9 ans après la mise en place de l’Office burundais des droits d’auteurs (OBDA), les artistes ne jouissent toujours pas de leurs œuvres.
« Le mot droit d’auteur est vidé de son sens. Il n’existe que par son nom. » Le musicien Masterland, Armel Ngendakumana de son vrai nom, déplore l’énorme lenteur dans la mise en œuvre de la protection des œuvres artistiques. C’est à l’occasion d’un atelier de sensibilisation des artistes sur la protection de la propriété intellectuelle, organisé ce mardi 12 novembre par le ministère de la Culture.
D’après cet artiste, cela fait plusieurs années que les musiciens réclament ces droits. « Depuis l’époque des Canco Amissi jusqu’aujourd’hui. Rien. » Depuis 2005, explique ce chanteur et producteur, le gouvernement a mis en place des lois sur les droits d’auteur. L’OBDA est là depuis 9 ans déjà. Mais les musiciens ne profitent toujours pas de leurs œuvres.
Gordien Bucumi, technicien à l’OBDA, reconnaît que les artistes ont besoin de vivre de leurs créations. Il estime toutefois que la protection de la propriété intellectuelle est une tâche très complexe, difficile, qui demande beaucoup de mécanismes, très solides. « Nous devons travailler avec des experts étrangers pour y arriver. »
Selon lui, le grand défi est l’absence d’efforts de tous les acteurs pour accompagner le peu de lois sur les droits d’auteurs qui existent déjà. Mais le cadre légal reste incomplet. Pour lui, établir ces lois demande le soutien d’experts internationaux de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).
Ailleurs, observe M. Bucumi, les artistes font des rentrées. Ils sont donc assujettis aux impôts comme tous les autres contribuables. « Le Burundi enregistre donc un manque à gagner. » Ce technicien se dit confiant quant à l’amélioration de la situation grâce à cet atelier.
541 œuvres musicales sont enregistrées à l’OBDA durant cette année 2019.
Le Burundi compte autour de 1200 artistes, d’après le 2ème vice-président de la République, Joseph Butore, qui a ouvert l’atelier. 871 artistes plasticiens, 235 musiciens, 80 écrivains et 37 cinéastes. Il cite le répertoire provisoire du ministère de la Culture.