L’ombudsman a soutenu que la mise en application du Plan national de développement est, pour le moment, l’autre priorité gouvernementale, assure son porte-parole dans le communiqué du 18 septembre 2019.
La prévision de budget de 20.384,5 milliards de Fbu représente le double du budget utilisé au cours de la décennie écoulée (10.243,7 milliards BIF, source : BRB). L’appui des partenaires techniques et financiers pour l’aboutissement du PND (2018-2027) est partant incontournable. Or l’UE, principal bailleur de fonds du Burundi, sous sanctions depuis le 14 mars 2016, en vertu de l’article 96 de l’Accord de Cotonou, n’est pas prête à rétablir ses aides financières bilatérales. Et pour cause, sa résolution visant à renouveler le mandat de la Commission Diène est en cours de négociation lors de la 42e session du Conseil des droits de l’Homme.
Quid des engagements pris par le gouvernement burundais pour inciter l’UE à revoir sa décision par des mesures appropriées progressivement? L’ouverture de l’espace politique, le traitement des dossiers judiciaires, notamment ceux des prisonniers liés aux manifestations, le dialogue politique et la mise en œuvre d’un plan de sortie de crise sont les 4 axes sur lesquels les progrès du Burundi sont évalués.
Que fait le gouvernement pour leur mise en œuvre ? Une amorce de changement de cap ? Que nenni !
Crise de «complotite » aiguë. «Le peuple burundais est conscient que le complot de 2015 contre les institutions élues n’est pas mort et enterré. Certains acteurs comme Doudou Diène et leurs alliés cherchent à le faire ressusciter par des rapports perfides pour déstabiliser le Burundi à la veille des élections», a réagi sur Twitter le conseiller principal à la présidence de la République, chargé de l’Information, de la Communication et des Relations avec les médias, Willy Nyamitwe.
Recours à la méthode Coué que l’on dégaine comme une arme de poing le cas échéant, tel un habit d’apparat que l’on arbore un jour de fête. « Le Burundi est stable et la paix et la sécurité règnent sur tout le territoire national », dixit l’ambassadeur Rénovat Tabu, le représentant permanent du Burundi à Genève. A force de s’implanter une idée en soi-même par soi-même, on finit par transformer des vues de l’esprit en faits.
Et le coup de grâce est asséné par le porte-parole de l’ombudsman dans ledit communiqué : « Avant de conclure, l’ombudsman de la République a informé ces hommes politiques de l’opposition que cette séance est la dernière entre eux et l’institution et que d’autres rencontres pourront probablement être envisagées après les élections de 2020.»
Si la normalisation des relations avec l’UE ne figure pas sur l’agenda politique du gouvernement pour les 8 prochains mois, sur quelle(s) hypothèse(s) de travail se base-t-il pour atteindre les objectifs de cette priorité (croissance économique moyenne de 10,7% sur la période de projection et PIB par habitant de 810$ à l’horizon de 2027) ?
« Pour maintenir la foi dans la politique, il faut que les mots engagent comme des actes », dixit Olivier Ravanello, ex-spécialiste des questions politiques internationales sur i-télé.
Guibert Mbonimpa