Samedi 23 novembre 2024

Editorial

Dis-moi qui tu soutiens…

21/10/2016 23
Léandre Sikuyavuga
Léandre Sikuyavuga

Le troisième mandat du Président Pierre Nkurunziza est légal et légitime.» Déclaration du Président tchadien, Idriss Deby, en même temps président en exercice de l’Union africaine.

Cette réaction a suscité des critiques des observateurs quant au sérieux et à la cohérence de cette institution
panafricaine.

Pourquoi tranche-t-il, alors que les Burundais ont entamé, quoiqu’au ralenti, le dialogue ? Pourquoi intervient-il
une année et demie après la crise ?

De toutes les façons, constatent ces analystes, Idriss Deby a suivi comme d’autres l’évolution de la situation politique au Burundi. Théoriquement, il travaille de concert avec la présidente de la Commission, Madame Nkosazana
Dlamini Zuma qui connaît, on l’espère, la réalité sur terrain.

Il y a quelques mois, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA avait proposé une force de protection, la Maprobu, forte de cinq mille hommes, même si plus tard cette décision a été controversée. Selon les observateurs, Deby semble naviguer dans un océan de contradictions.

Un petit rappel : le Président tchadien s’est emparé du pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat, le 2 décembre 1990. Depuis, il enfile les mandats à l’issue d’élections contestées. Il est aujourd’hui en sa vingtsixième année du pouvoir. Questions : «Dans cette institution où putschistes et démocrates se côtoient et se tutoient, qui influence qui ? Qui donne de leçons à qui ?»

En réalité, les principes démocratiques sont loin d’être suivis si l’on se réfère aux Etats Africains qui ont déjà ratifié la Charte Africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance adoptée par la huitième Session Ordinaire de la Conférence le 7 janvier 2007.

D’autres observateurs avancent que la réaction d’Idriss Deby traduit les abstentions exprimées par bon nombre de chefs d’Etats Africains lors du dernier vote à Genève contre le rapport sur le Burundi des experts des droits de
l’Homme.

Et si c’était aussi une façon déguisée de soutenir le retrait de Bujumbura de la Cour Pénale Internationale ? Bujumbura pourrait ainsi ouvrir un nouvel épisode de retraits de la CPI qui met à mal certains chefs d’Etat Africains.

«Dis-moi qui tu soutiens, je te dirai qui tu es… », suis-je tenté de dire.

Forum des lecteurs d'Iwacu

23 réactions
  1. jean

    Editorial ou expression d’une décéption? Soit, c’est le droit à l’expression pour lequel nous devrions tous nous battre et laisser les aures en avoir.

  2. rurihose

    C est en Afrique qu on trouve les pays les plus pauvres, les plus corrompus.
    Why for god s sake.
    The vultures on power are not accountable for anybody, even in front of God.
    They can kill, steal, rape, etc… And people had to applaud.
    .

  3. Minani Idris

    Entre Idriss Dedy et Mugabe Robert qui a raison? https://twitter.com/ThierryU/status/786772938292924417

  4. Fofo

    J’adresse cette question à qui veut me répondre:
    – L’exception d’un mode de vote du Président de la République veut-il dire exception des pouvoirs qu’ils exerce?
    – L’Accord d’Arusha prévoyait l’exception du mode d’élection mais ne prévoit aucune exception des pouvoirs exercés par le Président de la République! La constitution parle d’une exception du mode d’élection et des pouvoirs excercés par le Président de la République et de l’Assemblée Nationale contrairement à l’Accord d’Arusha, ce qui veut dire qu’elle venait d’instaurer un mandat exceptionnel en déhors de ce qui a été convenu à Arusha. Alors dites-moi, qui a tors celui qui a écrit la Constitution contrairement à l’Accord d’Arusha et d’une manière ambiguë ou Nkurunziza?
    D’autres vont jusqu’à dire qu’un accord politique vaut plus que la constitution! Si vous le croyez ainsi, dites-moi, l’Institution qui le protège dans le cas où il est violé?

    • Gacece

      Cette discussion sur la disparité entre l’Accord d’Arusha et La Constitution n’a aucune raison d’être. Il y’aura toujours des gens qui vont avancer des arguments qui supportent autant un côté qu’un autre, peu importe qu’ils soient Burundais ou non.

      La seule institution qui a la compétence pour statuer sur la légalité ou l’illégalité du mandat actuel, c’est la Cour Constitutionnelle. Et comme ses jugements en la matière sont finaux, c’est-à-dire qu’on ne peut faire appel de ses décisions qu’on soit d’accord ou pas!…

      Le mandat actuel est légal!

      On peut être opposé ou d’accord à la décision de cette Cour, cela n’y changera rien… peu importe qui on est.

      • Marius

        la cour constitutionnelle taillée a la mesure de peter?c’est rigolo!

  5. Theus Nahaga

    Les crocodiles dans un Marigot ne se dévorent jamais, Derby Itno ne peut que soutenir Nkurunziza. Pour le moment ces deux-là ont le fusils à la main le reste ne compte pas.
    Ceci étant, je ne me peux rien dire sur le Tchad, je conais mal ce pays. Mais pour le Burundi j’ai l’amertume de voir que Nkurunziza veut perdurer en conduisant le pays à la catastrophe économique. Si les résultats de Nkurunziza approchaient les résultats de Taiwan ou de Singapour des années 1970, je crois qu’on se ferait une raison sur le manque de démocratie et de droit au chapitre (la forme). Notre malheur est que depuis que Nkurunziza et sa clique ont pris le pouvoir, nous avons regressé au niveau du Zaire de Mobutu (le fond). Voilà pourquoi il nous est tres difficile de supporter cet homme et sa clique. Nous refusons Nkurunziza parce ni la forme ni le fond ne plaide en sa faveur.

  6. Zihinjishi Cassilde

    Qui es-tu pour me dire qui je suis? Sinon lorsque nous lisons certaines interventions nous constatons, il faut se le dire clairement, que les Tutsi qui pourtant ne sont pas 10 pour cent des habitants du pays se considerent toute la population de la Republique. Alors faites attention monsieur, vouloir se prendre pour ce que on est pas peut provoquer des reactions diverses des fois pas favorable necessairement aux soit disant ayant droit. Plus precisement, au debut des barbussiements de vos dialogues, on pouvait lire entre les lignes que certains burundais pensaient que dialogue voulait dire, premieres conditions, chasser le President elu par plus de 60 pour cent du people. Est-ce cela que vous insunuez, lorsque vous croyez que des negociations son en cours de preparation par Kagutas?

    • Birantagaye

      Alerte au dérapage! M.ou Mme/Mlle Zihinjishi Cassilde :
      Sans polémiquer sur tes affirmations gratuities, d’où vient les histoires de Tutsi et ces statistiques que tu évoques?? Comment t’arrange-tu pour t’écarter du sujet?
      Bref, si Idriss avait émis cette position plus tôt, peut-être que l’on serait pas arrivé à la situation actuelle. Une personne de sa calibre (dirigeant d’une institution aussi importante qu’est l’Union Africaine), devrait tourner sa langue et évaluer les consequences de ses declarations, avant d’ouvrir la bouche. Comment se peut-il qu’un president d’une instituation puisse avoir une position différente de celle des membres de la meme institution? Se sont-ils concerté et mis d’accord avant d’émettre leurs declarations « bidons », vides de sens et solutions à la crise que traverse notre pays?
      That’s what we should be asking ourselves.
      Cheers

      • Zihinjishi Casside

        C’est évidant que vous posiez cette question parce le fait que vous n’avez pas suivi les déclarations de la Cour constitutionnelle du Burundi. Que vous avez manqué la déclaration de la Cour pour les pays de l’Est de l’Afrique concernant le mandat actuel du Président Commandant du Burundi. C’est dans plusieurs revus et journaux qui nous parviennent de par et d’autres que nous pouvons lire qu’au Burundi il y a des Hutu, des Tutsi et des Twa. Que peu importe les cas, les Tutsi sont vraiment minoritaires mais veulent se comporter comme maître absolu dans ce petit pays riche en culture (même les Américains voudraient bien s’exprimer en Kirundi), joie pour l’Afrique, il y a un modèle de gouvernement depuis que ce Président conduit les destinées de sa nation. Il est important qu’on lui laisse encore un peu de temps, juste le temps que Mobutu Kuku Ngwembo wa Zabanga a passé au Zaïre et le monde entier sera émerveillé par les résultats qui en sortira. Les burundais ont vraiment intérêt à garder ce Président Visionnaire, vaillant, avec une parole inébralable et juste à la tête de ce beau pays. Tous les pays d’Europe, les USA, la France… viennent de rouvrir leurs représentations diplomatiques. Les burundais ont une occasion de vivre ensemble, travailler la main dans la main sans penser aux intérêts individuels.
        Bonne chance chers burundais, ne ratez pas cette occasion.

        • Meurlsaut

          @Zihinjishi casside
          Le temps que Mobutu a passé au pouvoir n’a pas été une merveille pour le Zaire(RDC actuel) mais un désastre pour le pays.Tu es bien inspiré(e)! Le Burundi est dernier aujourd’hui et si ton  »vaillant et visionnaire » chef a le temps de régner les années de Mobutu sur le Burundi alors il faudra s’attendre à une véritable faillite ou banqueroute du pays.

        • Marius

          Je suis déçu lorsque je vois un personne entrain de lancer des fleurs au putschiste qui s’est donné un mandat illégal.le pays est entrain de sombrer dans un gouffre ou il ne se tirera que après des décennies!
          Si tu étais objectif dans tes analyses,tu pourrais comparer le pouvoir d’achat de la monnaie d’aujourd’hui et celui de la période d’avant son investiture,il n’a fait que piller et tu lui demande de passer des années comme celles qu’a passé mobutu,tu n’as pas d’amour patriotique,tu es partisan d’ethnie seulement,dommage notre pays souffre ,et ne s’en sortira pas facilement avec des gens qui pensent de cette manière.

          • Meurlsaut

            @Marius
            Monsieur à qui t’adresses-tu? A Zihinjishi Casside ou à moi.Si c’est à moi que tu exprimes ton indignation tu n’as rien pigé de mon intervention.Je ne lance aucun bouquet de fleurs à personne! Je dis tout simplement à casside- que si son visionaire et vaillant chef pouvait s’autoriser les années de Mobutu sur le Burundi- ce serait catastrophique pour le pays qui est déjà classé dernier après 10ans de règne dd.Mais je te comprend le style ironique de mon propos n’est pas à la portée de tout le monde surtout quand on s’exprime dans la langue de Molière!

  7. MUGABARABONA

    Nous nous égarons : les mandats peuvent être illimités si le pluralisme politique est reconnu accompagné par la liberté d’expression bijanye n’ukwiyamamaza y-imigambwe yose iri mugihugu. Muti imigambwe ijanye n-amategeko mugabo atari nyakuri. Le reste, tuvuga ivyo twishakiye bijanye naho twegamiye ! Vive la libre expression sur la toile…au moins.

  8. Gacece

    Le contraire aussi peut être invoqué : « Dis-moi qui tu es, je te dirai qui tu soutiens. »

    Au Canada, l’une des plus grandes démocraties occidentales, le Premier Ministre peut se faire élire autant de fois qu’il veut. En Angleterre, c’est la même chose. Il en est de même dans certains autres pays occidentaux.

    Si la constitution de certains pays d’Afrique leur permet plusieurs mandats, pourquoi est-ce qu’un autre pays viendrait leur imposer sa façon de faire? Il est vrai que pour l’alternance de façons de gouverner la limite des mandats est préférable, mais cela ne doit pas se faire non plus au péril de vies humaines.

    Financer des soulèvements et des émeutes revient à vouloir éteindre un feu par de l’essence.

    Dans tout ces débats de légalité ou d’illégalité de mandats au Burundi, seule la Cour Constitutionnelle avait la compétence de statuer. Et elle l’a fait.

    Et comme cette décision de la Cour en la matière est réputée sans appel, elle est la seule qui est valide.

    On y adhère… ou on y adhère pas!… Étranger ou burundais, Idriss Déby Itno ou Dr Dlamini Zuma, … avec les conséquences dont nous venons d’être témoins.

    Mais à la fin, qui y a laissé des plumes? Le Burundais ou l’étranger? Qu’il soit anti ou pro mandat?

    • Birantagaye

      @Gacece:
      Au Tchad, la redaction a bien precisé  » le Président tchadien s’est emparé du pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat, le 2 décembre 1990. Depuis, il enfile les mandats à l’issue d’élections contestées ».
      Alors, il faut faire attention quand tu compares ceci à la démocratie monarchique qu’est le Canada. Ici, on n’élit pas un president/premier ministre. On vote pour un parti, et quand celui-ci obtient gagne les elections, son president devient « premier ministre ». Les elections sont transparentes…pas de magouille. Elections Canada est une institution indépendante de la politique.

      Concernant le Bdi, vous avez dit que « [les] débats de légalité ou d’illégalité de mandats au Burundi, seule la Cour Constitutionnelle avait la compétence de statuer. Et elle l’a fait. ». J’imagine que vous avez entendu la pression que les membres de ladite cour ont subie? Comment alors faire confiance en leur capacité d’être impartial?

      • Gacece

        Pression ou sans pression, on ne peut pas forcer quelqu’un à faire ce qu’il n’a pas envie de faire. Il en va de même avec la corruption. On ne peut pas corrompre quelqu’un qui ne peut pas être corrompu.

        L’exemple le plus éloquent est ce fameux jour d’adoption des révisions de la Constitution en 2014. Une seule voix a fait échouer l’adoption. Autrement dit, il existe des extrêmes qu’on accepte volontiers d’outrepasser ou de ne pas franchir pour ne pas trahir ses convictions.

        Il y a des gens, comme Ndadaye, comme des militaires sur un champ de guerre,… qui choisissent de mourir plutôt que de trahir leur pays, leurs valeurs, leur famille, leur parti, leurs convictions…

        Quant au Canada, qu’on n’élise un parti ou pas. La limite de mandat peut se faire. Parce que ce dont il est question dans cette discussion, c’est le mandat du Premier Ministre. S’il y avait une limite de mandats au Canada, on interdirait au parti de présenter le même candidat si le sortant vient de passer 2 mandats comme Premier Ministre.

        Et voilà! Tout d’un coup, c’est exactement le même principe partout! Le Parti Démocrate aux États-Unis ne peut pas présenter Obama car il termine son deuxième mandat.

        Quand vous parlez de magouilles, je crois que vous avez des gens/mandataires qui surveillent le déroulement des élection et le comptage des votes.

        Aux élections de 1993 au Burundi, il n’y a eu aucun problème de magouilles ou de transparences parce que le Frodebu avait des yeux partout. Et pourtant, rien n’a empêché que l’UPRONA et son aile jeunesse JRR prennent les rues pour dénoncer un « vote ethnique »! Et que dites-vous de 2010?… tous les rapports des organisations locales et étrangères qui avaient observé le déroulement du vote, avaient éstimé que les élections s’étaient bien déroulées.

        Répondez à ma question: Qui y a-t-il laissé des plumes?

  9. ls

    Mr le Journaliste,
    Je vois que votre éditorial s’intéresse plus à ce qu’est Déby qu’au fond de son intervention elle même. Je rappelle ici que la cour de justice de l’EAC s’est aussi prononcé dans le même sens il n’y a pas si longtemps , et que la cours constitutionnelle du Burundi s’était déjà prononcé dans le même sens il y a une année.

    Alors il a raison ou il n’a pas raison(La question devrait revenir à jour avec les récents événéments)? Quelles sont les implications de son intervention sur la situation en cours au Burundi et sa compréhension par les divers intervenants? Voilà quelques unes des questions(et il y a d’autres plus pertinentes sans doute) auxquelles votre éditorial aurait du se pencher.

    Pour ce qui est du nième mandat de Deby, cela ne lui enlève en rien sa crédibilité par rapport à ce qu’il dit. Sinon Kagame n’aurait pas pu se prononcer sur la situation au Burundi et les « Tueries » en cours. Non plus Museveni n’aurait jamais été le médiateur reconnu unanimement par tous es intervenants dans le conflits burundais tout comme notre Buyoya national n’aurai pas pu dire quoi que ce soit en rapport avec un « probable futur génocide

    • Inakami

      Vraiment, j’adore votre point de vue. Fantastik!!!!!

    • Mami

      Votre commentaire est vraiment fantastique et constructif. Bravo!!

    • mayugi

      Is, le journaliste aurait voulu peut-être faire entendre qu’Idrys n’ a pas de leçon à donner d’autant plus qu’il est lui aussi dans l’incostitutionalité!

  10. nkuba

    Si vous n’êtes pas guide par votre esprit partisan du changement de régime par des voix non démocratiques, vous l’êtes par cécité politique.
    Le mensonge comme le proverbe Kirundi nous le dit ne dure pas plus de 40 jours. Tout le monde a finalement compris votre stratégie du chaos
    accompagné et maquillée par le mensonge et la désinformation pour occulter les crimes odieux perpétrés par vos précédents gouvernements,
    et cela pendant 45 ans au pouvoir, d’une minorité clanique, divisionniste et extrémiste. La vérité fini par triompher.

    • Bakari

      @nkuba
      « La vérité fini par triompher. »

      Vraiment?
      Pas toujours!
      Qui a commandité, d’après vous, l’assassinat de Kennedy, Rwagasore, Ngendandumwe, Bikomagu (ça va venir peut-être)?
      Arrêtons-nous qu’à ceux-là!

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