Dans son rapport mondial 2022 sur les droits humains dans le monde, sorti ce jeudi 13 janvier 2022, Human Rights Watch (HRW) indique que depuis l’arrivée au pouvoir du président Evariste Ndayishimiye en juin 2020, la situation des droits humains au Burundi a connu des progrès limités.
« Bien que le président Evariste Ndayishimiye se soit engagé à plusieurs reprises à rendre justice et encourager la tolérance politique, la plupart de ses promesses ne sont pas tenues à ce jour », relève HRW.
Malgré une certaine accalmie des exactions perpétrées contre les membres de l’opposition dans la foulée des élections de mai 2020, indique HRW, l’année 2021 a vu perdurer les meurtres, disparitions, actes de torture ainsi que la détention arbitraire et le harcèlement subis par les personnes considérées comme des opposants au gouvernement.
« Les autorités ont fait quelques efforts limités pour réfréner les Imbonerakure. Certains des membres de cette ligue de jeunesse ont été poursuivis en justice, cependant rarement pour des crimes graves et par le biais de procès qui manquaient souvent de transparence », fait savoir cette organisation d défense des droits de l’Homme.
HRW indique que plusieurs incidents de sécurité ont été signalés depuis le mois d’août 2020 impliquant, selon l’organisation, des affrontements entre les forces de sécurité et des groupes armés, ainsi que des attaques commises par des agresseurs non identifiés.
« Des attaques par des groupes armés ont été signalées à Cibitoke et dans d’autres provinces frontalières de la République démocratique du Congo. (…) Les autorités burundaises ont dénoncé ces actes ’’ terroristes’’ ou ’’criminels’’ , et perpétré des exactions contre leurs auteurs présumés ainsi que des civils », note cette organisation.
Ouverture au monde
Selon HRW, le président Ndayishimiye s’est montré plus ouvert envers la Communauté internationale que son prédécesseur. Cette organisation rappelle qu’en février, le gouvernement burundais et des représentants de l’Union européenne et de ses Etats membres ont repris le dialogue politique, qui était suspendu depuis 2016.
« Le gouvernement burundais a produit une feuille de route technique relative aux droits humains et à d’autres réformes, mais celle-ci reste vague, sans engagements réels, et esquive la question de l’impunité pour les nombreux crimes commis depuis 2015 », fait remarquer HRW.
Et de rappeler que le gouvernement a levé certaines restrictions, parmi lesquelles la suspension de l’organisation de lutte contre la corruption PARCEM (Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Évolution des Mentalités) mais « les autorités ont continué à multiplier les interférences injustifiées et à surveiller les activités de la société civile et des médias ».
D’après HRW, plusieurs journalistes et défenseurs des droits de l’homme injustement emprisonnés ont été libérés depuis l’élection d’Evariste Ndayishimiye.
L’organisation donne l’exemple de 4 journalistes travaillant pour Iwacu et les défenseurs des droits humains Nestor Nibitanga et Germain Rukuki. Toutefois, HRW déplore la condamnation à 5 ans de prison de l’avocat Tony Germain Nkina.
Concernant les médias, HRW fait savoir que le CNC a levé l’interdiction de Bonesha FM et a autorisé plusieurs nouvelles radios et chaînes de télévision à démarrer leurs activités. « Cependant, les médias internationaux font toujours l’objet de restrictions, et BBC et VOA restent suspendues depuis 2018 ».
Pour Hamza Venant Burikukiye, représentant légal de l’Association Capes+, HRW ne fait jamais une analyse objective. « Moi, je retiens dans ce rapport le mot progrès qui me suffit pour admettre qu’il y a eu une évolution. Si non les bavures dont HRW parle ne reflète qu’une attitude tendancieuse, subjective car au vu et au su du monde, le Burundi évolue positivement dans le renforcement des droits humains. »
M. Burikukiye trouve que quand il y a des efforts consentis et en exécution, l’honnêteté serait de positiver et d’encourager au lieu de décourager ou de distraire.