux de change qui créent la croissance mais l’énergie… »
2. Mon commentaire
Pourriez-vous nous dire ou les auteurs de cet extrait se sont trompes?
« RELATION DU TAUX DE CHANGE A LA CROISSANCE
Analyse de la relation
Nous étudierons la question de la croissance par rapport au niveau et à la variation du taux
de change dans un premier temps et par rapport au régime dans un second temps. Les deux
éléments de cette relation témoignent du rôle important du taux de change dans la croissance
des économies en développement. Des études empiriques soulèvent la relation fortement
négative entre la variabilité des taux de change et la croissance économique (Bosworth,
Collins et Chen [1995]). Il peut y avoir des conséquences à long terme qui vont au-delà de
l’impact couramment exercé à court terme, sur la compétitivité des entreprises du pays
considéré. Une surévaluation très sensible tendra à ralentir la croissance alors qu’une sousévaluation importante, sans être toutefois excessive, aura pour effet de l’accélérer (Collins et
Razin [1997]). De larges mouvements du taux de change réel sont associés à une plus grande
incertitude par rapport aux prix relatifs qui, en retour, entraînent des risques plus grands et des
horizons d’investissement plus courts. Cela entraîne des coûts d’ajustement très élevés : un
recul dans la production, un mouvement du secteur échangeable vers le non échangeable et
une volatilité croissante des taux d’intérêt menant même à une instabilité financière… »
https://www.gate.cnrs.fr/uneca07/communications%20pdf/ZIADI%20Abdallah-%20rabat.pdf
@Kaziri
Au Burundi l’on a une surevaluation du franc burundais d’environ 100% puisque le cours officiel est de 2100 francs pour un dollar, alors que le citoyen lambda devra payer 4200 francs pour un dollar au bureau de change. Et ceci n’est pas du tout bon pour la croissance de l’economie du pays.
Je suis d’accord avec vous, seulement vous restez au niveau des conséquences sans aller à la racine.
Tous les pays pauvres au monde ce sont des pays pauvres en énergies. A contrario tous les pays qui enregistrent une bonne croisance se cont des pays qui ont accès à des énergies.
Résoudre d’abord le problème d’energiessans oublier le reste. Au Burundi il faut sortir des théories. Le développement c’est de la pragmatique. Vous donnez raison au Président du Burundi qui cherche ceux qui ont été à l’école. Au Burundi le problème on ne sait pas distinguer qui a été à l’école même à l’univesité et celui qui n’a pas mis de pied à l’école. Ils ont tous le même comportement irrationnel.
Même un non économiste sait comprendre que sans les énergies, le Burundi va nulle part. Pays émergeant puis pays développé, cest du blabla.
@Kaziri
Quand on me dit qu’UNE SUREVALUATION TRES SENSIBLE TENDRA A RALENTIR LA CROISSANCE moi je comprends que cette surevaluation avec le manque d’energie sont parmi les nombreuses racines/ les causes du manque de croissance.
@Kaziri
Lors du Forum national sur le developpement du Burundi, 2 e edition, l’un des presentateurs Reywen Bigirimana a bien explique que les projets miniers (par exemple) sont « energivores » (c’est le mot qu’il a employe), ainsi Musongati exigerait 200 megawatts d’electricite, Waga exigerait 80 MW et Nyabikere aussi exigerait 80 MW.
Voir 10:06:06 de la video du Forum.
https://www.youtube.com/watch?v=Rvs_Pid4Ggw&t=36366s
@Kaziri,
Vous avez raison. Le travail constitue la transformation d’énergie. La nourriture c’est l’énergie. Bref l’énergie c’est la vie! Le Burundi devrait essayer de traiter l’énergie comme la vie. Sinon, comme vous le dites, rien n’est possible.
Quand à l’argent, surtout le FIAT money, eh bien c’est un accord qui n’engage que ceux qui en ont la confiance. Les économistes aimeraient nous convaincre que l’argent (FIAT) représenté du travail. Eh bien non, le Fiat money (credit note) représente une promesse de faire du travail. Autrement dit, une promesse de transformer l’énergie. Mais comme on connait bien l’homme, et bien tout devient du n’importe quoi! Ils font, express, la confusion de l’argent quand l’argent était basé sur les métaux. Essaye de chercher une note bancaire d’avant 1970’s vous remarquerez que a cette époque la note en question était Un certificat de possession des métaux (L’or, l’argent, etc…). J’en ai chez moi, c’est dommage que Iwacu ne permet pas de poster des photos, mais vous pouvez chercher sur l’internet, pour vérifier mes propos. Encore une fois, le métal que cela soit l’or, l’argent, le zinc, etc… ceci constitue la transformation d’énergie. Car avec la transformation de l’énergie, l’homme améliore son standard de vie: Ex tu veux aller du point A a B, tu peux marcher(transformation d’energie) ou prendre une voiture, encore une fois, transformation d’énergie.
Attention, je ne veux pas dire qu’il faut ignorer les économistes. Quelqu’un avait dit ceci: » Il faut apprendre l’économie, sinon tu risques de prendre les économistes trop au sérieux « . Autrement dit, L’économie c’est la science Voodoo.
@Jean Pierre Hakizimana
1. Vous ecrivez:« Autrement dit, L’économie c’est la science Voodoo… »
2. Mon commentaire
Moi je n’ai qu’une grande admiration pour un bon economiste, depuis que l’on m’a dit combien il est difficile de trouver un sujet pour une these de maitrise ou de doctorat en economie et depuis que je vois les formules mathematiques (tres compliquees pour moi) que les economistes utilisent dans leurs articles academiques.
1. Moi j’ai beaucoup d’admiration pour le grand economiste Sir Arthur Lewis qui a proposer le « dual model of development » base sur l’agriculture et l’industrialisation.
W.A. Lewis, “Economic Development with Unlimited Supplies of Labour”*(1954).
https://la.utexas.edu/users/hcleaver/368/368lewistable.pdf
2. Il a eu le prix Nobel en economie en 1979.
The Sveriges Riksbank Prize in Economic Sciences in Memory of Alfred Nobel 1979 was awarded jointly to Theodore W. Schultz and Sir Arthur Lewis « for their pioneering research into economic development research with particular consideration of the problems of developing countries »
https://www.nobelprize.org/prizes/economic-sciences/1979/summary/
Energie!!! soyez plus explicite.
Merci @Mayugi d’avoir rappelé @Stan, ce dont on parle. Je ne sais pas si vous le faites exprès , mais vous avez l’art de créer la confusion des confusions! J’insiste encore: L’économie c’est pas une science exacte comme la physique. Les économistes souffrent (tjrs) d’envie des physicistes. Remarquez que l’énergie, respecte les lois de la physique. L’économie , c’est comme le « fashion » : Tu n’auras jamais une geule clown du village aussi longtemps que tu mets une tenu similaire à la majorité!
Sur ce, je me dis que vous devriez avoir une petite idée de ce que je pense de cette grande industrie de blanchiment de feu Albert Nobel. Surtout dans le contexte Africain!
Excellente analyse. Sauf sur la dernière phrase : « En mai 2013, le dollar était à 1565 et 10 ans plus tard il est à 2083 (cours moyen d’hier), soit une dépréciation d’à peu près 33% ! Je répète ce que je viens de dire : le dollar reste une monnaie de réserve et d’épargne de référence ». J’en doute : sur 10 ans, 100 BIF en banque auront généré des intérêts (à 7% par an ) équivalant à 96.7 BIF. Supérieur à 33%. Sur dix ans, une parcelle vide à Bujumbura (quel que soit le quartier) aura généré plus de 5 fois la valeur d’achat. Pareil pour l’immobilier. Autrement dit, conserver des dollars dans sa corne égale 0 investissement et la pire épargne que l’on puisse faire.
@Nestor Nkurunziza
Chaque personne a ses propres raisons, sa propre facon de percevoir le risque avant de decider d’acheter des devises etrangeres ou d’acheter une parcelle ou d’acheter un bon de tresor ou d’acheter les cryptomonnaies. Apres 10 ans, une personne ne devrait pas envier celui qui a accepte des risques (peut-etre enormes) et qui a eu des resultats superieurs.
Par exemple qui suit, l’on compare les resultats d’investir dans la compagnie d’or Rangold, dans le metal d’or directement ou dans l’indice des 500 plus grandes compagnies des Etats-Unis (Standard and Poor’s S & P 500 index).
« Anyone can invest, but building a successful investment portfolio takes a combination of a few things: research, patience, and a little bit of risk. So, if you had invested in Royal Gold a decade ago, you’re probably feeling pretty good about your investment today…
Based in Denver, CO, Royal Gold, together with its subsidiaries, acquires and manages precious metals stream and royalty interests, with a primary focus on gold…
A $1000 investment made in April 2013 would be worth $2,734.45, or a gain of 173.44%, as of April 18, 2023, according to our calculations. This return excludes dividends but includes price appreciation.
In comparison, the S&P 500 gained 167.48% and the price of gold went up 38.15% over the same time frame.
Looking ahead, analysts are expecting more upside for RGLD.
Royal Gold has been benefiting from its acquisitions and strong business model… »
https://finance.yahoo.com/news/heres-much-youd-invested-1000-123012956.html?…
@Nestor Nkurunziza
Uvomera inzuzi nyinshi/zose zishoboka, kuko utaba uzi uruzokwama ubwambere.
« Diversifier son épargne pour limiter les risques liés à la volatilité des marchés
Quelqu’un qui, à travers les époques, saurait systématiquement passer, au bon moment, d’un pays à l’autre ou d’un secteur d’activité à l’autre, d’un support de placement à l’autre ou d’une valeur à l’autre pourrait, en théorie, se passer d’appliquer le principe de base de la diversification. En effet, cette personne serait toujours positionnée sur le segment de marché le plus performant ! Or, l’expérience enseigne que cela n’est pas possible, et ce d’autant moins que certains événements, notamment géopolitiques, qui peuvent être dévastateurs pour les marchés, sont imprévisibles. En revanche, combiner différentes solutions entre elles, en termes de risque et d’horizon de placement, a une forte probabilité de porter ses fruits dans la durée… »
https://www.bforbank.com/assurance-vie/epargne-pourquoi-diversifier-investissements.html
@Nestor Nkurunziza
A tout moment, les differents investissements ont des resultats differents. Pour le moment, c’est la cryptomonnaie Bitcoin qui est le plus performant.
Selon Capriole Investment, depuis le debut de l’annee, Bitcoin a augmente de 76,50%, l’indice des 100 plus grandes compagnies du secteur de la technologie (Nasdaq 100 index) de 21,15%, l’indice des 500 plus grandes compagnies americaines (Standard and Poor’s 500 index) a augmente de 8,14%, et l’or a augmente de 7,98%.
https://cryptopumpnews.com/fr/altcoins/bitcoin-emerges-as-the-king-of-assets10x-growth-over-gold-during-us-banking-crisis/
Vous avez vien dit Criminalité éconoimique.
Des gens sont devenus milliardaires en relevant des $ à la BRB et puis en les échangeant au marché noir.
seuls les Bihangange recevaient les $ à la Brb