Réponse du parti Sahwanya FRODEBU à l’éditorial intitulé « Les jérémiades du FRODEBU », signé par Léandre Sikuyavuga, Directeur du groupe de presse Iwacu, publié notamment sur le site web du même groupe le 07/06/2024.
« Jérémiades » est un terme chargé de mépris, généralement utilisé pour dénigrer les plaintes et les soupirs d’une personne, suggérant qu’elles sont sans fondement. D’entrée de jeu, l’auteur déploie une citation poétique pour introduire le thème de son article : il reproche au FRODEBU de se plaindre et de manquer de dignité face aux défis politiques.
A moins d’en démontrer la fausseté ou l’inadéquation, qualifier les préoccupations légitimes du parti Sahwanya FRODEBU de simples « jérémiades » revient à insulter, mépriser et dénigrer l’émetteur, tout en minimisant leur importance. On peut se demander si cette attitude condescendante visait à apporter une opinion constructive ou à satisfaire une tierce partie; peut être le Conseil National de la Communication qui a récemment sommé IWACU de se conformer davantage? Chacun est libre de se faire son opinion. Notre parti perçoit cette critique comme une tentative de discréditer des inquiétudes exprimées en silence par toute une population à bout. Les alertes concernant la corruption, les arrestations arbitraires et la mauvaise gestion doivent être prises au sérieux, plutôt que d’être dénigrée, minimisées, voire ignorées.
Sikuyavuga critique de manière légitime l’approche actuelle du parti de Melchior Ndadaye, en l’accusant de se plaindre sans fondement et de manquer d’une stratégie politique solide. Il souligne que le Sahwanya FRODEBU semble accorder plus d’importance aux critiques et aux lamentations plutôt qu’à la proposition de solutions concrètes pour résoudre les problèmes du pays. Nous sommes étonnés de constater qu’un groupe de presse aussi respecté que Iwacu, dont les journalistes sont généralement bien informés et impliqués dans les activités du parti Sahwanya FRODEBU, ignore les diverses propositions politiques, économiques et sociales régulièrement avancées par ce dernier, se concentrant uniquement sur ce qu’il qualifie de manière méprisante de « jérémiades », comme si le Sahwanya FRODEBU, comme tout citoyen burundais ordinaire, n’avait pas le droit ou la légitimité de critiquer la situation désastreuse actuelle du pays.
En déclarant que que “Le parti Sahwanya Frodebu a beau critiquer, réprimander, vilipender le parti de l’aigle, ce dernier reste de marbre, imperturbable à ces « jérémiades », l’éditorialiste tombe dans la négation du rôle crucial que joue notre parti en mettant en lumière ces problèmes, ce qui est essentiel pour la santé démocratique de tout pays. On ne l’a jamais vu publier une critique acerbe à l’endroit d’un RUFYIRI et son OLUCOME ou NDIKUMANA et son PARCEM pour ne citer que ceux-là, qui ne cessent d’émettre leurs “jérémiades” depuis des années sur les mêmes thématiques. Est-ce pour dire qu’il sont aussi des “pleureurs-geignards” ou le problème survient lorsqu’il s’agit du Sahwanya FRODEBU qui émet ces mêmes critiques ?
Sachez M. Sikuyavuga que les critiques répétées sont vitales pour maintenir la pression sur le gouvernement et sensibiliser l’opinion publique, même si elles ne conduisent pas immédiatement à des changements. Le fait que le parti au pouvoir ignore ces critiques, ne diminue en rien leur pertinence. Au contraire, l’absence de réaction pourrait être interprétée comme une stratégie de déni ou de minimisation des problèmes soulevés.
Malgré sa connaissance habituelle des sujets et son expertise, M. Sikuyavuga semble également négliger l’histoire et le combat historique du FRODEBU pour la démocratie au Burundi. Suggérer que le travail acharné est essentiel pour accéder au pouvoir, comme s’il s’agissait d’une découverte pour le parti Sahwanya FRODEBU, sous-estime notre engagement en faveur des droits et des libertés du peuple burundais depuis les débuts de notre parti. La création et le soutien logistique du CNDD, transformé plus tard en CNDD-FDD, ont été des mesures visant à protéger les principes démocratiques lors d’une période de crise, pour donner suite à la menace résultant du coup d’État du 21 octobre 1993. Cette approche ne reflète pas nécessairement un changement d’idéologie, mais plutôt une adaptation pratique à un climat hostile.
Enfin, en comparant le Burundi et les pays comme l’Afrique du Sud et le Sénégal, sans tenir compte des différences fondamentales de leurs contextes politiques, sociaux et économiques, M. Sikuyavuga tente intentionnellement d’influencer l’opinion publique. Les parcours différents de l’Afrique du Sud et du Sénégal en termes de démocratie et de stabilité politique ne correspondent pas aux défis spécifiques actuels du Burundi, critiqués et dénoncés par le parti Sahwanya FRODEBU. Nous l’avons dernièrement fait par rapport à la mise en place d’une CENI non consensuelle et le contrôle, ou plutôt l’étranglement de l’espace politique par le CNDD-FDD, qui n’offrent pas les opportunités d’une potentielle émergence de nouvelles figures politiques. M. Bassirou Diomaye Faye n’est à la tête du Sénégal parce qu’il fait la prison, mais parce que le contexte politique de son pays lui offre cette opportunité. Cette comparaison simpliste et décontextualisée, risque de tromper et de détourner l’attention du lecteur des véritables problèmes structurels du Burundi, tout en sous-estimant l’importance d’une approche adaptée aux réalités locales pour provoquer des changements significatifs.
En tant que parti politique soucieux du bien-être de tous les Burundais, Sahwanya FRODEBU a une stratégie politique plus que solide, n’a aucunement peur de “mouiller le maillot” et reste ouvert au dialogue et à la collaboration avec tous les acteurs socio-politiques pour trouver des solutions durables aux défis auxquels notre nation est confrontée. Dans notre lutte perpétuelle pour un Burundi démocratique et soucieux du bien être de ces citoyens, nous continuons à espérer que nos critiques constructives seront sérieusement prises en compte, notamment par ceux dont le rôle est de les relayer, afin que nous puissions avancer ensemble vers un avenir meilleur pour notre cher pays.
NOTE DE LA DIRECTION DU JOURNAL IWACU
Monsieur le Président du parti Sahwanya FRODEBU,
Nous tenons tout d’abord à vous remercier pour votre message. Nous comprenons pleinement l’importance et la sensibilité de la situation décrite dans votre réponse.
Nous souhaitons clarifier que le terme « jérémiade » n’a en aucun cas été utilisé dans une intention de dénigrer ou de mépriser les préoccupations légitimes de votre parti. Cependant, si ce mot a été perçu comme offensant, nous vous prions de bien vouloir ne pas vous focaliser sur ce terme, mais plutôt sur le message global de l’éditorial qui visait à susciter une réflexion constructive.
Il est essentiel pour nous de souligner qu’un journal a le droit et, même, le devoir de critiquer, de manière constructive, les partis politiques et les acteurs influents.
Le Frodebu, ayant payé un lourd tribut pour la libération de la parole au Burundi, connaît mieux que quiconque l’importance de cette critique pour le bon fonctionnement d’un système démocratique.
Une critique, même sévère, ne doit pas être perçue comme une tentative de discrédit, mais comme une invitation à enrichir le débat public.
Nous tenons à réitérer notre profond respect pour le parti Sahwanya FRODEBU et son parcours historique en faveur des droits et des libertés du peuple burundais. Nous souhaitons ardemment que les relations de confiance et de respect perdurent entre votre formation et notre média.
Avec nos salutations distinguées,
Léandre Sikuyavuga
Directeur
Qu’est-ce que ça coûte de dire simplement et clairement, « pardon », « prière accepter nos excuses » ? J’aurais aimé trouver ce petits mots dans cette phrase : « Cependant, si ce mot a été perçu comme offensant, nous vous prions de bien vouloir ne pas vous focaliser sur ce terme, mais plutôt sur le message global de l’éditorial qui visait à susciter une réflexion constructive. » Jusqu’à quand un Burundais va chercher à avoir toujours raison ? Et dire « pardon » n’est pas synonyme d’avoir tort, mais de reconnaître l’offense causée à l’autre, volontairement ou non, imprudemment ou non, avec objectif ou non; c’est la voix et la voie de la paix, de la compréhension mutuelle.
Je suis étonné et choqué que le président du Frodebu ne sait pas distinguer les missions des partis politiques et de la société civile. Il ne peut pas se comparer à l’Olucome ou Parcem. Eux ils ne pensent jamais à prendre le pouvoir mais de mettre la pression sur lui afin de changer là où il y a des défis et améliorer dans l’intérêt de la population. Alors qu’un parti politique œuvre pour prendre le pouvoir, proposer son projet de société, son programme. En peu de mots, Patrick oublie les missions de son parti
Cette composition n’est pas de Patrick Nkurunziza car il n’en a pas le niveau mais de Sylvestre Ntibantunganya. Le mea culpa de Léandre
est justifié car il sait que Ntiba peut frapper plus fort.
NOTE DU MODERATEUR
Vous étiez là quand M. Ntibantunganya rédigeait le droit de réponse? Du reste, un Président d’un parti peut avoir un service de « comm » qui rédige pour lui ce genre de courrier. Cela n’a rien de dégradant !
Chers amis du Frodebu,
Je suis heureux de constater que votre réaction démontre que certains d’entre vous restent fidèles à la pédagogie de Ndadaye. N’oubliez pas non plus que « agakuru ntigakurira ubusa » ( ).
Comme @iwacuinfo l’a mentionné, vous (comme moi aussi) manquez d’une stratégie politique solide face au grand aigle qui risque d’emporter tout légalement ou illégalement lors des prochaines élections. Il est temps que tous les héritiers de Ndadaye se soudent d’abord, puis agissent en rappelant au peuple la philosophie de Ndadaye.
Unissez-vous, renforcez votre assise politique et mobilisez le peuple autour des idéaux de Ndadaye. C’est la seule façon de faire face au défi qui se profile à l’horizon. Ensemble, nous serons plus forts et pourrons espérer des résultats favorables. Bravo, à @LeandreIwacu, vous méritez plutôt un médaille.
IWACU est un journal pour le peuple
Le Frodebu devrait être fier d’avoir été comparé à Jérémie.
Le prophète Jérémie, du nom duquel « jérémiade»est dérivée, était un grand Prophète, qui ne mâchait pas ses mots. Un homme seul, incompris, mais courageux. Il prédit la chute de Jérusalem. Cette calamité aurait pu être évitée si le peuple et le Roi avaient abandonné leur comportement inique.
C’est vrai que quand il ne fustigeait pas les impies, il s’apitoyait sur son propre sort.
« Maudit soit le jour où je suis né! » (Jérémie, 20, 14). Mais ce n’était pas un plaintif. Dieu lui avait donné une mission difficile, dire la vérité en son nom.
J’aurais aimé voir le président du Frodebu réagir à propos de ce passage de l’éditorial:
Durant 19 ans de pouvoir, le Cndd-Fdd n’a engagé aucun militant du Frodebu… Quand tu dis que chaque poche doit avoir de l’argent, est-ce que les Frodebistes n’en ont pas besoin ? »
Cela signifierait-il que des « Frodebistes » soient engagés comme porte-parole, secrétaire, chauffeur,…, au parti CNDD-FDD pour être payés sur le budget propre du parti?