Le 30 juillet, comme chaque année, le Burundi se joint au monde entier pour célébrer la Journée Mondiale de la Lutte contre la Traite des Êtres Humains. Cependant, la traite des êtres humains reste une réalité préoccupante au Burundi, se manifestant par le travail des enfants mineurs, le trafic d’hommes et les violences basées sur le genre.
Les vulnérabilités au Burundi sont exacerbées par les urgences climatiques répétitives, notamment les inondations et les glissements de terrain, qui provoquent des déplacements, de la pauvreté et un manque d’opportunités de travail, particulièrement dans les provinces les plus pauvres et rurales du pays.
À Bujumbura, dans le marché de Cotebu, il est 11 h. Un jeune garçon passe avec un sac rempli de patates douces sur la tête. Plusieurs autres mineurs exercent le métier de portefaix. Bukuru, 15 ans, nous raconte son expérience :
« Moi, j’exerce ce métier depuis l’année dernière. Je suis venu de la province de Kayanza, et c’est un frère du quartier qui m’a fait venir en ville. Je pensais que la vie serait meilleure ici, car, chez nous, je gardais les chèvres et avais même arrêté mes études. Ce métier me permet de survivre et d’envoyer un peu d’argent à ma famille. Je ne peux pas dire que c’est un bon métier, mais je n’ai pas d’autre choix. Si j’avais de l’aide, je retournerais à l’école. »
Kevin, un jeune adolescent rencontré dans la zone de Bwiza, vend des œufs à travers la ville :
« Je vends les œufs dans les rues, les bistrots et différents endroits. Mon patron a demandé à mon père de m’envoyer pour l’aider. Je ne savais pas que je viendrais pour faire du commerce. Parfois, les gens ne me paient pas, et si je perds de l’argent, mon patron retranche cette somme de mon salaire. »
M.A., une jeune mineure vivant dans la zone urbaine de Kamenge, témoigne sous anonymat :
« Là où je vivais avant, on m’avait dit que je viendrais aider une mère qui venait d’accoucher et que je pourrais continuer mes études. Mais ce n’était pas le cas. Je devais me lever à 5 h 30 min et accomplir toutes les tâches ménagères. Lorsque des autorités venaient pour des contrôles, mon patron me disait de prétendre que j’étais là pour aider ma tante maternelle. »
Adidja de Kamenge partage également son expérience de maltraitance par son mari :
« Mon mari me frappait presque tous les jours en me disant que je ne valais rien parce que je ne pouvais pas avoir d’enfants. Après cinq ans de mariage sans enfants, il a commencé à me torturer jusqu’à ce que je prenne la décision de retourner chez mes parents. »
Un phénomène alarmant
Selon les statistiques de l’OIM au Burundi, entre juin 2021 et juin 2023, 85% des 1 160 victimes de traite présumées identifiées étaient des femmes ou des filles. Le Burundi, en tant que pays d’origine, de transit et parfois même de destination pour les victimes de traite, doit renforcer ses efforts pour combattre ce fléau.
La traite des êtres humains représente une grave violation des droits de l’homme. Les témoignages de Bukuru, Kevin, M.A. et Adidja mettent en évidence la nécessité d’actions urgentes pour protéger les plus vulnérables et assurer un avenir meilleur pour tous.
Il est crucial de renforcer la sensibilisation et les mesures de protection pour lutter contre la traite des êtres humains au Burundi. La communauté internationale, les organisations locales et le gouvernement burundais doivent travailler ensemble pour protéger les droits de tous les individus, en particulier les femmes et les enfants.
Triste réalité ! EN ce même moment, nos dirigeants tiennent des discours très loin de cette réalité, et, par la force et la terreur, font danser le « peuple ».