Les syndicats Cosybu et CSB ont tenu une conférence de presse le 5 août à leur siège pour exprimer leur ras-le-bol face à l’annonce du maintient de la hausse des prix de l’eau et de l’électricité. Ils en ont profité pour évoquer d’autres problèmes auxquels sont confrontés quotidiennement les syndicalistes ces derniers temps.
Le ton est grave. Eulalie Nibizi, vice-présidente de la Cosybu tape le point sur la table : « […] Le gouvernement burundais persiste dans une augmentation sans nom des tarifs d’eau et d’électricité de la Regideso, sans tenir en compte du niveau de vie de la population. »
Nibogora Tharcice, président du CSB embraye : « C’est du vol pur et simple de la part de la Regideso. » Pour lui, elle devrait plutôt procéder aux recouvrements auprès des services de l’Etat, plus endettés envers elle, « sinon c’est le petit peuple qui s’appauvrit d’avantage. »
Mais dans cette conférence de presse, il n’est pas seulement question des nouveaux tarifs de la Regideso. Eulalie Nibizi évoque le conflit qui oppose le syndicat des travailleurs de la Mutuelle au ministère des transports, des travaux publics et de l’équipement. Il s’agit d’un véhicule de ma MFP réquisitionné manu militari par ce ministère, le 12 juillet : « Face à cette situation, faut-il accepter la paralysie des services des affiliés à la Mutuelle à cause de la cacophonie administrative ? », se demande-t-elle.
« Pas du tout ! On ne se laissera pas faire », conteste Jean Ntungumburanye, président de ce syndicat. Pour lui, en plus des démarches déjà entreprises, les syndicalistes comptent épuiser toutes les voies revendicatives (même la grève) pour récupérer le véhicule « saisi avec une dépanneuse ».
<doc791|left>Par rapport à cette réquisition musclée, Eulalie Nibizi parle de terrorisme du ministère qui a même fait appel à la police et lance un appel aux travailleurs : « Aujourd’hui c’est à la Mutuelle. Demain ça sera chez toi. […] Il est grand temps que les travailleurs se lèvent comme un seul homme pour bannir à jamais cette ingérence administrative et de la mauvaise gestion de la chose publique.»
Justement, en parlant d’injustice, Mme Nibizi revient sur l’emprisonnement de maître François Nyamoya, précédé de ceux de deux autres avocats (Suzanne Bukuru et Isidore Rufyikiri) déjà libérés : « Ces emprisonnements ont de mauvaises conséquences, notamment sur l’économie du pays. Ils entrainent la perte de confiance de la communauté internationale et des opérateurs économiques au moment où le Burundi a le plus besoin de leurs appuis. »
Et la confiance, il n’y en a plus entre les deux syndicats (Cosybu et CSB) et le ministère de la Fonction publique, du travail et de la sécurité mandaté (en avril 2011) par le président de la République pour que des syndicalistes emprisonnés à Mpimba soient rétablis dans leurs droits : « Malheureusement, trois mois plus tard, la Cosybu et la CSB déplorent que la ministre de la fonction publique n’ait pas voulu s’impliquer dans la gestion de ce dossier arguant d’attendre la décision des juridictions […] .»
Aussi déterminé que les syndicalistes de la Mutuelle, les deux confédérations des syndicats en appellent à la responsabilité de leurs membres pour « rester solidaires et sereins afin de défendre leurs droits et d’éviter des influences dans la prise des décisions qui les concernent. »