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EAC : certes, le commerce intra-régional double en 5 ans, mais la pauvreté reste élevée

05/05/2013 Commentaires fermés sur EAC : certes, le commerce intra-régional double en 5 ans, mais la pauvreté reste élevée

La Société pour le Développement International (SID) en collaboration avec TradeMark East Africa (TMEA) ont procédé au lancement du rapport 2012 sur l’état d’avancement de la Communauté est-africaine, ce 12 juin 2012. Des avancées sont remarquables, mais aussi les défis s’intensifient.

<doc4254|left>L’EAC connait des progrès, selon Aidan Eyakuze, directeur des programmes à la SID et présentateur du rapport. La 1ère raison évoquée, par ce présentateur, est que l’EAC devient de plus en plus un bloc régional qui attire l’attention du monde. Il cite les pays comme le Sud Soudan, le Soudan, la Somalie et l’Ethiopie qui ont déjà présenté leurs demandes d’adhésion à la Communauté Est-Africaine.

Les échanges commerciaux entre les pays membres de l’EAC et avec le reste du monde ont augmenté : « Le commerce intra-régional est passé de 2.2 milliards de dollars américains en 2005 à 4.1 milliards de dollars américains en 2010. Le commerce de l’EAC avec le monde a augmenté de 17.5 milliards de dollars américains en 2005 à 37 milliards de dollars américains en 2010. »

L’autre élément qui montre les performances de l’EAC, selon M. Eyakuze, est l’afflux des investissements directs étrangers. « Les flux d’investissements directs étrangers ont augmenté de 688 millions de dollars américains en 2000 à 1.7 milliards de dollars américains en 2010 », précise-t-il. Et de citer quelques champions des affaires en Afrique de l’Est. Ce Tanzanien évoque aussi le développement des infrastructures : « Il y a Namanga-Athi River Road, un projet de développement routier, qui a commencé en 2006, coordonné par la CEA et financé par la BAD (Banque Africaine de Développement). Le programme transfrontalier d’électrification permet au Kenya de fournir son électricité à Namanga en Tanzanie, au moment où la Tanzanie bénéficie de l’électricité venant de LungaLunga au Kenya.»

Et d’y ajouter le programme d’eau et d’assainissement du Lac Victoria, appuyé également par la BAD et dont l’objectif principal est l’amélioration des services d’eau et d’assainissement des 15 villes sélectionnées autour du bassin du Lac Victoria. En outre, M. Eyakuze souligne l’importance de la convergence des politiques entre les états membres. « Des efforts pour augmenter la scolarisation au niveau du primaire à travers des programmes universels d’éducation primaire ont été consentis à travers toute l’EAC. Et les investissements en matière de santé ont augmenté entre 2000 et 2009 », signale-t-il.

<doc4255|right>Les défis s’intensifient

Même si les avantages de l’intégration sont énormes au niveau de l’EAC, le même rapport de l’état d’avancement de l’EAC indique que les défis restent une question préoccupante au sein de ladite communauté. Entre autres principaux défis, le directeur des programmes à la SID mentionne la pauvreté qui touche une grande partie des Est-Africains ainsi que l’insécurité alimentaire : « La pauvreté reste à des niveaux élevés, avec 53 millions d’Est-Africains vivant sous le seuil de pauvreté en 2010. Et la sécurité alimentaire reste un problème chronique dans toute l’EAC. Le Burundi a le plus haut pourcentage d’enfants manifestant un retard de croissance en 2010 (58%). »

Selon lui, la croissance démographique rapide fait obstacle aux efforts de réduction de la pauvreté. « Entre 2005 et 2010, la population régionale a augmenté de 24 millions .En 2030, la population de l’Afrique de l’Est représentera 40% de la population total de l’Afrique sub-saharienne », indique-t-il.

D’autres défis, présentés par M. Eyakuze, concernent le développement du commerce informel, la fuite des Est-Africains hautement qualifiés vers l’occident, etc.
Face à tous ces défis, M.Eyakuze appelle toute la population de l’EAC à s’impliquer : « Tous les citoyens doivent s’informer sur les opportunités et les défis de l’intégration régionale car cette dernière les concerne tous. C’est l’intégration des peuples et non seulement des gouvernements. » A cet effet, il souligne l’importance des négociations entre les différents pays sur ces défis pour renforcer l’intégration régionale.

La langue anglaise, un défi pour le Burundi

Hormis les défis cités par M. Aidan Eyakuze, la société civile burundaise, les commerçants et autres participants, au lancement du rapport, ont évoqué le défi de la langue anglaise reconnue comme langue officielle de la CEA. Un ancien employé au sénat du Burundi a donné, comme exemple, le cas de sénateurs burundais qui, invités dans une réunion à Nairobi, ont boycotté la réunion parce qu’on leur a imposé de s’exprimer en anglais. Négocier l’usage de la langue française au sein de la communauté a été l’une des recommandations formulées, par la majorité des participants, à l’endroit du ministère en charge des Affaires de la Communauté est-africaine.

Concernant le commerce informel perçu aussi comme un défi, notamment au Burundi, les commerçants accusent le gouvernement d’appliquer des tarifs douaniers élevés. « Le taux des taxes perçues pour une marchandise non exonérée s’estime à 47% de la valeur de cette marchandise. Sûrement que certains n’osent pas affronter ce prix », indique Polycarpe Kubwayo, secrétaire exécutif de l’association des commerçants transfrontaliers du Burundi.

Et de préciser que même certains de ses collègues ont déjà fui le pays : « Certains sont allés en Mozambique, là les taxes ne sont pas trop élevées comme chez nous. » Ce commerçant déplore le fait que l’OBR n’affiche pas ses tarifs pour que les commerçants sachent combien ils doivent payer exactement. « Les tarifs sont opaques! », conclut-il.
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