D’après le Dr Ndayisaba, politologue et directeur du Centre de Recherche et de Formation pour la Paix (Chaire Unesco) l’opposition se définit par rapport à la politique nationale et non locale. Il révèle que la voie empruntée par le pouvoir pour élaborer le statut d’une opposition, qui n’existe pas, est une décision transitoire, un système démocratique propre au Burundi.
<doc5745|right>{Qu’entendez-vous par opposition parlementaire et extraparlementaire ?}
C’est la minorité politique au parlement et en dehors de lui. Cependant, dans l’état actuel, on ne peut pas parler d’opposition interne et extraparlementaire même si à défaut d’une véritable opposition au parlement, on remarque qu’il y a des partis politiques qui donnent une voix alternative à celle des dirigeants. Opposition, c’est un vocable qui est liée au contexte politique burundais. D’une part, en ne participant pas aux élections législatives, certains partis se sont retirés leur statut d’opposition. D’autre part, les partis qui sont représentés au parlement le sont aussi au gouvernement. Dans ces conditions, il est difficile de parler d’opposition interne. Or, dans tout système démocratique digne de ce nom, il faut qu’au sein du parlement même, on puisse reconnaître une majorité et une minorité pour permettre au système démocratique de bien fonctionner.
{Autrement dit, cette situation est la (les) conséquence(s) du comportement de l’ADC en 2010 ?}
Effectivement, c’est déplorable qu’une partie de l’échiquier politique se soit réservée. Ça a faussé le jeu démocratique. Un système démocratique fonctionne très bien quand évidemment toutes les forces politiques qui compétissent pour le pouvoir sont représentées. En l’absence d’une vraie opposition, au niveau institutionnel, le poumon de la démocratie (parlement) est asphyxié. Il est toujours impératif de se présenter aux élections pour que les gens se reconnaissent dans différents programmes.
{A quoi donc sert le statut d’une opposition qui n’existe pas ?}
Le projet en soi est une bonne initiative. Que l’alternative à la majorité ait son statut est encourageant. Cependant, à ma connaissance, je ne connais aucun système démocratique, nulle part au monde, qui tienne en considération les résultats des élections communales. Il est vrai que la commune est un mini Etat dans un pays, mais sa politique n’englobe pas celle de la nation. D’où la difficulté de ce statut pour désigner le président de l’opposition.
{Que doit faire le parlement et le gouvernement quand une situation pareille se présente ?}
Une fois les élections terminées, il appartient à ceux qui dirigent de régler tous les problèmes du pays y compris les problèmes politiques. Le parlement doit tenir compte de ce qui rentre dans l’intérêt du pays parce qu’il y a d’autres sources d’informations comme la société civile, les médias, etc. Même s’ils ne font pas partie de l’opposition, ils canalisent les demandes de la base d’où l’intérêt de les écouter. Ils peuvent contribuer en jouant un grand rôle quand il y a une loi pendante au parlement.
{Que faire pour bien préparer 2015 ?}
Nous sommes dans une situation où les débats politiques se font dans la rue, dans un environnement qui ne contribue pas à l’apaisement des élections. Les discussions sont autorisées mais un système démocratique vit des projets alternatifs, des discussions et d’une volonté d’intégrer les différents points de vue à travers par exemple une loi, un projet de société. C’est déjà une bonne chose que des leaders politiques rentrent. Un système démocratique n’est pas là pour faire exiler ses enfants. Il est là pour intégrer tout le monde d’où l’intérêt du pouvoir de les inviter à présenter leurs programmes et projets de société.