Comment était l’organisation socio-politique de la royauté? Qu’en est-il du choix du roi ? Comment se passait son intronisation? Qui étaient ses collaborateurs ? Débat entre les jeunes.
Sur la question de savoir comment on choisissait le roi, les jeunes ont longuement débattu. Autour du thème : «Organisation socio-politique de la royauté», le débat a eu lieu ce jeudi 23 janvier 2020. «Notre société est patrilinéaire, c’est-à-dire que l’enfant devait succéder à son père. On choisissait le dernier fils du roi. C’était la coutume. Ce prince héritier devait naître avec des semences», lance Kennedy Ntakarutimana, un jeune historien. «Le roi venait de la famille royale. On choisissait un prince qui ne présente aucune anomalie physique. De plus, il devait naître avec des semences», ajoute Fidèle Bavumiragiye, étudiant en sciences de l’éducation.
Richard Nkurunziza, un autre étudiant, n’est pas convaincu. «Dire qu’il venait de la famille royale, j’en conviens. J’ai des doutes sur sa naissance avec des semences. Pour moi, au moment de céder le trône, le roi choisissait un prince qui présente les qualités d’un roi. Alors, on annonçait que c’est lui qui est né avec des semences». Kennedy Ntakarutimana abonde dans le même sens : «Ce sont les dépositaires des secrets royaux qui les mettaient dans les mains du prince héritier.» Pour Blaise Nzeyimana, étudiant en sociologie, on voulait montrer que le futur roi est différent de ses sujets. «C’était une façon de légitimer le prince héritier. Du coup, il était respecté par toute la population», fait savoir Vanessa Kaneza, étudiante en Sciences politiques. «C’était pour qu’il soit adulé parce qu’il n’est pas né comme les autres. C’était aussi une façon de prévenir des conflits entre les frères», ajoute Zabulon Nshimirimana, licencié en Sociologie.
Comment se passait l’intronisation du roi?
«L’intronisation du nouveau roi se passait au confluent des rivières Mucece et Nyavyamo. Un abreuvoir (Urugomero) était préalablement aménagé où l’on attachait un jeune garçon du clan des Bahirwa. Les vaches longtemps tenues loin de l’abreuvoir, suite au deuil, s’y ruaient. Elles piétinaient le jeune homme. Le nouveau roi devait planter son arbre de règne appelé «Ikigabiro», raconte Richard Nkurunziza. Selon lui, cet arbre de règne était le signe de son intronisation.
Les jeunes se sont interrogés pourquoi ce sont les jeunes hommes du clan des Bahirwa qui étaient sacrifiés. Certains se demandaient même si les droits de l’Homme étaient respectés à cette époque. «Les différents clans avaient des fonctions à remplir. Je crois que le clan des Bahirwa avait hérité de cette fonction», indique Zabulon Nshimirimana. Pour Ernest Murwaneza, historien, ce rituel voulait montrer que le roi avait le droit de vie et de mort sur ses sujets. «C’était un prestige pour le clan des Bahirwa d’être choisi. C’était un clan très respecté. On ne choisissait pas n’importe quel clan», renchérit Richard Nkurunziza.
Quid des collaborateurs du roi ?
«Il y avait des clans qui étaient très puissants à la cour royale. Il s’agissait des clans d’Abahanza, Abashubi, Abavumu et Abajiji. Il y avait d’autres personnes, les clans des reines, qui étaient très proches du roi», souligne Zabulon Nshimirimana.
«Certains clans ont aidé Ntare Rushatsi à conquérir le pouvoir. Ce sont eux qui ont continué à occuper des postes stratégiques auprès du souverain», ajoute Fidèle Bavumiragiye. Apollinaire Ndayisenga, historien, fait savoir que certains clans n’étaient pas admis à la cour royale. «C’est pourquoi, par après, il y a eu des problèmes au niveau politique».