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Développer le Burundi : il n’est pas trop tard, mais il est temps … Par Albert Muganga

05/05/2013 Commentaires fermés sur Développer le Burundi : il n’est pas trop tard, mais il est temps … Par Albert Muganga

Qu’y a-t-il de commun entre la Suisse et l’Ile Maurice ? Apparemment rien. Dès la fin du 13ème siècle, ceux qu’on n’appelle pas là bas ni par ethnies, ni par tribus pour des raisons géographiques, qui ne parlent pas la même langue, ne pratiquent pas la même religion, ont compris l’intérêt qu’il y avait à considérer leurs différences comme une valeur positive.

Vingt trois cantons se sont réunis pour créer un Etat appelé la Suisse. Ce pays vit de l’agriculture n’a pas de ressources minières, n’a pas de pétrole. Il est enclavé en plus !

Par sa sagesse, sa tolérance, par le sérieux dans la gestion de la chose publique, ce petit pays qui n’a pas plus de six millions d’habitants est devenu le banquier du monde. Le tourisme s’y est ajouté comme une conséquence presque normale .Il est parmi les pays les plus riches du monde.

L’Ile Maurice, petite île de l’Océan Indien ; 94% de ses terres sont consacrées à sa seule culture de canne à sucre. Autour des années 80, survient un inconnu ou presque Aneerood Jugnauth devient premier ministre. Avec des méthodes parfois expéditives, il combat la corruption qui ronge l’administration spécialement la police.

L’Ile qui était devenue une passoire pour le trafic de la drogue devient fréquentable. Le tourisme se développe, mais cela ne suffit par car Maurice na pas d’autres ressources. Le 1er ministre prend un risque qui le rendra célèbre : il crée une zone franche industrielle qui attire des investisseurs étrangers à cause des avantages que le pays accorde mais à cause aussi de la sécurité et la bonne gouvernance du pays.
Ce petit pays qui connaissait un chômage endémique importe aujourd’hui de la main-d’œuvre des îles voisines de Madagascar et la Réunion.

La liberté libère les énergies

La Suisse et l’Ile Maurice ne se ressemblent en rien, mais chacun de ses deux pays à sa façon, a su puiser dans ses difficultés des ressorts nécessaires à son développement. Ces pays sans ressources se sont développés par la paix et la bonne gouvernance. Le philosophe Alain a défini la paix par une phrase courte et dense : « La paix, c’est la liberté dans la sécurité .» Tout est dit, tout y est. La liberté libère les énergies propices à la création, à l’initiative privée. La sécurité garantit les personnes et les biens. Au niveau de l’Etat , cela pourrait se traduire aujourd’hui par la bonne gouvernance. Dans la paix, ces pays ont compris que leurs populations multiculturelles pouvaient puiser dans leurs différences pour créer des entités viables : la Suisse a quatre langues officielles (Allemand, Français, Italien, Romanche). L’Ile Maurice en a trois (Anglais, Français, Créole).

Malgré cela , et peut être à cause de cela , ces deux exemples sont des modèles de stabilité. Peuvent-ils nous servir de modèle ? Certainement pas. Il n’y a pas de modèle « prêt à porter » ni pour le développement ni pour la paix. C’est de la haute couture, c’est sur mesure. On ne peut pas copier quoi que ce soit. Les pays sont différents par leur histoire, par leurs richesses respectives … etc. Mais il y’a des valeurs communes à l’humanité ; comme le respect de la vie de l’autre, le respect de la différence. En s’inspirant de ces principes simples, le Burundi peut s’en tirer. Il a des handicaps dont le plus grand est sa démographie galopante.

Les crimes de sang dû aux conflits fonciers sont révélateurs de son importance. Mais, il a des potentialités : un sol fertile, l’abondance de l’eau, un sous-sol riche, un peuple travailleur. (René Dumont situait au premier rand des travailleurs de la terre, les paysans burundais et les Bamilékés du Cameroun) mais tout cela doit être planifié, étudié … « Gouverner c’est choisir et prévoir » (Mendès France) .
Malgré les discours lénifiants qu’on entend ici ou là, la gestion au jour le jour semble prévoir .On ne voit ni les choix ni les prévisions. Est-il trop tard ? Disons comme Paul Henri Spaak : « Il n’est pas trop tard mais il est temps. » Mais il y a un préalable : La Paix.

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