“Un coup de tonnerre dans un ciel serein” résume le cardinal Sodano, doyen du collège des Cardinaux. La nouvelle fait l’effet d’une bombe en cette mi-journée du 11 février 2013…
<img7109|left>Mais moi, je ne suis pas surpris car je venais de lire le livre d’entretien avec Benoît XVI {Lumière du Monde} (Editions Bayard). Il n’avait pas voulu de cette terrible charge à son grand âge de 78 lorsqu’il fut élu en avril 2005. Lorsqu’il vit émerger son nom, Joseph cardinal Ratzinger implora : « Ne me fais pas ça Seigneur, il y a de meilleurs et de plus jeunes ». Mais le Seigneur ne l’écouta pas. « J’ai alors littéralement senti le couperet de la guillotine tomber sur mon cou » dira Benoît XVI. Ce fut terrible pour un vieil homme qui avait déjà fait ses valises pour enfin prendre une retraite méritée dans sa Bavière natale auprès de son frère lui aussi prêtre.
La papauté est une croix à la suite de celle du Christ comme l’a consigné Saint Bernard de Clairvaux au XIIème déjà dans ses Considérations qui constituent les lignes directrices du ministère papal. Il faut avoir des épaules solides pour porter cette croix. Certains s’écroulent devant une telle charge. Jean-Paul Ier, le pape souriant et grand ami du Burundi, n’a pu supporter le fardeau en 1978 et tomba raide mort dans son bureau après 33 jours. Pendant le conclave, la salle où l’on dispose de trois tailles d’habits pontificaux : petit, moyen, grand s’appelle {la Chambre des larmes}.
{Deus caritas est}
Ce que je retiens du pape Benoît XVI est qu’il aura voulu ramener l’Eglise aux fondamentaux et sa première encyclique résume son pontificat : {Deus caritas est}. Dieu est amour. Sans fraternité vécue on n’est pas du Christ.
Le devoir évangélique de charité revient chez Benoît XVI comme un leitmotiv. Dans sa proclamation de l’année de la Foi 2013, le pape insiste que la foi sans charité est vaine. Et cite Saint Paul, « il y a la foi, l’espérance et l’amour » mais le plus important c’est l’amour.
{Le synode africain pour la paix, la justice et la réconciliation}
L’autre héritage de Benoît XVI pour les Africains est le synode africain d’octobre 2009. Pour nous des Grands Lacs rongés par la haine et l’horreur, l’exhortation est cruciale. Le choix de la paix, de la justice et de la réconciliation est incontournable, l’alternative est le suicide pur et simple.
{La purification de l’Eglise}
L’arrivée de Benoît XVI coïncide avec la déferlante des scandales sexuels qui affligent l’Eglise. Le pape prend la crise à bras le corps et en appelle à la purification. Sa lettre à l’Eglise en Irlande est un coup de massue. « La vérité vous rendra libres » martèle-t-il. Et tant que c’est la vérité, elle doit être dite.« Tout ce qui est mensonge et dissimulation ne doit pas être » proclame-t-il dans « Lumière du monde ». Deux évêques centrafricains et deux archevêques béninois en feront les frais les poussant à la démission résumée en cette superbe formule : « Votre conduite morale n’est pas toujours conforme à vos engagements à la suite du Christ chaste, pauvre et obéissant ».
En conclusion, ce bref pontificat marquera l’histoire de l’Eglise universelle en général et africaine en particulier. Théologien de haut vol, Joseph cardinal Ratzinger pourra enfin prendre sa retraite et se consacrer à ses chères études d’éminent universitaire.
