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Divergences sur les méthodes contraceptives entre le PNSR et l’Église Catholique

05/06/2013 Commentaires fermés sur Divergences sur les méthodes contraceptives entre le PNSR et l’Église Catholique

Le directeur du Programme National de Santé de la Reproduction (PNSR) et l’Eglise catholique ne s’entendent pas sur les méthodes à utiliser pour réguler les naissances, bien que tous reconnaissent que la limitation est plus que nécessaire pour faire face à la démographie galopante… « Si rien n’est fait, le Burundi ne pourra pas survivre face à la pression démographique », alerte Dr Georges Gahungu, directeur du programme national de santé de la Reproduction. Il admet que la contribution des confessions religieuses est incontournable pour sensibiliser la population. Pourtant, l’Eglise catholique condamne l’utilisation des méthodes contraceptives, ce qui est pour lui un obstacle : « Les prêtres prônent l’utilisation des méthodes naturelles, mais ils ne connaissent pas grand-chose. Il faut qu’ils nous laissent faire notre travail.» Selon l’Abbé Félix Fupi, l’Eglise catholique ne peut pas rester indifférente face aux défis démographiques auxquels le pays fait face. Seulement, le problème est au niveau des méthodes contraceptives utilisées. Contrairement à ce que veut le PNSR, indique l’Abbé, l’Eglise accepte seulement les méthodes naturelles comme le Billings ou autorégulation, méthode de calcul et de la mama (un allaitement exclusif apporte une efficacité contraceptive), pour limiter ou réguler les naissances pas celles dites artificielles. Méthodes artificielles fermement condamnées par l’Eglise catholique… Selon lui, de part le sacrement de mariage, les relations entre un homme et une femme sont le signe de l’amour du Christ pour son Eglise. Tout élément étranger qui vient s’intercaler, falsifie l’amour total, exclusif, fidèle, et fécond : « Les quatre caractéristiques doivent être réunis pour affirmer qu’il y a de l’amour, c’est la vision de l’Eglise. » De plus, la qualité de relation entre époux et épouse s’améliore car favorisant le dialogue dans le couple. Non seulement cela, il y a un respect de l’ordre biologique de même que le dessein de Dieu sur la famille. Or, insiste-t-il, les méthodes contraceptives artificielles sont contre l’union et la procréation. L’Abbé Félix Fupi affirme que l’Eglise catholique prône la paternité et la maternité responsable. Abbé Félix Fupi ajoute que la contraception peut favoriser la permissivité morale. En outre, affirme-t-il, d’une certaine manière, cela nuit à la santé, des études ont montré que ces méthodes ont des effets secondaires. Selon lui, parmi ces méthodes, il existe celles qui sont abortives par exemple le stérilet et la pilule du lendemain et celles dites interceptives et contragestives, « qui sont condamnées fermement par l’Eglise catholique. » Pour George Gahungu, ne pas recommander les méthodes contraceptives courantes est loin d’être une approche pragmatique. La population burundaise fait face aux problèmes de choix qui selon lui, heureusement ne sont plus guidés par des convictions religieuses : « On est déjà dans une perspectives de bien-être. D’après nos sondages, au moins plus de 60% y voient clairs. Avoir beaucoup d’enfants n’est plus perçu comme une richesse mais une dépense. » Pourtant, les Burundaises les utilisent clandestinement… Par ailleurs, les confessions religieuses ont signé un engagement pour aider le gouvernement. Celui-ci devra un jour prendre des mesures coercitives par rapport aux avantages qu’il a déjà donnés. Ainsi par exemple si un couple arrive au quatrième enfant, il devra payer les frais d’hospitalisation, ses études etc., sans intervention de l’Etat. Néanmoins, Dr Georges Gahungu se réjouit que beaucoup de Burundaises soient consciencieuses, les chiffres sont parlants. En 2007, le taux de prévalence contraceptif était de 7.27%, il est passé à 18.9%, en 2010. De plus, 29 mille de femmes portent le dispositif intra utérin, et en l’espace de deux ans, le PNSR compte atteindre 60 mille. Car cette méthode est très adaptée à la population burundaise. Déjà, précise le directeur du PNSR, 15 mille burundaises portent l’implant Jadelle (une méthode de contraception de longue durée (5 ans au maximum) utilisée par voie sous-cutanée) et le nombre va en croissant. : « Il y a celles qui utilisent ces méthodes clandestinement, mais c’est dommage, il fallait qu’elles le fassent dans la transparence. » Il espère que l’année 2012 sera une année des grandes mesures pour faire face à la pression démographique.

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