Les commercants burundais ne veulent pas continuer de payer les frais de transit au 1er point d’entrée (port ou aéroport) des marchandises dans l’EAC. Ils plaident pour la mise en place d’un territoire douanier unique.
<doc7194|right>700 et 1200 $ : voilà la note aue l’importateur burundais dépense au port de Dar-es-Salaam comme frais de transit pour respectivement un container de 20 et 40 pieds, d’après Antoine Muzaneza représentant de l’Association des Commerçants du Burundi(ACOBU). « Après, le même commerçant doit ajouter les frais de transport Dar-es-Salaam-Bujumbura. Ils sont de 4600 et 6300 $ pour respectivement un container de 20 et 40 pieds. Et il paie les frais de dédouanement quand il arrive à Bujumbura», indique-t-il. Pour ce commerçant, tout cela ne devrait pas se faire du moment que l’EAC est déjà entrée dans l’étape de l’union douanière, deuxième étape de l’intégration régionale : « Cette étape exige la mise en place d’un territoire douanier unique au niveau de la communauté. On aurait dû commencer à dédouaner au 1er point d’entrée des marchandises car nous sommes déjà à l’étape du marché commun. Et elle vient après l’union douanière !»
Par ailleurs, le président de l’ACOBU indique que le fait de payer des frais à deux points d’entrée dans la communauté entraîne la hausse des prix des produits importés sur le marché burundais. « Puisque le marchand doit inclure les frais dépensés dans le prix de vente. » M. Muzaneza constate aussi que ses collègues burundais et lui-même ne sont pas en mesure d’entrer en compétition avec les autres importateurs de l’EAC : « Comment pouvons-nous concurrencer les Kenyans ou les Tanzaniens qui dédouanent directement au port de Mombasa ou de Dar-es-Salaam, alors que nous nous devons aller à Bujumbura avec tous les frais de transport qui augmentent la base imposable ? C’est impossible. La preuve en est que certains même parmi nous s’approvisionnent dans les pays de l’EAC. »
Ainsi, M. Muzaneza demande au secrétariat de l’EAC d’accélérer le processus de la mise en place de ce territoire pour une intégration bénéfique de tous les commerçants de l’EAC. « Si nous pouvions dédouaner directement au 1er port d’entrée, nous serions libres de commercer dans toute la communauté », souligne-t-il.
<doc7193|left>« Une évaluation de chaque étape s’avère importante !»
A cette question de la mise en place d’un territoire douanier unique, Faustin Ndikumana, représentant de la Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (Parcem), accuse les instances de l’EAC de ne pas analyser les effets de chaque étape de l’intégration régionale pour pouvoir décider d’entrer dans une autre. « Normalement, avant de passer à une autre étape, elles devraient analyser et vérifier si tous les enjeux de l’étape précédente ont été relevés. », mentionne-t-il.
Pour lui, l’UE devrait servir de modèle car « elle a pris 50 ans pour traverser toutes les étapes de l’intégration régionale, mais ici nous constatons que la tendance est d’épuiser toutes les étapes dans presque 10 ans seulement. » Et d’ajouter : « On devrait alors disposer de ce territoire douanier unique avec l’étape de l’union douanière avant de passer au marché commun.»
« Les négociations sont en cours »
Oscar Bahizi, porte-parole au ministère à la présidence chargé des affaires de la communauté Est-Africaine, précise qu’il y a encore des points sur lesquels les différents gouvernements de l’EAC sont en train de négocier pour établir le territoire douanier unique. D’après lui, les négociations portent entre autres sur la manière de partager les recettes qui seront collectées, l’élimination des barrières non-tarifaires, l’amélioration du système de communication, l’harmonisation de la collecte des recettes…
Quant à la précipitation évoquée par le représentant de la Parcem, Oscar Bahizi réplique : « L’étape du marché commun qui succède celle de l’union douanière est venue pour renforcer la libre circulation des biens. Et nous ne pouvions pas mettre en place un territoire douanier unique dans une communauté où la libre circulation des biens n’est pas garantie. » Ce dernier conclut que l’EAC est en train de se préparer à l’union monétaire (quatrième étape de l’intégration régionale) : « Nous nous sommes donné encore dix ans. C’est l’un des éléments qui montrent que nous accordons une grande importance aux études de faisabilité pour chaque étape. »