L’envoyé spécial de l’Union européenne pour les droits de l’Homme se félicite de l’ouverture affichée par le chef de l’Etat burundais mais demande que les engagements pris par le gouvernement en matière des droits de l’Homme soient mis en application.
La levée des sanctions contre le Burundi n’est toujours pas effective. Qu’est-ce qui bloque ?
C’est effectif. Nous avons pris la décision de lever les sanctions. C’était en réponse à l’ouverture du nouveau président burundais dès son élection en 2020. Suite à cette ouverture, l’UE a réagi et entamé un dialogue politique avec le gouvernement.
Les droits de l’Homme, la démocratie et l’Etat de droit sont des éléments centraux de notre engagement avec tous les pays du monde et font partie des discussions avec les autorités durant ces quelques jours. Je suis ici à l’invitation du président de la République.
C’est significatif que le président ait invité le représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme à visiter le pays. C’est une reconnaissance par le gouvernement de l’agenda des droits de l’Homme qui fait partie intégrante de nos discussions.
J’ai eu de nombreuses discussions et de nombreuses réunions au cours des deux derniers jours.
Lorsque les sanctions ont été levées contre le Burundi, certaines organisations de défense des droits de l’Homme ont indiqué que ce n’était pas encore le moment, car le Burundi n’avait pas encore rempli certaines conditions requises. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que ce qui compte, ce sont les progrès qui ont été réalisés. Et c’est la direction vers laquelle nous allons. Nous avons salué le processus d’ouverture initié par le président. Nous nous sommes félicités de la feuille de route qui a été mise en place.
Et cela crée l’espace dans lequel l’UE peut s’engager avec le gouvernement du Burundi sur les questions de droits de l’Homme. Ma visite cette semaine en fait partie. Cela nous permet d’avoir des discussions là-dessus avec le gouvernement.
Ce que nous voulons voir, bien sûr, ce sont des progrès dans la réalité. Le pays est confronté à de nombreux défis en matière de droits de l’Homme. J’en ai parlé au président le premier jour de ma visite.
Nous avons parlé de l’importance de l’Etat de droit, de l’importance de la justice et de la réforme judiciaire, de l’importance que le pays donne accès aux procédures spéciales de l’ONU, en particulier au rapporteur spécial de l’ONU.
Des réunions que j’ai eues avec des ministres du gouvernement, j’ai rencontré le ministre de la Justice et celle des Affaires sociales et du Genre, nous avons évoqué des réformes qui doivent être menées.
Nous avons également eu une grande discussion sur l’égalité des genres et la garantie de l’égalité pour tous dans la société burundaise. Nous avons des projets sur lesquels nous travaillons pour soutenir les droits des femmes, pour résoudre les problèmes de violence sexuelle.
Ce sont des domaines auxquels nous avons accordé beaucoup d’attention lors des discussions que nous avons eues avec le gouvernement ces jours-ci.
Vous avez dit que des progrès ont été réalisés, mais qu’il reste encore des défis à relever. Lesquels ?
Ces défis portent d’abord sur l’Etat de droit. Il est très important pour les Burundais et pour la réputation du Burundi dans le monde entier, que le Burundi soit considéré comme un pays fondé sur l’Etat de droit.
Il y a un besoin de réforme dans le système judiciaire en général. Nous encourageons le gouvernement burundais à continuer d’accélérer ces réformes et nous sommes disponibles à y apporter notre soutien.
Comme je l’ai dit, il y a des domaines auxquels nous accordons une attention particulière. Les conditions sont très préoccupantes. Il y a des domaines par rapport aux droits des femmes qui doivent progresser, notamment dans le domaine économique, toute la gamme de l’accès à la terre, les domaines liés à la succession et le problème des violences basées sur le genre.
Je pense qu’il y a aussi des choses à améliorer dans les droits civils et politiques. Il est important pour chaque pays qu’il y ait un débat politique, une opposition politique qui reflète différents points de vue, une société civile dynamique, la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté de réunion. Il y a un espace pour que le Burundi fasse des progrès dans ces domaines.
La question des droits de l’Homme ne se limite pas aux droits civils et politiques. Elle concerne également les droits sociaux et économiques. Je suis très conscient des difficultés économiques auxquelles le pays fait face et de certaines difficultés sociales auxquelles le pays est confronté.
Par exemple, la situation des enfants, le droit au logement, le droit à l’alimentation, l’accès à l’éducation et aux soins de santé. Ce sont tous des domaines qui doivent être abordés.
Je reconnais aussi qu’au Burundi et ailleurs, les changements nécessaires ne se font pas brusquement. Ils demandent beaucoup de travail, beaucoup d’efforts et ce que je constate, c’est que le pays évolue dans le sens de l’amélioration des droits de l’Homme et nous sommes disposés à appuyer ce processus.
Est-il normal que le rapporteur spécial de l’ONU pour le Burundi n’ait pas eu l’autorisation de venir ici ?
L’UE a soutenu pleinement la nomination du rapporteur spécial pour le Burundi. Nous avons demandé au gouvernement de recevoir le rapporteur spécial. Je pense qu’ils devraient le faire.
Lors des réunions que nous avons eues ces derniers jours au plus haut niveau, j’ai encouragé la réception du rapporteur spécial dans le pays. Le rapporteur spécial fera un rapport parce que les rapporteurs spéciaux font toujours des rapports lorsqu’ils sont nommés.
Je pense qu’il est important que le rapporteur spécial puisse visiter le pays, puisse rencontrer différentes personnes dans le pays. J’espère que cela arrivera.
Beaucoup d’observateurs dénoncent un espace politique verrouillé par le parti Cndd-Fdd au pouvoir. Quelle lecture en faites-vous ?
J’ai rencontré le dirigeant du plus grand parti d’opposition. Je pense qu’il faut regarder ce qui va se passer d’ici les législatives de 2025. Je pense qu’il est important qu’il y ait un climat politique dans lequel il soit possible d’avoir de vrais débats politiques.
Cela implique le fait de s’assurer que les partis politiques peuvent fonctionner, peuvent s’organiser. Il doit y avoir la liberté de réunion et la liberté d’expression.
J’ai spécialement abordé la question du rôle joué par les partisans dans la période précédant les élections. Il y a parfois un excès de zèle de la part de certains membres et partisans de formations politiques, ce qui a pour effet d’intimider les membres des autres partis politiques. Il est important que cette situation soit maîtrisée.
34 activistes, journalistes et politiciens en exil sont sous mandat d’arrêt de la part de la justice burundaise qui les accuse d’avoir trempé dans la tentative de coup d’Etat de 2015. Cela est-il au menu des préoccupations de l’Union européenne?
Je ne veux pas parler des cas particuliers, de cas précis où il y a divers procès judiciaires. Mais je suis au courant des décisions de justice concernant certaines personnes qui ont été jugées en leur absence.
Par définition, si vous êtes jugé par contumace, vous n’avez pas la possibilité de présenter votre défense. Ces personnes devraient être autorisées à revenir. Il devrait y avoir un climat dans lequel les personnes qui ont quitté le pays peuvent se sentir en sécurité pour retourner dans leur pays.
J’ai été encouragé par ce que j’ai entendu de certains dirigeants politiques et de certaines personnes influentes que j’ai rencontrées au cours de la semaine. Il faut encourager les gens à rentrer au pays, les rassurer sur le fait qu’ils seront en sécurité en rentrant au pays.
J’espère qu’il y aura un suivi. Nous assurerons le suivi de ces engagements. Les personnes qui ont été contraintes de vivre à l’étranger doivent se sentir libres de retourner dans le pays. Il est nécessaire que le gouvernement réponde à ces préoccupations afin que les personnes qui ont ressenti le besoin de s’exiler se sentent en sécurité pour retourner au pays.
Connaissez-vous le cas de Floriane Irangabiye, une journaliste burundaise exerçant au Rwanda qui, à son retour au Burundi, a été arrêtée et condamnée à 10 ans de prison. Si oui, l’avez-vous évoqué ?
J’ai soulevé au cours des trois derniers jours un certain nombre de cas individuels, des cas particuliers avec différents ministres du gouvernement. On m’a promis qu’il y aura un suivi de ces cas. J’espère qu’il y aura des progrès sur certains d’entre eux, je ne veux pas parler de cas spécifiques en public.
La prison de Gitega a pris feu. Le nombre de morts et la cause de cet incendie sont controversés. Devrait-il y avoir une enquête indépendante sur cet incident ?
J’ai discuté de cette affaire et de la nécessité d’une enquête indépendante sur cet incendie, du nombre de personnes qui y sont mortes tragiquement, des causes de l’incendie et des mesures de suivi à prendre. J’ai obtenu des informations au cours des réunions que j’ai eues à propos de cet incendie et nous évaluerons ces informations.
Avez-vous remarqué des efforts du gouvernement visant la promotion des droits des femmes au Burundi ?
Nous avons beaucoup discuté des droits des femmes. Ils sont au cœur de l’engagement de l’UE en faveur des droits humains. Les droits des femmes ont été mis à mal pendant la période Covid. Il y a eu une augmentation des violences contre les femmes, de la violence physique, de la violence sexuelle, et nous aimerions relever ces problèmes avec des programmes avec lesquels nous travaillons avec les pays pour essayer de résoudre ces problèmes.
Il existe des domaines spécifiques tels que les questions liées à la terre, à la succession et aux droits légaux. Le président m’a dit que 38 % des membres du parlement sont des femmes et que 40 % des membres du gouvernement sont des femmes. Ce sont des chiffres que la plupart des Etats membres de l’UE n’ont pas encore atteints.
Il y a des points positifs. Certaines hautes personnalités que j’ai rencontrées lors de cette visite étaient des femmes. C’est super. Dans toutes ces discussions, nous avons vraiment parlé des droits des femmes, car l’UE croit en l’égalité pour tous.
Quelle est votre appréciation générale des droits de l’Homme au Burundi après votre visite de trois jours ?
C’était en fait une courte visite. J’avais des informations avant de venir ici. Tout d’abord, celles de la délégation de l’UE et des ambassades de nos Etats membres et leur évaluation de la situation des droits de l’homme dans le pays. Avant de venir au Burundi, j’ai également rencontré des organisations de la société civile à Bruxelles. J’étais également en contact avec certains acteurs de la société civile du pays.
Aussi, j’ai eu l’avantage d’obtenir les informations de la communauté internationale dans les différents rapports publiés par les organisations de la société civile.
Il y a beaucoup de problèmes à régler. J’apprécie l’ouverture du côté du président pour discuter de ces questions et les aborder. J’ai vu une feuille de route qui a été mise en place et nous voulons voir ces engagements traduits en actions concrètes.
En ce qui concerne l’UE, nous travaillerons à coopérer avec le gouvernement du Burundi, à coopérer avec d’autres membres de la société burundaise pour voir des améliorations en matière de droits de l’Homme dans le pays.
Cette visite s’inscrit dans le cadre d’un processus et d’un engagement en cours entre l’UE et le Burundi. A la suite de cette visite, je ferai un rapport aux 27 Etats membres et au haut représentant de l’UE qui a la responsabilité générale de la politique étrangère de l’UE. Je vais évidemment présenter mon rapport détaillé sur ma visite et quelques recommandations.
Mais notre objectif est de miser sur l’amélioration des relations entre l’UE et le Burundi au cours des deux dernières années et voir les améliorations en matière de droits de l’homme tant sur le plan civil et politique que sur le plan social et économique dans l’intérêt du peuple burundais.
Et c’est ce que nous faisons à tous les autres pays avec lesquels nous avons des relations. Notre attention à ces questions ne concerne pas seulement le Burundi. Dans le cadre de mon travail, j’ai visité beaucoup de pays dans le monde entier pour encourager les gouvernements à en faire plus, reconnaître où des progrès ont été réalisés, entendre la voix des acteurs de la société civile, entendre la voix des dirigeants de l’opposition et des partis politiques, des églises et de tous ceux qui ont intérêt à ce que les droits des personnes soient promus.
Les droits de l’Homme appartiennent à la population, partout, quel que soit le pays et la région du monde. Ce sont les mêmes droits, le droit de vivre, de gagner sa vie, d’avoir des procès équitables, d’avoir la parole et l’opinion, etc.
Ce sont des droits fondamentaux que nous promouvons partout. Malheureusement, ils sont aujourd’hui sous pression. Dans de nombreuses régions du monde, il y a beaucoup de refoulements et beaucoup de résistance.
Au niveau de l’UE, nous essayons de les faire progresser et de les promouvoir. Lorsque nous venons dans un pays où il y a une volonté de s’engager avec certains d’entre eux, nous nous y engageons avec lui de manière constructive. Nous ferons un suivi après ma visite.
Propos recueillis par Alphonse Yikeze et Egide Harerimana
Les diplomates sont toujours prudents. Ils n’utilisent pas un langage clair et précis. Ils utilisent toujours un langage flou et équivoque. Pourquoi ne pas dire qu’au Burundi, il y a des assassinats commis par les agents du Gouvernement et au nom de certaines autorités? Cas de Ntasano Oscar, Matwi, le ministre Emmanuel etc. Pourquoi ne pas dire qu’il y a eu et il y a toujours une miltitude de disparitions forcées? Cfr Ndondeza. Ce diplomate devrait demander des comptes à rendre à ce Gouverment avant de reprendre sa coopération avec lui.
le représentant vient à peine de partir…..
arrestation de 5 délégués Burundiais d ong droit de homme.
interdiction d une réunion du parti principal d opposition
ça fait beaucoup en une semaine
J’aime bcp les europeens et leurs marchandages de Droits de l’homme, qu »ils cherchent tout d’abord ce droit cher eux, en Ukraine en particulier, ils devraient cesser d’hypothequer les vies des Ukrainiens pour leurs egos et donnent la paix aux Ukrainiens, s’ils veulent se battre avec les Russes qu’ils le fassent , sans passer par les pauvres Ukrainiens. Et puis après ils puissent reveinr nous dire le Droit de l’homme.
arrestation de 5 délégués burundiais partant pour une réunion internationale sur les droits de l homme
le ministère de l intérieur interdit une réunion du CNL
Burundi le seul pays qui est sans carburant
qu il est beau ce pays