Le 10 décembre 2024 marque le 76ème anniversaire de l’un des engagements mondiaux les plus marquants : la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Le Burundi s’est joint au monde entier pour célébrer cette journée sous le thème : « Nos droits, notre avenir maintenant. » Selon les défenseurs des droits de l’homme, des efforts restent à fournir.
D’après la CNIDH, la Commission nationale indépendante des droits de l’homme par la voix de son vice-président, Anaclet Nzohabonayo, même si la situation des droits humains au Burundi se porte relativement bien, des lacunes ne manquent pas.
« Tout n’est pas blanc, plusieurs cas isolés de violations s’observent, les cas de viols augmentent de plus en plus d’après les études faites par la CNIDH, les défis ne manquent pas », a-t-il reconnu.
Selon le constat de la CNIDH, comme le dit Anaclet Nzohabonayo, certaines maisons de détention ainsi que la garde à vue dépassent le délai prévu : « L’officier de police judiciaire ne peut pas prolonger la garde à vue sans demander la permission au procureur. Et cela permet de diminuer les cas de détention prolongée lorsqu’il y a garde à vue ».
Pour le vice-président de la CNIDH, ceux qui ont été violés rencontrent plusieurs problèmes entre autres le fait que les parquets sont très éloignés, il y a le manque des moyens pour y arriver, mais aussi le retard d’octroi du certificat de viol donné par le médecin de l’Etat. « Le viol est un crime non tolérable et les accusés de viols ne sont pas éligibles pour bénéficier de la grâce présidentielle ».
Pour les prisonniers ayant bénéficiés de la grâce présidentielle mais qui ne sont pas encore libérés, le vice-président de la CNIDH affirme que leurs dossiers sont en cours de traitement.
« Les prisonniers concernés sont au nombre de 5 442 et d’après le rapport du procureur général de la République, les chiffres des prisonniers graciés déjà libérés sont au nombre de 4 000. Les dossiers des 1442 prisonniers restants sont en cours de traitement ».
Une autre préoccupation : la traite
D’après Prime Mbarubukeye, représentant de l’Observatoire national pour la lutte contre la criminalité transnationale (ONLCT), même si le gouvernement burundais a fait la répression de la traite des personnes son cheval de bataille pour en découdre à jamais avec ce phénomène, il devrait promouvoir des synergies provinciales de lutte contre la traite pour barrer la route aux trafiquants d’enfants qu’il ne soit trop tard.
« Les barrières vont freiner le mouvement migratoire clandestin portant atteinte aux droits les plus fondamentaux, surtout des enfants. Je demanderais aussi une négociation avec la Tanzanie afin que le rapatriement soit bien organisé, sain et respectant les droits de l’Homme ».
Les défenseurs des droits de l’Homme sont à protéger
Au moment où le monde entier célébrait ce mardi 10 décembre la journée des droits de l’Homme, il se remarque que les défenseurs des droits humains sont de plus en plus pris pour cible en raison de leur travail, par le biais de menaces, de fausses accusations, d’inculpations, d’intimidations, de harcèlement, de disparitions forcées et même d’assassinat.
Selon la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), en 2018, au moins 318 défenseurs ont été tués pour avoir défendu les droits humains.
Chaque 9 décembre est célébré la journée de la protection des défenseurs des droits humains, tandis que le 10 décembre marque le jour d’anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) en 1948.
Pour Me Lambert Nigarura, activiste burundais des droits de l’Homme, les principaux défis auxquels ils font face sont entre autres de fausses accusations, des condamnations injustes et irrégulières depuis 2015, sans oublier les actes d’intimidation et de représailles pour leur coopération avec les mécanismes régionaux et internationaux de protection des droits humains ou mécanismes judiciaires.
« Au Burundi, les défenseurs des droits humains sont fortement exposés à une répression de la part de l’autorité politique, ils sont souvent victimes d’arrestations et de détentions arbitraires, la liberté d’expression, d’association et de réunion sont verrouillées, ce qui complique le travail des défenseurs des droits humains », fait remarquer cet activiste.
Pour ceux qui se cachent derrière la casquette de défenseurs des droits de l’homme en quête de leur profit, Me Lambert Nigarura ne le nie pas mais apporte une certaine nuance : « Probablement qu’ils existent. Toutefois, je ne dirais pas qu’ils cherchent des profits parmi les défenseurs, car défendre les droits humains est vraiment une passion, un engagement au-delà de ce que les gens pensent comme profits. Il y a plus de risques que d’avantages. S’ils existent vraiment, je dirais qu’ils se sont trompés de boulot et par contre, vous avez oublié ceux qui utilisent la casquette de défenseurs des droits humains pour servir tel régime, ils ne sont pas nombreux, mais ils existent au Burundi comme ailleurs ».
Selon cet activiste, sans le respect et la promotion des droits humains, il est impensable voire impossible de réaliser d’autres projets essentiels pour la vie d’un pays. « Le pouvoir d’un État ne peut être illimité, il doit plutôt permettre à tous les citoyens, sans distinction aucune, de vivre dans la dignité humaine et d’être traités de façon équitable ».
Selon Mme Eulalie Nibizi, défenseure des droits de l’Homme, c’est bel et bien une réalité que des défenseurs des droits humains sont malmenés suite à leur travail : « Des personnes qui faisaient des enquêtes sur les détournements des fonds subissent des menaces, les gens qui menaient des campagnes pour la justice ont été poursuivis et persécutés, au point de risquer leur vie ».
Et ce n’est pas tout : « Il y a des syndicalistes qui réclamaient leurs droits dans une réunion pacifique qui ont été arrêtés et emprisonnés. Il y a un enseignant qui réclamait le respect de leurs droits, renvoyé. Il y a des journalistes accusés faussement d’atteinte à la sécurité de l’État, d’autres molestés et brutalisés, leur matériel confisqué et interdits de faire des reportages. Il y a des défenseurs qui ont été blessés, victimes de tentatives d’assassinat ».
Selon Mme Eulalie Nibizi, il existe autant de cas dans les entreprises, des fonctionnaires, des syndicalistes qui ont été renvoyés parce qu’ils défendaient leurs droits au travail, parce qu’ils défendaient des questions de gouvernance, parce qu’ils étaient contre la corruption.
« D’autres ont été séquestrés et forcés à l’exil pour avoir élevé la voix, pour dénoncer les cas de violation des droits humains ou pour avoir secouru d’autres ».
D’après cette activiste, toute personne a l’obligation de protéger les droits humains. « Au niveau du Code pénal, il y a une disposition où on est sanctionné pour la non-assistance à une personne en danger. Ceux qui violent les droits humains, ce n’est pas n’importe qui. Ce sont souvent les personnes qui ont le pouvoir de décider, qui ont le pouvoir sur les institutions de répression », fait savoir Mme Eulalie Nibizi.
Selon Me Gustave Niyonzima, cette journée rappelle aux défenseurs des droits humains de continuer à galvaniser la défense des droits humains en insistant beaucoup plus sur la quête de liberté, d’égalité et de justice.
« Cette journée interpelle le grand public à reconnaître le rôle de ces nombreux défenseurs des droits humains qui cherchent inlassablement à défendre les droits de l’homme et les libertés fondamentales pour le bien de la société dans son ensemble tout en encourageant leurs gouvernements à soutenir les défenseurs dans leurs pays ».
Selon lui, ces défenseurs des droits humains sont des « Gandhi », des « Mandela », des « Martin Luther King », des « Rosa Parks », etc. Mais également, ils sont des simples individus, des avocats, des militantes féministes, des journalistes, des leaders communautaires, des syndicalistes, … luttant bec et ongle pour nos droits et la promotion de nos libertés.
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