« 5328 filles contre 11277 garçons à l’enseignement général ; 6569 contre 6679 garçons à l’enseignement pédagogique et 1929 contre 3458 garçons à l’enseignement technique », telles sont les données brutes des élèves (2010-2011) présentées ce mercredi 9 mai par le Forum des éducatrices africaines (FAWE) à Bujumbura lors d’un atelier de plaidoyer de l’intégration du genre dans les programmes d’enseignement.
D’après Béatrice Nijebariko, coordinatrice du FAWE/ Burundi, cette situation est très inquiétante et est liée à plusieurs facteurs : les abandons élevés chez les filles, l’influence culturelle qui fait que les familles priorisent la scolarisation des garçons et la recrudescence des violences sexuelles en milieu scolaire entrainant des grossesses non désirées et des mariages précoces. Dans ces conditions, signale Mme Nijebariko, la fille est condamnée à suspendre ou à abandonner tout simplement les études. La mentalité y est aussi pour quelque chose. Selon elle, certaines filles ne songent pas à pousser loin dans leurs études : « Nos premiers diplômes sont d’avoir un mari. Les garçons sont en train d’étudier pour nous », se disent-elles. D’après Scholastique Mpengekeze du bureau de la planification au ministère ayant l’éducation de base dans ses attributions, cela se remarque par les effectifs grandissants des filles dans les écoles privées, dans les Lycées pédagogiques et dans les cycles courts universitaires. Elle souligne que suite aux stéréotypes culturels, certaines filles les ont intériorisés et se considèrent encore comme dépendantes de l’homme.
Règlement scolaire toujours lacunaire
Malgré que le nouveau règlement scolaire ait été revu, Béatrice Nijebariko fait remarquer qu’il comporte encore des lacunes. Elle donne un exemple : « Dans l’actuel règlement scolaire, une fille qui est tombée enceinte étant encore sur le ban de l’école a droit de réintégrer après l’accouchement. Mais pas au même établissement ». Ainsi, d’après elle, le fait de changer d’établissement expose la jeune « maman » aux autres cas de grossesses non désirées ou à un mariage précoce. En effet, indique-t-elle, si elle faisait deux km pour arriver à l’école, elle peut se retrouver en train d’en faire par exemple six ou plus. Elle sera donc, souligne-t-elle, plus loin de sa famille et la vie devient de plus en plus dure. Dans ces conditions, mentionne-t-elle, elle ne pourra pas suivre convenablement les études. Concernant les garçons, Béatrice Nijebariko indique que le nouveau règlement insère une sanction aux garçons coupables d’avoir engrossé une fille en milieu scolaire. Or, déplore-t-elle, il est quasiment difficile de déterminer si tel ou tel garçon est bel et bien l’auteur d’une grossesse au moment où le test ADN n’est pas effectué.
Quelques solutions
Pour Mme Nijebariko, les acteurs dans le système éducatif doivent être sensibilisés et faire face à la problématique de l’équilibre de genre dans les programmes d’enseignement. D’après elle, il faut changer les programmes teintés de préjugés et de stéréotypes de genre. Elle demande que certaines pratiques de classes qui sont discriminatoires cessent. Elle suggère aussi que des infrastructures scolaires, par exemple les sanitaires, soient adaptées aux conditions physiques des utilisateurs. Pour elle, la société civile, les confessions religieuses, les organisations non gouvernementales,… sont interpellés pour contribuer au changement de cette situation. Il faut noter que ledit atelier a rassemblé des directeurs provinciaux de l’enseignement, quelques cadres du ministère ayant l’éducation de base et secondaire dans ses attributions et les membres du FAWE/ Burundi.