Vendredi 05 juillet 2024

Politique

Droit de réponse à Simon Kururu pour son article »62 ans d’indépendance du Burundi : L’unité nationale mise à rude épreuve »

03/07/2024 10
Droit de réponse à  Simon Kururu   pour son article »62 ans d’indépendance du Burundi : L’unité nationale mise à rude épreuve »

Par Kukirimba- Abaganwa de Belgique.

D’emblée, nous saluons votre style, la forme et le fond de votre analyse. Comme le souligne Monsieur Jean Marie Ngendahayo, votre article « est hautement documenté, extrêmement mesuré et très constructif »

Vous avez établi avec justesse l’origine des maux burundais et le virus qui ronge le pays depuis la perte de la souveraineté nationale lors des Sanctions de Kiganda le 6 Juin 1903, jusqu’à ce jour. Et leurs responsables sans pincettes en pointant du doigt la colonisation européenne et nous-mêmes. Beaucoup de sortes les colonisations ont été passées en revue, avec leurs lot de dégâts , la plupart étant irréparables et irréversibles.

Vous écrivez ,en parlant de la colonisation clanique: « Au niveau des clans, le Burundi indépendant a connu une rivalité féroce au sein de l’ethnie Baganwa, entre le clan des Batare, dont le chef de file était le Chef Baranyanka Pierre dans son fief de Kayanza et le clan de Bezi auquel appartenaient le roi Mwambutsa IV Bangiricenge et son fils le Prince Louis Rwagasore. Cette rivalité Batare-Bezi a conduit à l’assassinat du Prince Rwagasore, avec les conséquences qui s’en sont suivi. La lignée Baranyanka a vu disparaître par pendaison des fils d’une intelligence reconnue, qui auraient pu servir judicieusement leur patrie, Jean-Baptiste Ntidendereza et Joseph Birori ». Nous sommes étonnés par cette analyse simpliste, qui contraste avec la rigueur d’analyse que l’on reconnait.

En effet, et là vous avez raison, le Burundi est composé de clans. Qui que! Ce terme en langue de Molière est inadapté au contexte burundais. Nous utilisons plutôt Umuryango, terme plus profond en langue nationale.

D’abord, vous vous contredisez en parlant de l’ethnie Baganwa qui n’en est pas une. Vous n’ignorez pas – éminent journaliste que vous êtes, la définition du mot ethnie, qui, dans le contexte burundais, n’est pas applicable.
En effet, tous les burundais partagent une même langue, culture et espace vital. C’est le premier roi Ntare Rushatsi Cambarantama – l’ancêtre des Baganwa- qui a fondé le Burundi en rassemblant tous les imiryango au tour de lui pour gérer le royaume.

Pour une meilleure alternance au tambour (Ingoma y’Uburundi), le premier roi a donc instauré la monarchie burundaise constituée d’une seule et même dynastie appelée Abaganwa. Cette monarchie procédait par une intronisation cyclique, donc récurrente de quatre lignées: Abatare, Abezi, Abataga, Abambutsa. La dynastie Ganwa a été unique et indivisible.
Il n’y a donc pas eu de rivalité entre ces lignées. Les Baganwa étaient et sont tous frères et sœurs issus d’un même muryango, en somme d’une même famille Abaganwa.

Comme dans toutes les familles, les malentendus ne manquent pas. Mais de là parler de « rivalité féroce » est erroné. Bref, vous empruntez le même raccourci que le colon en ignorant – sciemment?- que le contexte politique de l’époque était supraclanique et même supranational.

Ensuite, si vous faites allusion- nous osons le croire- à la succession du roi Ntare IV Rugamba par le muganwa Gisabo en 1852 pour justifier une quelconque supposée rivalité, l’argument ne tient pas la route. Le benjamin, un des fils de Ntare IV Rugamba Rutaganzwa a été choisi par les Bagumyabanga pour succéder à son père selon le code ésotérique en vigueur et ce, pour le bien du royaume. Qu’un autre fils ne soit pas d’accord de ce choix des Bagumyabanga, c’était normal. Mais personne n’est au dessus de la loi, même le fils du roi.

Que la tutelle soit derrière l’élimination du Prince Louis Rwagasore est un secret de Polichinelle. Tous les rapports qu’ils soient burundais ou belges le démontrent. Que certains Baganwa aient été manipulés par les colons n’est pas contesté. Ce qui l’est c’est le mobile savamment inventé, détourné et caché pour discréditer et décapiter le clan des Baganwa et ses érudits élites.
Endosser la responsabilité politique aux membres de la famille Baganwa est une attitude dénuée de sens et finesse intellectuelle, avec un mobile de « noyer le poisson » et casser la monarchie burundaise.

Enfin, étiqueter certains membres de la famille d’appartenance au « clan des Batare ou de Bezi » est méconnaître la famille Baganwa.
L’affirmation que le Mwami Mwambutsa IV Bangiricenge était un Mwezi est une des preuves de la volonté de diviser et détruire les Baganwa et le royaume du Burundi où chaque Murundi s’y retrouvait. Le Mwami Mwamutsa ne pouvait qu’être un Mutaga , car il est le fils du roi Mutaga IV Mbikije. Il a pris le nom de règne Mwambutsa IV quand il monta sur le trône et devint Mwami.

Le Prince Louis Rwagasore descend directement du roi Mwambutsa IV Bangiricenge. Il est donc un Mwambutsa.
Leur coller le nom dynastique leur (arrière) grand-père Mwezi IV Gisabo est non seulement faux, mais relève du plan machiavélique de diviser pour régner initié par les colonisateurs.

Les membres de la famille Baganwa , eux, ont toujours vécu dans l’amour fraternel.
Les exemples sont légion.

  • *Des mariages entre les lignées ont toujours existé.
  • *N’est-ce pas le roi Mwambutsa qui s’était ouvertement opposé à la condamnation des princes incriminés arguant qu’il a perdu son fils et qu’il ne voulait pas perdre d’autres enfants (uwushaka kumpoza ntampore)?
  • *Mwami Mwambutsa a nommé le Muganwa Charles Baranyanka comme premier ambassadeur du Burundi en Belgique. Le roi n’a pas hésité à lui confier la protection du seul fils qui lui restait, le prince Charles Ndizeye, en formation en occident.
  • *De mémoire familiale, le Mwami Mwambutsa a toujours rendu visite et soutenu la famille Ntakiyica en exil en Belgique.
  • *Les familles Mwambutsa et Ntidendereza étaient très proche en Belgique
  • *Le Muganwa Muhirwa était parrain de mariage du muganwa Ntakiyica. etc.

Il est temps de faire nôtre notre histoire. Uwutazi iyava ntamenya iy’aja- celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va– disaient nos illustres ancêtres.
La connaître commence par (r)établir la vérité tant occultée pendant des décennies pour servir et dédouaner les différentes colonisations que le Burundi a subies. Elle seule pourra nous transfigurer en dignes fiers fils et filles du Burundi.

Par Kukirimba-Abaganwa de Belgique,
Eric-Innocent Harerimana, Représentant
[email protected]
https://kukirimba-abaganwa-de-belgique.com

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. Stan Siyomana

    Moi je trouve qu’a leur epoque, nos rois ont bien dirige le pays (meme si l’on compare avec les autres royaumes africains).
    Mais je ne crois pas qu’aujourd’hui un parti royaliste au Burundi peut avoir beaucoup de gens qui vont aimer son ideologie (d’un petit groupe de gens qui va monopoliser le pouvoir).

  2. PF, FREDERIC NZEYIMANA

    Clin d’oeil d’un fils de Mujiji a Eric-Innocent Harerimana, Représentant. Kukirimba-Abaganwa de Belgique E : [email protected]

    Ce clin d’œil vous est adressé au nom des descendants des Bahanza, Bavumu, Bashubi …dont parents et proches ont étés exterminés par les Bahima pour leur soutien ou leurs alliances avec la dynastie des Baganwa
    Faux, Simon Kururu, Hima, n’a pas du tout « (,,,) établi avec justesse l’origine des maux burundais et le virus qui ronge le pays depuis la perte de la souveraineté nationale lors des Sanctions de Kiganda le 6 Juin 1903, jusqu’à ce jour ».
    Plusieurs d’entre nous ont été sidérés de lire les lignes de Jean Marie Ngendahayo là où il félicite même un négationniste de génocide comme Simon Kururu, d’avoir écrit un article « …hautement documenté, extrêmement mesuré et très constructif ». Une honte pour un descendant des Baganwa!.

    Les maux burundais et le virus qui rongent le pays depuis la perte de la souveraineté nationale ont désormais un seul nom commun : GÉNOCIDE .
    Plus précisément génocides des BAHUTUS par la seconde dynastie burundaise des BAHIMA qui a renversé votre dynastie des BAGANWA.
    Ntare V (le dernier comme l’appelle le Hima Mushingo Jean Baptiste Bagaza) Charles Ndizeye sera le premier à ouvrir la cadence des BAHUTUS qui ont été jetés dans les fausses communes de Nyambeho-Giheta où une petite église de « Hima pentecôtistes » a été érigée au-dessus de son « gipfuriro’ (fosse commune)!
    Difficile d’imaginer que vous ne le saviez pas, alors que c’est de la sorte que le système monarchique des Baganwa a été renversée, après avoir tenu plus de 4 siècles à bâtir de le Burundi des Bene Ntare Cambarantama!
    Le génocide contre toutes les « miryango » associées de près ou de loin avec votre dynastie de Baganwa, était le seul élément-clef qui permettant aux Bahima du Burundi de fonder une dynastie au Burundi.
    Et au lieu de vous battre aux cotés de nous victimes et survivants pour que ce génocide qui a emporté plusieurs membres de la famille des Baganwa en commençant par le Prince Louis Rwagasore et les fils Baranyanka ,soit reconnu, et afin que ses « masterminds » BAHIMA en soient punis selon le droit burundais et internationall, vous vous faites plaisir vous, et votre confrère Jean Marie Ngendahayo, à féliciter un négationniste de génocide comme Simon Kururu, d’avoir écrit un article « …hautement documenté, extrêmement mesuré et très constructif ».
    Au nom du Conseil Exécutif de Coordination Internationale du Collectif des Survivants et victimes du génocide contre les Hutus en 1972, avant et après
    PF, Frederic Nzeyimana

    • Stan Siyomana

      @PF, Frederic Nzeyimana
      1. Vous ecrivez:« ce génocide qui a emporté plusieurs membres de la famille des Baganwa en commençant par le Prince Louis Rwagasore et les fils Baranyanka ,soit reconnu, et afin que ses « masterminds » BAHIMA en soient punis … »
      2. Mon commentaire
      L’assassinat du prince Louis Rwagasore a eu lieu bien avant que les Bahima arrivent au pouvoir en 1966 et n’etait pas du tout un genocide contre un groupe donne.
      Les fils Baranyanka ont ete condamnes pour avoir trempe dans l’assassinat du prince Rwagasore, donc leur mort n’etait pas du tout un genocide contre un groupe donne.

      2:

      • Expert

        Mr. Stan,

        Obviously, Mr Frédéric croit avoir trouvé la théorie ultime pour expliquer tous les maux passés, présents et à venir en ce qui concerne le Burundi. Il y croit dur comme fer. Si vous montrez les incohérences dans son argument, que va-t-il rester de son univers? C’est comme dire à un gamin que le Père Noël n’existe pas. Monsieur Frédéric s’accroche sur cette théorie comme un naufragé qui s’accroche sur un fétu de paille pour ne pas se noyer.

  3. Stan Siyomana

    C’est quand meme etonnant de voir q’une personne bien eduquee comme Joseph Birori voulait retarder l’independance du Burundi alors qu’ailleurs en Afrique l’elite eduquee comme Jomo Kenyatta du Kenya, Mwalimu Julius Kambarage Nyerere du Tanganyika, Kwame Nkrumah du Ghana se battaient pour l’independance de leurs pays.

  4. Stan Siyomana

    1. Vous ecrivez:« Il n’y a donc pas eu de rivalité entre ces lignées. Les Baganwa étaient et sont tous frères et sœurs issus d’un même muryango, en somme d’une même famille Abaganwa… »
    2. Mon commentaire
    Je crois que le fait qu’on faisait croire au peuple burundais que tel prince etait ne avec des graines de sorgho etait un moyen d’eviter la rivalite entre les Baganwa.
    Apres la mort du roi Mwezi Gisabo, il y a eu une lutte pour le pouvoir.
    « « Aucune femme n’aura autant marqué l’histoire du Burundi que l’ingénieuse Ririkumutima »2. Il est vrai que cette femme de pouvoir réussit à s’emparer de l’autorité royale qui semblait lui échapper, à un moment crucial pour l’histoire du royaume du Burundi. Le roi Mwezi meurt en 1908, après avoir réussi à maintenir son trône face aux troupes colonisatrices allemandes3. Ririkumutima tient à ce que la succession royale revienne à l’un de ses fils. Consciente qu’une autre épouse, Ntibahinya, gagne en faveur auprès du conseil des anciens décidant traditionnellement de la succession et que le trône va sans doute passer au fils de Ntibahinya, Mbikije, Ririkumutima intrigue et organise l’assassinat de Ntibahinya. Elle se présente ensuite comme la mère de Mbukije et la reine mère légitime2. Elle parvient à s’imposer comme régente, à la fois pendant le règne de Mbukije (qui règne sous le nom de Mutaga IV) jusqu’à la mort de celui-ci en 1915 , et pendant le début du règne suivant de Mwambutsa IV.. »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ririkumutima

  5. Stan Siyomana

    C’est quand meme bien qu’en Republique du Burundi, nous reconnaissons toujours le role que nos rois ont joue dans l’histoire du pays et avons ici et la des monuments ou c’est ecrit « IMANA, UMWAMI, UBURUNDI ».
    Je me souviendrai toujours de la visite du Prince Charles Ndizeye au College Don Bosco a Ngozi en 1966. L’on avait aussi l’un des petit-fils du roi Mwambutsa qui etudiait la.

  6. Mwamba

    il est difficile de définir avec précision ethnie, clan, umuryango. Ntare Rushatsi CambaraNtama, avant de devenir Roi donc ganwa paraît il il était quoi? Pas ganwa donc. pour moi tous ceux là qui se prétendaient  » ganwa » constituaient une CLASSE SOCIALE », d autant plus qu’ il y avait des ganwa hutu, tutsi, et même twa vers Cibitoke…Ce que je sens et perçois, c est que certains compatriotes qui ont eu les accointances avec cette ancienne  » classe sociale  » de ganwa, luttent, rubis sur ongles pour que  » ganwa  » soit une ethnie, un clan, umuryango.

  7. Jean-Marie Ngendahayo

    Merci à Eric Harerima pour ce droit de réponse intelligent et, lui aussi, de facture constructive.

    C’est sans doute au travers d’un tel échange hautement intellectuel, hautement patriotique que nous sortirons des ornières de la division, de la haine et de la bêtise tout simplement pour construire un Burundi dont l’histoire est analysée sans complexes ni traumatismes, le présent décortiquer tout autant sans que les différents acteurs du moment se vouent mutuellement aux gémonies. Un Burundi de demain, pour paraphraser Césaire, face à demain a les mains et l’esprit ouverts au monde.

    Merci encore pour ce bel échange. Et qu’il se poursuive surtout sur cette belle lancée !

    • Eric-Innocent Harerimana

      Merci cher oncle pour cette appréciation. Il est de notre devoir – si jeunes qu’on pourrait paraître- d’honorer correctement la mémoire des nôtres qui ont sacrifié leurs vies pour le bien commun. Notre patrie a trop souffert des différentes colonisations subies, des fois hélas, avec le concours de nous- mêmes comme l’a bien écrit l’éminent journaliste Monsieur Simon Kururu. Il n’est jamais tard de changer la donne: commençons par travailler et guérir notre mémoire collective. L’Histoire, elle, on ne pourra pas la changer; mais on doit lui donner une place. Et avancer ensemble entant que Abarundi.

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