Une décision ministérielle n’avait aussi provoqué autant de critiques et d’indignations. Le 26 juin dernier, la ministre de l’Education adresse une circulaire à tous les directeurs provinciaux de l’enseignement : des sanctions sont désormais infligées à tout élève victime ou auteur d’une grossesse.
La mesure est claire : «Toute fille victime de grossesse ou contrainte au mariage étant encore au Fondamental ou Post Fondamental, de même que le garçon auteur de la grossesse n’ont pas droit de réintégrer le système éducatif formel public ou privé ». Un bémol ? « Toutefois, ils peuvent fréquenter l’enseignement des métiers ou suivre la formation professionnelle».
La nouvelle a provoqué un tollé général dans l’opinion et des réactions indignées chez les défenseurs des droits des enfants. Ils parlent d’une mesure discriminatoire à l’endroit des élèves victimes des grossesses non désirées. « Une victime doit être protégée et non punie. » Pour la Fenadeb, (une organisation qui milite pour le droit des enfants), la ministre a dangereusement violé la Constitution du Burundi, les lois et règlements nationaux, les Traités et Conventions internationaux dont le Burundi fait partie.
En plus, elle est contraire au quatrième Objectif du Développement Durable qui prône l’éducation pour tous et l’égalité des chances. La Fenadeb demande au Chef de l’Etat d’instruire à la ministre de l’Education le retrait de sa mesure discriminatoire.
Faisons simple. Une grossesse chez une élève est rarement un choix. Elle n’est pas désirée, elle est imposée. Déjà, pour ces jeunes, c’est une tragédie. Elles sont stigmatisées, rejetées, elles vivent une grossesse honteuse, cachée, sont médicalement peu suivies. Elles ont plutôt besoin d’encadrement. Au lieu de briser leur avenir, l’Etat devrait diagnostiquer en amont les causes de ces grossesses. Lancer des programmes sur l’éducation sexuelle dans les écoles, briser les tabous qui entourent tout ce qui touche au sexe.
Ne condamnons donc pas à la double peine, par l’exclusion et la stigmatisation, ces jeunes filles. Une grossesse précoce non désirée est déjà un gros souci. N’en rajoutons pas !
Enfin, quelque chose m’échappe. La mesure de la ministre permet aux auteurs d’une grossesse et aux victimes de pouvoir « fréquenter l’enseignement des métiers ou de suivre la formation professionnelle ». Y aurait-il dans l’enseignement des filières ouvertes à des élèves « fautifs » ?