Les rapports au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies ne rassurent pas tout le monde. Les acteurs des droits humains parlent des documents produits en catimini.
«Les organisations internationales produisent de faux rapports. Ils les font clandestinement sans consulter le gouvernement», a indiqué Gilbert Bécaud Njangwa, Président de l’Observatoire national des élections et des organisations pour le progrès (Onelop-Burundi).
C’était ce mardi 29 mai lors d’un atelier sur les mécanismes internationaux sur les droits de l’homme. Il était organisé conjointement par la Commission nationale indépendante des droits de l’homme(Cnidh) et le ministère des droits de l’homme.
Il appelle au renforcement des capacités en faveur des organisations locales. «Qu’il y ait des ateliers sur le rapportage officiel de la situation des droits de l’homme». Car, indique-t-il, elles «semblent ne pas connaître ce qu’est la violation des droits de l’homme».
Jean de Dieu Mutabazi, président de l’Observatoire national pour l’éradication du génocide, crimes de guerres et autres crimes contre l’humanité, suggère une synergie de tous les acteurs intervenant dans la protection des droits de l’homme. «Un rapport qui donne la vraie image du pays nécessite une synergie de tous les acteurs notamment dans la collecte des données».
M. Mutabazi demande à la Cnidh de «décourager cette attitude de production des rapports en catimini». Et aussitôt de s’interroger : «Quand il y a politisation des droits de l’homme, comment les dépolitiser ?»
Nécessité d’une confiance
Bonose Niyonzima, chargée des questions du genre au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), nuance. Elle met l’accent sur le timing dans la rédaction des documents à remettre au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies (Cdh).
Les «rapports diffèrent» à cause du décalage entre les périodes de leur rédaction. Notamment par la société civile, le gouvernement, la Cnidh et les organisations des Nations Unies.
«Il faut toujours avoir à l’esprit l’intérêt du peuple burundais avant tout», réagit Jean baptiste Baribonekeza, président de la Cnidh. Il estime que les ONGs devraient se joindre au gouvernement pour l’évaluation de la mise en œuvre des actions de ce dernier en rapport avec les droits de l’homme. «Sinon, quelle importance d’un rapport soumis au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sans que le gouvernement ne soit consulté ?».
Le président de la Cnidh rappelle que les rapports finissent par être renvoyés au gouvernement pour qu’il s’explique. Ainsi, il insiste sur l’épuisement des mécanismes de recours internes avant de transmettre son rapport à l’échelle internationale. «Seules les questions n’ayant pas trouvé de réponses pourraient être adressées au Cdh».
Pour M. Baribonekeza, il convient d’établir la confiance entre les autorités et les ONGs en vue d’une franche collaboration.