Lundi 23 décembre 2024

Santé

Ebola: Le Burundi pas tout à fait prêt à la riposte

05/06/2018 Commentaires fermés sur Ebola: Le Burundi pas tout à fait prêt à la riposte
Ebola: Le Burundi pas tout à fait prêt à la riposte
Une infirmière prenant la température des voyageurs sur la frontière de Gatumba.

58 cas du virus Ebola sont aujourd’hui signalés au nord-ouest de la RDC, dans la province de l’Equateur, à plus ou moins 1200 km de Bujumbura. Le Burundi se dit prêt à y faire face. Mais le constat sur une frontière Burundi-RDC n’est pas rassurant.

Mardi 29 mai, il est 11 heures au poste-frontière de Gatumba. Des deux côtés de la frontière, un va-et-vient des voyageurs.

La quarantaine, une infirmière en blouse blanche, munie d’un thermoflash, doit prendre la température de toute personne qui entre au Burundi. Certains obéissent, d’autres, pressés, passent sans être contrôlés. Elle doit courir après eux. Des querelles naissent. « Je ne suis pas malade… », « Je n’ai pas le temps pour ça… », protestent certains. D’autres voyageurs refusent catégoriquement de se faire prendre la température. Tantôt l’infirmière supplie, tantôt elle s’énerve et ordonne.

De l’autre côté, en RDC. La scène est différente, l’opération se déroule tranquillement. Deux hommes, assis sous un parapluie les protégeant contre le soleil, ne sont pas obligés de faire des supplications. Apparemment, chaque voyageur sait ce qu’il doit faire.

Près des infirmiers congolais, une pancarte sensibilise sur le virus Ebola. « Se laver régulièrement les mains, éviter de consommer les aliments non cuits, les fruits non lavés… » Quelques précautions sont clairement indiquées sur l’écriteau.

La déception

Interrogée, l’infirmière burundaise indique qu’un groupe de médecins a été dépêché sur cette frontière depuis 2015, pour prévenir le virus Ebola. La fièvre étant le symptôme de base, la température d’alerte est de 38°, d’après elle. Dans ce cas, la personne est isolée et surveillée pendant 5 minutes. Si la température ne baisse pas, une ambulance est dépêchée pour conduire le suspect à l’hôpital pour un suivi. « Mais jusqu’ici, aucun cas suspecté», rassure-t-elle.

Cette infirmière au centre de santé de Gatumba se montre toutefois déçue. A part le thermomètre, aucun matériel, aucun médicament pour les soins de base. Pas même un espace avec petit matelas où le suspect pourrait s’allonger en attendant l’ambulance. « Moi-même je n’ai pas d’abri, je travaille debout, au milieu de la rue», se plaint-elle. Les infirmiers, directement en contact avec les voyageurs, devraient avoir au moins des gants et masques, estime l’infirmière.

Le chef de poste-frontière de Gatumba, Innocent Nduwayo, est du même avis. L’équipement médical laisse à désirer. Il estime également que les Burundais ne sont pas sensibilisés sur la menace d’Ebola. Il se dit dépassé par leur comportement vis-à-vis de l’infirmière.

L’OMS à l’œuvre

Le représentant pays de l’OMS affirme que Burundi se prépare à faire face au virus Ebola

L’Organisation mondiale de la santé-Burundi et le ministère de la Santé affirment se préparer à faire face au virus Ebola. C’est dans un atelier organisé ce vendredi 25 mai, qu’ils ont présenté les résultats de la mission d’appui à cette préparation.

Plusieurs lacunes ont été relevées. Entre autres, l’absence de centres d’opérations d’urgence de santé publique. Les équipes du ministère non formées sur la gestion des incidents. En cas d’épidémie, le système de gestion n’est pas activé en situation d’urgence. L’équipe qui existe n’est pas spécifique pour Ebola. La stratégie, le plan, et le budget ne sont pas élaborés…

L’assistante du ministre de la Santé indique que le gouvernement prévoit le renforcement des capacités et du matériel des infirmiers postés sur les frontières.

Identifier un local et mettre en place un équipement pour la riposte à Ebola, désigner l’équipe d’intervention rapide, réhabiliter le centre d’isolement des cas de choléra pour la prise en charge d’Ebola… des actions immédiates en cours, d’après les experts de l’OMS.


Région sud

Virus d’Ebola : les habitants de Rumonge se disent inquiets

Après l’apparition des cas de contamination par le virus d’Ebola dans la ville de Mbandaka en République démocratique du Congo, la plupart des habitants de la ville de Rumonge au sud-ouest du Burundi rencontrés ont des craintes.

Un poste de surveillance médicale au petit port de Rumonge.

Ils affirment avoir peur pour leur vie : «Il y a risque d’apparition de cette maladie dangereuse qui provoque une fièvre hémorragique mortelle au vu de fréquents mouvements transfrontaliers avec des va-et-vient de Congolais au petit port de Rumonge».

Ces habitants se disent exposés, ils demandent au ministère de la Santé publique d’affecter des médecins qui seront chargés d’examiner ceux qui passent par ce petit port afin de prévenir une probable contamination de ce virus.

«Il y a beaucoup de gens en partance ou en provenance de plusieurs localités de la R.D.C. Cela n’est pas rassurant d’autant plus qu’il n’y a personne pour voir s’ils ne présentent pas des symptômes de cette maladie dangereuse», indique B.A, un commerçant exerçant au petit port de Rumonge.

Crainte de contamination

Chantal Berahino, une commerçante des boissons Brarudi près de ce port, se dit très inquiète car, chaque jour, elle est en contact physique avec des Congolais qui viennent s’approvisionner. «Personne n’est examiné à son arrivée».

Elle indique qu’il y a une petite équipe d’infirmiers mal équipée qui examinent les personnes qui passent à ce port. «Ils n’ont pas assez de matériel».

Selon cette commerçante, il faut que le ministère de la Santé publique installe un poste de surveillance médicale à ce port et y affecte des médecins qui pourront examiner tous ceux qui passent par ce port.

«Nos craintes sont fondées parce que beaucoup de gens qui passent par le port de Rumonge viennent des localités du sud Kivu dans des régions qui n’ont même pas d’infrastructures sanitaires de base dont les centres de santé», s’inquiète-t-elle.

«La majorité des Congolais résidant dans la plupart des localités du territoire de Fizi s’approvisionnent en médicaments et autres actes médicaux soit à Bujumbura ou à Rumonge», fait remarquer un autre commerçant.

D’après lui, c’est regrettable qu’il n’y ait même pas au petit port de Rumonge de service d’hygiène pouvant prévenir d’autres maladies dues au manque d’hygiène et autres maladies contagieuses.
Un sexagénaire opérant à ce port précise que même l’épidémie de choléra serait venue de la République démocratique du Congo pour la première fois en 1978. Elle a fait des dizaines de de victimes à cette époque.

C’est un malade atteint de choléra venu de la RDC qui aurait contaminé les gens dans la ville de Rumonge et cette maladie a fait des dizaines de victimes au cours de cette année.

Les responsables du secteur de la santé en province de Rumonge indiquent suivre le mouvement des personnes sur les frontières. Ils assurent qu’il y a des mesures déjà prises pour combattre cette maladie dès l’apparition de tout signe suspect.

 

A la découverte d’Ebola

La maladie à virus Ebola est apparue pour la première fois en 1976, lors de deux flambées simultanées à Nzara (aujourd'hui au Soudan du Sud) et à Yambuku (RDC). Yambuku étant situé près de la rivière Ebola, celle-ci a donné son nom à la maladie. Les premiers symptômes sont une fatigue fébrile à début brutal, des douleurs musculaires, des céphalées et un mal de gorge. Ils sont suivis de vomissements, de diarrhée, d’une éruption cutanée, de symptômes d’insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes (saignement des gencives, sang dans les selles, etc.). Le virus se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages et se propage ensuite dans les populations par transmission interhumaine. Le taux de léthalité moyen est d’environ 50%. Au cours des flambées précédentes, le taux de mortalité est allé jusqu’à 90%. La flambée qui a sévi en 2014-2016 en Afrique de l’Ouest fut la plus importante et complexe. Elle a touché de grands centres urbains aussi bien que des zones rurales. La durée d’incubation (le temps écoulé entre l’infection et l’apparition des premiers symptômes) varie de 2 à 21 jours. Quelques mesures de prévention : ne pas toucher ni manger de la viande de brousse, ne pas toucher les personnes infectées ni leurs liquides biologiques, ne pas manipuler les dépouilles mortelles des personnes infectées, se laver fréquemment les mains avec du savon, isoler tout cas déclaré suspect … Source : OMS

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