Il s’observe, depuis ces derniers jours, un commerce de fournitures scolaires autour de l’ancien marché central de Bujumbura. Certains vendeurs et passants se lamentent et craignent pour leur sécurité. L’Olucome craint pour la santé de ces commerçants et demande leur délocalisation.
Il est 10h. Nous sommes sur la route séparant l’ancien marché central de Bujumbura et l’Office national des télécommunications (Onatel) et la Régie nationale des postes (Rnp). Une route qui mène vers l’arrêt des bus desservant le sud de la capitale économique. Deux rangées s’observent le long de cette route. Un commerce s’est organisé tout autour. Il s’observe des stands de fournitures scolaires (cahiers, uniformes, manuels scolaires, etc.).
La route grouille de monde. Des commerçants, sous les parasols jaunes de Lumicash, s’agglutinent. Des passants se croisent, se faufilent, se bousculent quitte à se donner des coups de coude. Difficile de se frayer un passage. Bon nombre de véhicules empruntent cette route. Le risque de cogner les passants et les commerçants est grand.
Des interrogations ne manquent pas. Qui a installé ces vendeurs de kits scolaires ? Pourquoi ont-ils préféré cet endroit. Un des commerçants, vendeur de cahiers, nous éclaire : « Je suis ici depuis le mois de juillet. J’ai payé une somme de 220.000 BIF à une des associations qui est chargée de la distribution de ces stands. Elle m’a donné le numéro de ce stand et un récépissé attestant le paiement. Je vais exploiter cette place jusqu’ à la fin du mois de septembre.» Le prix des cahiers n’est pas le même sur tous les stands. Il varie entre 1300 et 1500 BIF pour un cahier de 100 feuilles.
N. M. est un vendeur de sacs à dos. Il ignore celui qui distribue les stands, mais affirme qu’il a payé 400.000 BIF pour avoir un stand. Et d’expliquer pourquoi il a préféré s’installer à cet endroit : « La circulation est intense ici en ville. Et beaucoup de clients affluent vers nos stands. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres endroits de la capitale.»
B.N. vend des uniformes. Le prix varie selon la qualité du tissu et la taille du porteur. Il varie entre 10000 et 12000 BIF. Ce commerçant, lui aussi, confie avoir payé 220.000 BIF pour obtenir un stand. Mais il semble ignorer la destination de cet argent : « Nous pensons peut-être que la somme collectée va chez le patron qui a gagné le marché ou dans les caisses de la mairie de Bujumbura.»
Eric Niyomwungere est chargé de la distribution des stands. Il travaille pour le compte d’une association dénommée « ETS Térence Bizimana ». Il explique comment chacun obtient un stand : « Nous exigeons une somme de 220.000 BIF pour une place et une table. Nous délivrons un reçu à chaque acquéreur.»
Interrogé sur d’autres tarifs, M. Niyomwungere dit ne pas être au courant d’une autre somme exigée : «Nous n’en savons rien. Peut-être qu’il y en a qui revendent leurs stands ou font des sous-locations.»
Quant à la destination de l’argent collecté, Eric Niyomwungere affirme que les montants sont versés chez celui qui a gagné le marché. Et de préciser que les acquéreurs de stands les exploitent depuis le 2 juillet pour clôturer les ventes le 30 septembre.
Coût élevé des stands
Certains vendeurs fustigent le coût élevé des stands. « J’ai dû contracter une dette pour payer ce stand. Je ne sais pas si je vais réaliser des bénéfices dans une période de deux mois», s’inquiète J.N.
« Le prix des stands est exorbitant. Et il a été fixé unilatéralement. Mais on n’a pas d’autre choix», regrette James Nikobiri, un diplômé qui est chômeur. Il vend des cahiers, mais craint de ne pas pouvoir faire un bénéfice vu le montant qu’il a investi dans l’achat du stand.
« Le nombre des vendeurs de cahiers va crescendo. La concurrence est à la porte », se désole M. Nikobiri.
Un endroit à plusieurs risques
Bien que les commerçants se réjouissent d’avoir obtenu des stands à cet endroit, ils sont inquiets quant à leur sécurité et celle de leurs marchandises : « Nous sommes gênés par la circulation intense des personnes et des véhicules surtout pendant les heures de pointe. Parfois nos stands sont renversés par les véhicules.»
« Le risque d’accident est grand. Ils n’y sont pour rien. Ils n’ont pas d’autre choix car ils n’ont pas où faire leur commerce », se lamente un passant croisé à cet endroit. Et de suggérer une solution : « Il faut délocaliser ces commerçants ou faire une déviation pour les véhicules», avant de marteler : «Cela évitera le désordre, la concurrence déloyale d’une part, et les accidents de roulage, d’autre part.»
Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), dénonce le commerce qui se fait autour de l’ancien marché central de Bujumbura. Et de rappeler les restes des marchandises brûlées, lors de l’incendie. Ainsi attribuer des places à cet endroit nocif, c’est mettre en danger la santé des gens. « Nous demandons au ministère de l’Intérieur et la mairie de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour empêcher toutes les activités qui se font autour de l’ancien marché central de Bujumbura ». Il recommande d’installer ces commerçants ailleurs.
Du reste, il fait savoir qu’il a, à maintes reprises, adressé des correspondances au gouvernement lui demandant d’enlever les immondices. Mais malheureusement, déplore-t-il, il continue de faire la sourde oreille.
Contacté à propos de ces activités commerciales exercées autour de l’ancien marché central de Bujumbura, Opc1 Jimmy Hatungimana, maire de la ville, ne s’est pas encore exprimé.