Mardi 05 novembre 2024

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 » Echos de Caux  » : rectifier certains propos tenus dans les commentaires

05/05/2013 Commentaires fermés sur  » Echos de Caux  » : rectifier certains propos tenus dans les commentaires

Monsieur le Rédacteur en chef,
C’est avec joie que j’ai lu votre message annonçant que le site d’Iwacu-Burundi n’a pas été victime de hackers mais qu’il s’agissait d’un simple problème technique qui a rendu le site silencieux pendant quelques jours. Et tant mieux que les problèmes aient été résolus.

Par la présente, je voudrais vous dire combien j’apprécie le travail que vous faites, vous et vos collègues d’Iwacu et le service que vous rendez à la nation et au peuple burundais, à travers vos écrits et prises de position. Mon emploi du temps ne me permet malheureusement pas de lire tous les articles que vous nous envoyez à travers la Lettre d’Iwacu-Burundi, mais je trouve appréciables ceux que je parviens à lire.

Je voudrais vous dire combien j’ai apprécié vos contributions sur les rencontres qui ont eu lieu à Caux ces derniers mois, en mai-juin d’abord et les échanges que cela a suscités au sein de la communauté des lecteurs de la « Lettre d’’Iwacu ». Vos articles [« Bujumbura s’approprie Caux »->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article3430] et[ « Échos de Caux : prélude à l’apaisement du climat politique ? »->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2912] sont vraiment encourageants. Idem pour celui que tu as commis le 9 juin sous le titre [«  De Caux à Bujumbura ? »->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2900] qui a suscité de bons commentaires de la part de vos lecteurs internautes.

[{« Les personnalités burundaises invitées en Suisse »}->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2848] par La Rédaction, publié le 2 juin 2012 – je crois que c’était le premier de la série sur le séminaire qui venait de se tenir fin mai-début juin -, a permis une large liberté expression. Certes, certains propos tenus lors de la parution de ce texte sont choquants, pour ne pas dire plus ! Mais c’est cela aussi la liberté d’expression et d’opinion, c’est cela aussi la démocratie, pourvu qu’on n’en abuse pas et que personne n’en meurt ! Et que chacun se rappelle toujours que liberté ne rime pas avec libertinage, mensonge ou colportage de fausses informations, qui nuisent énormément aux autres, surtout quand ceux-ci ne sont pas là et ne disposent d’aucun moyen de se défendre. Il en va ainsi des passages ci-après, tenus pas un lecteur :

{« Les personnalités burundaises invitées en Suisse
J’ai une question au sujet de l’endroit où ces ’honorables dignitaires’ se sont réunis : CAUX. C’est donc bien le fameux CENTRE POUR LE « REARMEMENT MORAL » (une expression que j’ai entendue pour la première fois dans la bouche des militants de l’AC-GENOCIDE si je ne me trompe (on comprend ainsi l’origine de cette expression, disons, savante).
Les présentations disponibles du fameux « Centre » indiquent qu’il fut fondé en 1938 (un moment-clé qui est celui du summum du réarmement militaire mondial et d’abord Hitlérien). Un pasteur Luthérien FRANCK BUCHANAN, est donné comme le fondateur, appuyé par une quarantaine de familles suisses. On dit ensuite que le Centre servit d’accueil pour les réfugiés allemands de la 2ème GM.
Quand on écoute la liste de ceux qui furent accueillis, ce furent essentiellement des gens venus d’Allemagne et du Japon, et plutôt des Leaders des mouvements d’action politique et d’opinion que les gens ordinaires. On entend par contre très peu de mentions des victimes de la machine nazie comme les rescapés des camps de la mort ou des camps de concentrations d’Europe.
Ai-je mal compris ou bien quelqu’un peut-il m’expliquer s’ il y a eu des gens de cette deuxième catégorie (Rescapés) ? Y a-t-il une seule raison de croire que les délégués hutu qui ont été invités sont les seuls qui ont besoin d’être « moralement » réarmés, à l’exclusion des rescapés tutsi ? Qu’est-ce qui les aurait démoralisés à ce point, ces guerriers Hutu, eux qui viennent de couvrir plus de 2 décennies de combats intensifs sur tous les fronts de l’Afrique Centrale, commis des crimes abominables, y compris "le Génocide transfrontalier" au Burundi (1993) et au Rwanda (1994), en marge de ces combats qui se sont d’ailleurs conclus par leurs brillantes « victoires à la Pyrrhus » sur tous les systèmes tutsi préexistants ? » }

Je laisse à l’auteur la responsabilité de ses propos. On aimerait savoir où il veut en venir avec les lecteurs et lectrices d’Iwacu-Burundi. Les amalgames qu’il fait dans ce passage, d’apparences savantes, ou ceux avancés au sujet de la « Conférence de Wanze » par « Manueli Nkeshimana » le 8 juin peuvent induire lourdement en erreur des lecteurs et lectrices non avertis. Commençons d’abord par rectifier une erreur grossière de ce passage. Le fondateur des Groupes d’Oxford, devenus par la suite Réarmement moral d’abord, Initiatives et Changements ensuite, s’appelle Franck BUCHMAN et non pas Buchanan, comme dit dans le texte.

Ensuite, l’auteur affirme haut et fort que le centre de Caux a servi à accueillir « les réfugiés allemands de la 2ème GM», que ceux qui y « furent accueillis » sont « des gens venus d’Allemagne et du Japon », sous-entendu, je suppose, des pays de l’Axe, donc nazis et autres ! L’auteur laisse entendre insidieusement que les Juifs [« victimes de la machine nazie comme les rescapés des camps de la mort ou des camps de concentrations d’Europe »] ne furent pas reçus au Centre de Caux.
Pour qui ne sait pas ce qui s’est, la messe est dite : « il n’y a pas eu des gens de la 2ème catégorie (Rescapés) ». Initiatives et Changement continue dans la même voie que son ancêtre, en invitant les Burundais à venir dialoguer à Caux.

En guise de petit éclairage à l’attention des lecteurs d’Iwacu-Burundi, veuillez trouver ci-après deux documents qui prouvent, si besoin était, largement le contraire de ce qu’avance votre correspondant.

Le premier est une note rédigée le 13 septembre 2009, par Cornelio Sommaruga, pour clarification à la demande de journalistes.
Monsieur Sommaruga est Président Honoraire d’Initiatives et Changement International, Caux. Il a été Président du Comité International de la Croix Rouge (CICR) de 1987 à 1999 et Président du Centre de Genève pour le Déminage Humanitaire de 2000 à 2009.

{« Du Caux Palace à l’Hotel Esplanade
Les internés de Caux dans les derniers deux ans de la seconde guerre mondiale
Les grands changements politiques en Italie en 1943 (15 juillet et 8 septembre) ont permis à beaucoup de prisonniers de guerre alliés retenus dans des camps dans le nord de l’Italie de traverser la frontière vers la Suisse où ils furent internés (conformément aux Conventions de Genève) jusqu’à la fin des hostilités. Plusieurs centaines de ces militaires (notamment britanniques, australiens et néo-zélandais) furent accueillis à Caux, comme une plaque de reconnaissance posée à la gare de Caux en témoigne. Le Caux Palace était réquisitionné par la Confédération.
C’est en 1944 que s’ouvre le chapitre des 1600 juifs de Caux. C’est émouvant d’assister depuis des années au retour sur place de ces personnes pour voir où ils avaient logé à la fin du conflit. Mémorable en 2000 l’arrivée à Caux depuis New York du Prof, Egon Meyer, de famille juive hongroise, qui voulait voir où il était né en 1944.
Adolf Eichmann était venu à Budapest pour y mettre en œuvre la  solution finale  qui en Hongrie était en retard. A la mi 1944 le rythme des déportations vers Auschwitz – Birkenau était de 4 trains par jour en moyenne, avec 3000 personnes par train. Il s’agissait de juifs de plusieurs nationalités qui étaient venus en Hongrie du fait du pacte d’alliance avec le Reich, dans l’espoir aussi de pouvoir profiter d’une certaine protection. La nouvelle avait en effet couru dans les milieux israélites de l’action de Wallenberg (Suède), de Lutz (Suisse) et de Born (CICR) qui s’employaient à sauver nombre de juifs, surtout avec des lettres de protection.
Eichmann et son chef Himmler avaient toutefois, dans ce qu’ils estimaient être les derniers mois de guerre, besoin d’argent et de véhicules. C’est dans ce contexte que surgit un juif de Transylvanie Rudolf Reszö Israël Kasztner, avocat, jeune, qu’on dit intelligent et brillant. Avec la médiation de Kasztner des juifs sont prêts à payer pour sauver leur vie. Des rencontres ont aussi lieu avec des Juifs suisses et américains sur le pont de St. Margrethen à la frontière Suisse-Autriche (en Anschluss avec le Troisième Reich).
Le convoi appelé «train Kasztner » quitte Budapest le 30 juin 1944 avec 1684 personnes à Bord. Il n’y avait pas seulement des riches, mais aussi des orphelins polonais, l’épouse et le beau père de Kasztner. Le train est destiné à Bergen Belsen , même si on avait envisagé d’abord à un voyage vers l’Espagne. Le 22 août un premier contingent de 328 personnes arrive à la frontière de St. Margrethen; les Suisses sont surpris: ils s’attendaient à être prévenus par les Allemands! L’accueil fut très correct. Certains réfugiés s’étonnaient que, dans le train qui les amenait du Lac de Constance au bord du Léman pour rejoindre Caux, les militaires qui parlaient allemand, le faisaient sans crier et étaient courtois et polis. Une tasse de chocolat chaud fut de suite distribuée, comme aussi des tablettes de chocolat aux enfants. Après un arrêt à St. Gall pour une douche, c’est le Caux Palace – dénommé désormais Hôtel Esplanade – qui les accueillait. Le 7 décembre le reste du groupe (1.355) arrive en Suisse et est transporté à Caux. Kasztner aussi arrive à l’Hôtel Esplanade, bondé de monde, et il y retrouve sa femme et son beau père.
Après la fin de la guerre la plupart de ces internés prend le chemin d’Israël, ce qui fut aussi le cas pour Kasztner et famille. En Israël Kasztner perd un procès en diffamation; accusé publiquement d’avoir aidé les Nazis, il plonge en dépression, étant lâché par ses amis. En 1957 il est assassiné par des terroristes juifs.
Initiatives et Changement, la Fondation propriétaire du Caux Palace – qui depuis 1946 a pris le nom de « Mountain House » – a en 1997 planté un chêne et en 1999 posé une plaque en souvenir des juifs refoulés à la frontière suisse, mais aussi pour marquer le passage des 1600 juifs de Budapest. La phrase « Nous ne les oublierons pas ! » est inscrite sur la plaque.

Le 13 septembre 2009
Cornelio Sommaruga}

{ P.S. Les détails de la suite de l’odyssée de Kasztner en Israël sont à voir dans le film KILLING KASZTNER (The Jew Who Dealt With Nazis). Gaylen Ross, GR Films Inc (+1 718 875 1512). }

<img5052|left>Le deuxième document parle de lui-même et éclairera les lecteurs d’Iwacu, un peu mieux que n’a voulu le faire votre correspondant. Il s’agit d’une photo de la plaque commémorative, posée en 1999 en mémoire des Juifs hébergés au Caux-Palace.

Depuis le lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, ils se tiennent chaque année une série de rencontres et conférences internationales de très haut niveau, au cours desquelles se sont initiées et s’initient encore des démarches débouchant sur la résolution des conflits dans le monde. Parmi les plus célèbres, il y a la réconciliation franco-allemande. D’où cette appellation du Centre des Conférences « Caux Initiatives et Changement : Une maison au Service du Monde ».
Dans ces conditions, quoi de plus normal que des Burundais, soucieux de trouver des remèdes au cancer qui ronge leur pays depuis plus de cinq décennies, se retrouvent dans cette Maison au Service du Monde pour réfléchir aux voies et moyens d’y arriver et poser des jalons dans ce sens ?

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