Dimanche 22 décembre 2024

Société

Dismas Harimenshi : « A la veille des élections de 2025, le climat reste sain à Mubimbi »

07/05/2024 Commentaires fermés sur Dismas Harimenshi : « A la veille des élections de 2025, le climat reste sain à Mubimbi »
Dismas Harimenshi : « A la veille des élections de 2025, le climat reste sain à Mubimbi »

Climat politique à la veille des élections de 2025 ; les projets de développement déjà réalisés ; lutte contre les unions libres et la fraude ; protection de l’environnement ; victimes des glissements de terrain ; … Dismas Harimenshi, administrateur de la commune Mubimbi, clarifie la situation.

Nous approchons les élections de 2025. Comment se présente le climat politique dans votre commune ?

Le climat est apaisé entre les partis politiques. Nous nous préparons lentement mais sûrement pour les élections. La situation sécuritaire est aussi bonne sauf que nous constatons de temps en temps des cas de vols dans les champs.

Quels sont les partis politiques les plus visibles sur le terrain ?

D’après les résultats des élections de 2020, le Conseil communal est composé de membres du parti CNDD-FDD et du CNL.

Bien sûr, il y a d’autres partis qui avaient participé aux scrutins tels que le Frodebu Nyakuri, l’Uprona et l’UPD. Quand nous organisons des réunions, nous voyons les deux partis qui sont représentés au Conseil communal, l’Uprona, le Codebu et l’APDR.

Mais du côté CNL, je tiens à préciser qu’on n’a pas encore la liste des nouveaux dirigeants conformément au dernier congrès du parti tenu à Ngozi.

Quel message donnez-vous aux futurs compétiteurs ?

Je tiens à les rappeler que la période électorale n’est pas un moment de tension, de chicaneries mais plutôt de compétition loyale. Quand les élections se déroulent sous tension même après les élections le climat de tension ou de suspicion continue.

Quels sont les projets de développement déjà réalisés dans votre commune ?

Dans le domaine de l’éducation, nous nous sommes attelés à construire des salles de classe. Pour cette année, je citerai 9 salles de classe construites à l’école fondamentale (Ecofo) de Rwavu, 3 salles de classe au centre d’enseignement des métiers (CEM), 5 salles de classe au lycée Muhororo, 3 salles de classe à l’Ecofo Buremera, 3 salles de classe à l’Ecofo Mageyo. Il y a cinq salles de classe en cours de construction sur la colline Kanyinya.

Combien d’écoles déjà fonctionnelles ?

A l’heure où je vous parle, la commune compte 25 écoles fondamentales avec un total de 15 999 élèves ; 4 écoles au post-fondamental avec 599 élèves ; un centre d’enseignement des métiers qui a 35 élèves. Nous avons aussi 562 enfants à l’enseignement préscolaire.

Qu’en est -t-il de l’équipement de ces salles de classe et des supports pédagogiques ?

Nous avons distribué environ 300 bancs-pupitres dans différentes écoles octroyés par le ministère de l’Education nationale et de la Recherche scientifique ainsi que plus de 100 bancs-pupitres octroyés par nos partenaires et les natifs de la commune.

Au niveau des supports pédagogiques, les natifs sont intervenus et ont donné des livres aux apprenants.

Avez-vous des enseignants suffisants ?

L’insuffisance des enseignants se pose avec acuité. Les besoins exprimés nous montrent qu’il faut au moins quatre-vingt-treize enseignants supplémentaires. Pour pallier cette situation, nous recourons aux vacataires. L’année passée, nous avions engagé cinquante-cinq vacataires.

Quid des abandons scolaires ?

Je n’ai pas de chiffres exacts mais les abandons scolaires sont une réalité dans les différentes écoles et pour des causes diverses.

Je citerai la pauvreté dans les familles qui pousse certains enfants à quitter leurs familles pour aller travailler dans d’autres ménages afin d’avoir un peu d’argent.

D’autres causes sont notamment le laisser-aller des apprenants ; le manque de suivi de la part des parents ; les grossesses non désirées chez les jeunes filles.

Qu’est-ce qui pourrait diminuer le taux d’abondons scolaires dans votre commune ?

L’une des solutions serait l’implantation des cantines scolaires comme cela se fait dans d’autres communes. Il faut aussi renforcer l’encadrement et la discipline dans les écoles.

Au niveau des autres infrastructures publiques, comment se présente la situation ?

Nous sommes en train de construire onze bureaux des chefs de colline. Six bureaux ont été achevés et cinq autres sont en cours de construction. Il y a le bureau de la zone Martyazo qui est a été achevé et qui est fonctionnel pour le moment.

Nous avons construit de petits barrages d’irrigation sur la colline Kiziba grâce à l’aide de Twitezimebre qui vont aider les agriculteurs à cultiver pendant la saison sèche.

Il y a aussi la construction du marché de Kinama pour le rendre plus moderne et les travaux ont déjà commencé. Il s’agit d’un marché qui génère beaucoup de recettes à la commune.

Il est fréquenté par des commerçants en provenance de Bujumbura, Gitega, Muramvya et même Mwaro. Une fois les travaux achevés, il nous sera d’une grande utilité.

Qu’en est des infrastructures médicales ?

La commune compte quatre centres de santé publics et deux centres de santé privés. Nous avons un seul hôpital communal.

Avez-vous des équipements suffisants ainsi qu’un personnel qualifié et suffisant ?

Les équipements sont là mais l’insuffisance des ressources humaines reste chronique. Pour l’hôpital communal, nous avons un seul médecin qui est en même temps directeur de l’hôpital.

Quid de l’hygiène et assainissement ?

Dans le domaine de l’adduction d’eau potable, nous avons aménagé au moins 2 sources d’eau sur chacune des 16 collines de la commune. Avec l’aide de l’Agence burundaise de l’hydraulique et de l’assainissement en milieu rural (AHAMR), nous avons réhabilité celles qui avaient été endommagées sur les collines Gitwe, Muyabara, Nyankuba et Burenza.

Une nouvelle adduction d’eau longue de 22km a été aménagée sur les collines Kaziramihinda, Muhororo, Muzazi, Mubimbi, Kiziba avec l’aide du Fonic.

Il y a aussi l’adduction d’eau vers le centre de santé de Karugamba et une autre vers la colline Kanyinya en provenance de Martyazo passant par Magarure pour afin atterrir dans la commune Mutimbuzi.

Il y a une autre adduction d’eau qui part de la colline Mageyo vers la colline Buhanda sur la RN1.

Du côté de l’électricité, deux zones sont pourvues en électricité, à savoir Mubimbi et Mageyo. Il reste la zone Martyazo.

Où en êtes-vous avec la lutte contre les unions libres dans cette commune ?

Les unions libres et le concubinage existent. Nous avons 71 ménages en situation d’unions libres et 131 ménages où un homme a plus d’une femme. Mais, il y a deux semaines que les chiffres ont été revus à la baisse.

Nous avons lancé des campagnes tous azimuts pour combattre ces pratiques. Et comme résultats, soixante ménages ont déjà régularisé leur situation. Parmi ceux qui ont plus d’une femme, cinquante hommes ont décidé de vivre avec une seule femme.

Mais sur ce dernier aspect, nous nous heurtons à des difficultés du fait que certains hommes sont allés installer leurs concubines dans d’autres communes. Nous avons écrit à nos collègues pour que ces hommes soient répudiés.

De quoi vivent les habitants de la commune ?

Ils vivent essentiellement, à plus de 80%, de l’agriculture et de l’élevage. En plus, la commune Mubimbi n’est pas loin de la ville de Bujumbura. Les produits d’agriculture et d’élevage sont vendus dans cette capitale économique. Ce qui sous-entend qu’il y a une partie de la population qui vit du petit commerce.

Nous constatons aussi qu’il y a des gens qui se développent et qui commencent à exercer le grand commerce surtout dans la zone Mageyo au bord de la RN1, Bujumbura-Bugarama dans les localités communément appelées « Kwipine », Kinama et Gasozo.

Il y a d’autres qui exercent des métiers telles que la menuiserie et la maçonnerie. Nous avons beaucoup de maçons qui construisent des maisons à Bujumbura et dans d’autres provinces. Il en existe même ceux qui franchissent les frontières pour exercer ce métier en RDC.

Quelles sont les cultures d’exportation trouve-t-on dans cette commune ?

Il y a seulement le café qui n’est pas cultivé à un grand niveau. Nous avons deux usines, l’une installée à Mageyo appartenant à la société Secam et l’autre installée dans la zone Martyazo appartenant à la coopérative des caféiers. Pour le moment, 77 607 nouveaux plants de caféiers ont été plantés.

Le chef de l’Etat ne cesse d’inviter la population à lutter contre la fraude. Comment se présente la situation dans votre commune ?

Nous travaillons dans le cadre de la quadrilogie. Nous visitons souvent le marché de Kinama pour voir surtout si les pagnes qui y sont vendus n’ont pas été fraudés ou s’ils n’ont pas échappé à la fiscalité.

Sur la RN1, dans les différents magasins, nous y effectuons des descentes pour voir si les marchandises remplissent les conditions.

Y a-t-il des cas de fraude déjà attrapés ?

Présentement, nous n’en avons pas. Mais, nous ne baissons pas la garde.

D’où proviennent les recettes pour faire fonctionner la commune ?

Le gros des recettes communales vient des taxes perçues dans les marchés et en tête vient celui de Kinama. Des taxes perçues à l’abattoir sur le gros et le petit bétail. Il y a aussi des taxes sur l’extraction des matériaux de construction dans les rivières. Il y a également des frais perçus sur les différents documents délivrés par la commune ainsi que l’impôt annuel perçu sur le gros bétail.

N’éprouvez-vous pas de difficultés pour payer le personnel communal ?

Nous n’en avons pas à part qu’il peut y avoir des retards dans le paiement des salaires. Même là, la situation est toujours réglée.

A combien s’élèvent les recettes communales par mois ?

Ça varie d’un mois à l’autre. Dans l’ensemble, nous avons des recettes qui varient entre 18 et 23 millions par mois.

Glissement de terrain dans la zone Mageyo

La commune Mubimbi présente un relief très accidenté. Quelles sont les mesures déjà prises pour protéger l’environnement ?

Nous avons mobilisé la population pour qu’elle plante des arbres sur les montagnes afin d’éviter l’érosion et les glissements de terrain. Au moins 161 217 plants d’arbres ont été plantés.
Environ 207 km de courbes de niveau ont été tracées en y plantant aussi des herbes protégeant les pentes.

N’avez-vous pas connu de glissements de terrain ?

Plusieurs ménages ont été touchés par les éboulements, les inondations et les pluies torrentielles. Nous avons 559 personnes victimes qui ont été affectées de diverses manières. Il y a des personnes dont les maisons se sont écroulées, d’autres dont les champs ont été emportés par les éboulements, et d’autres encore dont les champs ont été endommagés par de fortes pluies et de la grêle.

La majorité sont celles dont les champs ont été emportés par les éboulements. Il y a aussi des maisons qui présentent des fissures. D’un moment à l’autre, elles peuvent s’effondrer.

Les collines les plus affectées sont Kanyinya, Muhororo, Karugamba, Burenza, Mageyo. Nous n’avons pas encore enregistré de dégâts humains mais plutôt des blessés dont on ignore le nombre.

A combien évaluez-vous le coût des dégâts ?

Nous n’avons pas le chiffre exact mais nous en profitons pour lancer un appel vibrant aux bienfaiteurs pour que les victimes soient assistées dans les meilleurs délais.

Qu’en est-il de l’état des routes ?

Il est vrai qu’on a construit différentes pistes reliant les zones, les collines mais suite à de fortes pluies, ces pistes sont actuellement impraticables. Nous envisageons les réhabiliter pour que les zones et les collines soient accessibles.

Le gouvernement envisage de délocaliser une partie des victimes des inondations de Gatumba vers votre commune. Etes-vous prêts à les accueillir ?

Bien sûr que oui. Au cas contraire, nous manquerions à la solidarité nationale.

Où en êtes-vous avec les préparatifs ?

Nous avons déjà identifié un site de 10 ha sur la colline Gisagara dans la zone de Mubimbi. Des travaux préparatoires ont été commencés notamment le traçage des pistes qui mènent vers le site. Nous comptons aménager les parcelles et identifier des sources d’eau qui pourront alimenter ces déplacés.

Propos recueillis par Félix Haburiyakira

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