Une première au Burundi. Née avec 650 g, après quatre mois dans une couveuse, Dora est rentrée et se porte bien. Pourtant, les bébés nés avec une telle prématurité ont peu de chance de survivre. Dora, une preuve que les parents confrontés à de tels cas peuvent garder espoir.
Tout sourire, sautillant sans cesse, épiant malicieusement tout visiteur qui le prend dans ses bras … Difficile d’imaginer que ce bébé a passé plus de cinq mois dans une couveuse.
Elle est née à la 25e semaine. Aujourd’hui, Dora Gitangaza étonne plus d’un par sa gaieté et son attachement à la chaleur humaine. « Elle apprend vite », lance avec affection Donatien Nsabimana, son papa. Dora sait déjà bien reconnaître les voix de ses parents. « Rien qu’à entendre nos voix, elle sursaute de joie », raconte le papa heureux. Depuis leur retour au domicile familial, c’est un bonheur que la famille a de la peine à décrire, tant le chemin a été long, semé d’embûches.
Mi- juillet 2019, suite à une pré-éclampsie (hypertension gravidique), la santé, de sa maman ne cesse de se détériorer. Au plus vite, elle doit-être césarisée au risque de mourir. Hospitalisée dans un 1er temps dans une clinique privée pour voir si la tension peut- être stabilisée, raconte M. Nsabimana, les médecins lui assurent qu’elle va s’en sortir. Mais ce n’est pas gagné.
Au terme du 4e jour d’hospitalisation, le médecin de la clinique César dit au papa qu’ il faut la césariser rapidement. Compte tenu de son état, l’intervention est risquée. « Avant tout, il fallait stabiliser sa tension ». Pour le papa, c’est le début d’une course contre la montre et d’un dilemme sans nom.
Au plus vite, il faut l’évacuer dans un hôpital. Les souvenirs sont toujours là. Il confie, pensif : « Deux jours sont passés sans que je ferme l’œil de la nuit » .A tout moment, explique-t-il, j’imaginais mal vivre sans elle. Certains de ses proches, au lieu de le réconforter, ont déjà commencé à faire le deuil de l’enfant. Pas très réconfortant.
In extremis, les médecins de l’hôpital Kira parviennent à stabiliser la tension. Pour la maman, le temps de se remettre en attendant la césarienne.
L’impensable se produit
Quoique inquiet, témoigne Donatien Nsabimana, ma foi en Dieu m’a permis de rester serein, de continuer à croire au miracle. Seul hic: à six mois, même si l’intervention vient à réussir, le diagnostic des médecins est sans équivoque. Le bébé ne peut pas survivre : les organes tels que les poumons, le cerveau n’ont pas atteint leur maturation. Et les risques d’apnée respiratoire et de paralysie cérébrale sont nombreux à cette période. Le protocole médical est très exigeant. Il doit signer une décharge. Le papa doit reconnaître qu’au cas où le bébé vient à mourir, son décès n’est pas imputable à l’hôpital. « En tant que futur père, c’est un terrible traumatisme. C’est comme si je signais son arrêt de mort ».
Par miracle, Dora dédira les diagnostics du corps médical. Selon Dr Léopold Barutwanayo, pédiatre, malgré sa taille, sa croissance a étonné . « Après quelques jours sous assistance respiratoire dans la couveuse, elle a commencé à respirer d’elle-même. Une chance énorme parce qu’à cette période, la maturation des poumons n’est pas encore terminée ». Seule crainte : rester à savoir si elle peut manger d’elle-même. A notre grande surprise, témoigne-t-il, après avoir été allaitée, elle a fait ses besoins. « Une preuve que son appareil digestif est bien fonctionnel, sans aucune autre complication. Elle allait survivre ».
En soins intensifs pendant cinq mois, sous une surveillance constante, le bébé, malgré une perte de plus de 150 g de sa masse corporelle, sortira de l’hôpital le 25 décembre dernier. Bien portante, Dora pèse actuellement 7 kg.