La Commission d’enquête des Nations Unies sur le Burundi rapporte la persistance des violations des droits de l’Homme. Le rapport de ce mercredi 5 septembre met en cause les organes étatiques. Pour Bujumbura, ce sont des allégations fausses.
«Les violations que notre commission avait documentées dans notre dernier rapport ont perduré», a déclaré Doudou Diène, président de la Commission d’enquête sur le Burundi, ce mercredi 5 septembre, lors de la présentation du résumé dudit rapport. Celui-ci accuse l’Exécutif burundais, les Imbonerakure et les agents de sécurité de «poursuivre» des actes de violations des droits de l’Homme.
Entre autres violations, le rapport évoque des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires et des disparitions forcées. D’après cette commission, l’espace démocratique s’est rétréci. Doudou Diène ajoute des violations des droits économiques et sociales. «En témoignent les prélèvements, de gré ou de force, pour les contributions aux élections de 2020». Il parle de la «paupérisation» des Burundais et de l’insécurité alimentaire suite à la crise de 2015.
Sur base de 900 témoignages, la commission affirme que les jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, répriment toute forme d’opposition au gouvernement ou au parti présidentiel. «Et ils le font avec l’aval et sous le contrôle de l’Exécutif, souvent aux côtés de la police et des agents du Service national de renseignements».
Pour la première fois, le rapport de la commission d’enquête met en cause le chef de l’Etat burundais : «Ces violations ont été favorisées par des appels récurrents à la haine et à la violence, y compris par le président de la République». Et de déplorer l’impunité du système judiciaire burundais.
Doudou Diène demande au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies de reconduire la commission. Elle devrait assurer le monitoring des violations des droits de l’Homme pendant les élections de 2020. Elles risquent de s’accentuer pendant ce processus électoral.
«Un complot contre le gouvernement»
Bujumbura réfute en bloc le contenu de ce rapport. Martin Nivyabandi, ministre des Droits de l’homme dit s’inscrire en faux contre «des allégations fausses, ne visant que le torpillage des efforts du gouvernement».
Il qualifie cette commission de «source de manipulation internationale pour le complot contre le gouvernement du Burundi». Pour lui, un rapport qui «s’attaque même au président de la République» ne peut avoir d’autres intentions. Il rappelle que Bujumbura n’a jamais reconnu cette commission.
Le ministre Nivyabandi appelle les Burundais à conjuguer les efforts afin de bâtir le pays. «Sinon, ce rapport n’a rien de nouveau, il s’inscrit dans le prolongement de bien d’autres».
Pour le président du groupe parlementaire de la coalition «Amizero y’Abarundi », les accusations contenues dans le rapport sont «entièrement vraies». Pierre Célestin Ndikumana affirme que l’espace politique est verrouillé. La Constitution issue du dernier référendum est exclusive et la Ceni a été unilatéralement mise en place.
D’après lui, les membres de sa coalition sont victimes de leur appartenance politique. M. Ndikumana assure que plus d’une centaine ont été arbitrairement emprisonnés lors de la campagne référendaire. Et un bon nombre sont encore dans différentes prisons.
Ndikumana regrette que certains militants restent sous les verrous alors qu’ils ont purgé leurs peines. D’autres sont emprisonnés alors que la justice les a blanchis : «Y a-t-il des violations des droits humains graves plus que celles-là ?»
Le rapport final sera présenté devant le Conseil des droits de l’Homme, à Genève, le 17 septembre prochain.