Les personnes handicapées de la province de Bubanza dénoncent la discrimination quant à l’embauche. Et souhaitent la ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CNUDPH) pour avoir une base légale de revendication.
<doc7994|left>« Après un accident de travail et deux ans d’hospitalisation (1997-99), la direction du diocèse de Bubanza me renvoie de mon poste d’agent du bureau », raconte, avec un air très étonné, Jérémie Minani. Lequel passe encore deux autres années et quelques mois en demandant d’être réintégré : « Finalement, la direction m’a répondu que j’étais devenu inapte pour la fonction que j’exerçais. Ils m’ont même coupé l’alimentation en eau et en électricité pendant un mois », alors qu’il habite dans une maison appartenant au diocèse. M. Minani décide de se trouver un avocat et ce dernier dépose une assignation au Tribunal de Grande Instance de Bubanza. L’évêque du diocèse, poursuit-il, refuse trois fois de suite de donner des arguments pour se défendre et propose un règlement à l’amiable.
Jérémie Minani est handicapé au niveau des hanches et des jambes. Assis sur son bureau, ses deux béquilles adossées au mur à sa gauche, il affirme que tout le salaire (de 2 ans) qu’il n’a pas touché lui a été remis en entièreté. « Le diocèse m’a réhabilité dans ma fonction, en reconsidérant ma formation et mon état de santé », se réjouit-il. Il ajoute que les honoraires de l’avocat (200.000 mille Fbu) et les frais de justices ont été payés par le diocèse. En retour, le plaignant a renoncé aux dommages et intérêts et a payé tous les frais d’hospitalisation. La victime regrette qu’il n’ait pas bénéficié d’un programme de réadaptation et qu’il ne jouisse plus, comme avant, de formations continues.
Les exemples ne manquent pas pour décrire la discrimination à l’endroit des personnes handicapées quant au droit au travail. Dominique Hagabimana, ancien militaire et blessé à l’œil par balle, a été démobilisé en 2006. « Pour ce qui est du travail de sentinelle, la communauté nous juge incapables et dit que nous sommes déjà rejetés par la société », raconte-t-il avec amertume. Lui et ses camarades handicapés et ex-militaires détiennent des certificats en électricité, en construction, etc : « Nous avons mis en place un atelier mais, les clients n’ont aucune confiance en nous. Je suis à la recherche du travail depuis sept ans, en vain », regrette-t-il.
Toutes ces personnes réclament la ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées CNUDPH pour plus de protection. Quant à Dominique Hagabimana, il propose qu’ils aient un quota représentatif dans les institutions comme c’est le cas pour les femmes et les ethnies.
<quote>Dans l’article 27 de la CNUDPH, sur le travail et l’emploi, les Etats parties reconnaissent aux personnes handicapées, sur base de l’égalité avec les autres, le droit au travail, notamment à la possibilité de gagner leur vie en accomplissant un travail librement choisi ou accepté sur un marché (…) favorisent l’inclusion et l’accessibilité aux personnes handicapées. Dans son point a., la convention interdit la discrimination fondée sur (…) le recrutement, l’embauche, le maintient de l’emploi,… Sur le point d., les Etats parties doivent permettre aux personnes handicapées d’avoir accès (…) à une formation professionnelle et continue offerte à la population en général. Dans son point k., les Etats signataires doivent promouvoir des programmes de réadaptation technique et professionnelle, de maintient dans l’emploi et de retour à l’emploi pour les personnes handicapées (…)</quote>