Trois femmes et quatre hommes viennent d’être promus ambassadeurs. Leurs noms ont été approuvés ce 8 octobre par le Sénat. Iwacu vous propose leurs parcours.
Ils ne sont pas pour la plupart novices en relations internationales, pour avoir longtemps servi le ministère des Relations extérieures et de la Coopération. La compétence, confie un sénateur, aura été le critère qui a retenu l’attention du Sénat. Néanmoins, des sources avisées avancent l’appartenance politique et ethnique : six de ces futurs ambassadeurs sont hutu et du parti au pouvoir, le Cndd-Fdd à l’exception d’un militant de l’Uprona.
Juliette Kanerwa : plus de 20 ans dans le monde bancaire
Cette mère de trois enfants décroche son diplôme de licence en Droit à l’Université du Burundi. Nous sommes en 1987. Dès septembre de la même année, elle est recrutée comme cadre à l’Union Commerciale d’Assurances et de Réassurance (UCAR), dans le service Production. Trois ans plus tard, elle exerce au poste de responsable de la section IARD et Vie pour une autre période de trois ans avant qu’elle ne devienne chef adjoint. Et ce, encore pour un mandat de trois ans. Elle continuera à gravir les échelons jusqu’à être nommée Attachée de direction chargée de l’Administration, des Finances et Recouvrement.
Mme Kanerwa sortira de cette entreprise en 2006, fortifiée d’une expérience professionnelle d’environ vingt ans.Ses proches reconnaissent en elle un sens poussé de responsabilité. Les portes s’ouvriront encore la même année quand elle est nommée par décret présidentiel Administrateur Directeur Général de la Banque Burundaise pour le Commerce et l’Investissement (BBCI). Elle passera une année à la tête de cette banque puis sera appelée à être Secrétaire Général de la Banque Nationale de Développement Economique (BNDE), de 2008 à 2011. Parallèlement, elle exercera les fonctions de Présidente du conseil d’administration de l’Office Burundais des Recettes.
Une vraie Mukenyererarugamba
Mme Kanerwa est du parti Cndd-‐Fdd. Membre active de la Ligue des Femmes depuis 2004, elle a été membre du Comité Provincial de la Ligue des Femmes après les élections de 2005 dans sa province natale, Bujumbura dit rural. Cadre d’appui dans la Ligue des Femmes au niveau National et membre du Comité provincial de la Ligue, Juliette Kanerwa ne supporte pas l’injustice. De l’ethnie tutsi, elle adore également la marche.
Alexis Ntukamazina : parcours en dents de scie
Rescapé des massacres d’étudiants hutu survenus en juin 1995 à l’Université du Burundi, Alexis Ntukamazina s’envole pour le Cameroun. Il fait la faculté d’anglais. Étudiant brillant, selon ses camarades de classe, il se fait inscrire à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) où il décroche son diplôme de master. Il est natif de Ntita, à Gishubi de la province Gitega. On le dit proche de l’ancien président et sénateur Sylvestre Ntibantunganya. Il aurait milité pour le Frodebu avant d’adhérer au parti présidentiel.
Les années 2003 quand il rentre du Cameroun, il se fait enrôlé dans la police nationale. Cultivé pour son attachement à la lecture, il travaille également au Service National des Renseignements. Il est promu au poste d’ambassadeur alors qu’il était premier conseiller d’ambassade à Dar- Es- Salaam. A la fois calme et ouvert au dialogue, ses connaissances ne doutent pas qu’il fera un bon diplomate.
Elsa Ntamagiro Nizigama : la diplomatie, c’est sa profession
Avril 2002, elle est engagée au ministère des Relations extérieures. Elle vient de terminer études supérieures en sciences politiques et administratives à l’Université officielle de Bukavu. En 2004, elle se retrouve à l’Université catholique de Louvain (Belgique) où elle fait les études approfondies en sciences politiques, option relations internationales.
Août 2009, elle est nommée à Kinshasa, en République Démocratique du Congo comme premier conseiller d’ambassade. Femme engagée politiquement, elle milite au Cndd-Fdd. C’est en avril 2012 que la passionnée de la lecture est désignée chargée d’affaires a.i. à l’ambassade burundaise à Ottawa. Les apparences sont trompeuses, dit-on. D’après des sources fiables, Mme NtamagiroNizigama a évolué ainsi que sa famille au Congo (RDC) que parfois dans son langage, elle glisse un peu de swahili et de français. Au ministère des Relations extérieures, ses collègues parlent d’elle d’une grande travailleuse. Les heures pour elle ne comptent pas.
Ernest Ndabaneze : l’intelligent
D’après nos sources, il est détenteur d’un diplôme de 3ème cycle en Sociologie de développement, décroché en France à l’Université Montpellier après une bourse d’excellence lui octroyé par le gouvernement du Burundi. Il aurait travaillé durant quelques années en Afrique de l’Ouest. Il évoluera également au ministère des Relations extérieures. Il a été deuxième conseiller d’ambassade à Rome et premier conseiller à New York. Il exercera les fonctions de secrétaire permanent, de directeur chargé des relations avec l’Afrique puis avec l’Asie. Il est originaire de Muramvya et également du Cndd-Fdd.
Omar Ntezimbere : peu connu
Il est du Cndd-Fdd. Il a été chargé d’affaires a. i en Iran et premier conseiller d’ambassade à Tripoli (Libye). Omar Ntezimbere a occupé aussi le poste de directeur du protocole au ministère des Relations extérieures et de la Coopération.
Vestine Nahimana : la mal aimée des professionnels des médias
Ces derniers la surnomment Vestine « Lagaffe ». Elle a fait l’ancien ESTA ou Ecole Secondaire Technique d’Administration. A la victoire du président Ndadaye et de son parti Frodebu aux élections de 1993, elle travaille à l’Assemblée nationale. Des sources dignes de foi font savoir que dans le service secrétariat dont elle assure les responsabilités, elle fait la pluie et le beau temps.
Quand le président Ndadaye est assassiné, elle fuit le pays et se retrouve avec sa famille au Bénin. Là, elle en profite pour rehausser son cursus. Elle aurait fait des études supérieures ou une formation, nous dit-on, en communication. Jusque-là, elle est peu connue de la politique.
Dès son retour, elle s’engage au Cndd-Fdd et elle est vite récompensée. Elle est nommée par décret présidentiel pour présider le Conseil National de la Communication. Son passage à cet organe de régulation des médias aura été marqué par des mésententes devenues pièce courante entre elle et les professionnels des médias.
Entre autres, on se souviendra qu’aux élections de 2010, elle a ôté sa casquette de régulateur pour se substituer en politique. Selon elle, les médias ont rapporté un faible taux de participation aux Présidentielles et accordé peu de temps d’antenne au candidat unique Pierre Nkurunziza. Ipso facto, elle comparera les médias burundais à la Radio Télévision Mille Collines du Rwanda lors du génocide de 1994. Les professionnels des médias ne se laisseront pas faire : c’était le début d’un combat qui prendra fin à sa nomination comme chargée d’affaires a.i à Lusaka.
Louis Ciza : l’Uproniste né
Il aurait enseigné au Lycée de Buye à Ngozi, sa province natale. Nos sources indiquent qu’il a été directeur au Lycée de Kiremba. Avant d’être promu ambassadeur, il était à Nairobi au Kenya comme deuxième conseiller d’ambassade. Il venait d’y passer cinq ans. Il est de l’ethnie hutu.