A chaque fois que la communauté internationale a exigé un dialogue inclusif, l’envoi des observateurs de l’Union africaine, le respect des droits des droits de l’Homme… Bujumbura a toujours brandi une arme : le « respect de la souveraineté nationale».
Au moment où le Burundi célèbre le 54ème anniversaire de l’Indépendance et que le pays traverse une crise, le mot « souveraineté » est toujours revenu, au cours de cette année, dans la rhétorique officielle. D’aucuns se demandent si réellement le Burundi est indépendant, du moins sur le plan diplomatique.
«Des bailleurs de fonds comme l’Union Européenne ou la Belgique conditionnent leur aide au report des élections, mais un gouvernement responsable ne peut pas se plier à ces conditions car la souveraineté d’un pays n’est pas négociable », déclare le 18 juin 2015 à Info Grands Lacs, Willy Nyamitwe, Conseiller principal chargé de la communication à la présidence.
Lorsque la Commission Paix et Sécurité de l’UA a demandé à la présidente de la commission, le 17 octobre 2015, d’initier des consultations nécessaires avec le médiateur d’EAC en vue de la convocation rapide, à Kampala ou à Addis Abeba, d’un dialogue inter-burundais impliquant tous les acteurs concernés, le CNDD-FDD est monté au créneau. Il s’est dit désagréablement surpris d’entendre que cette organisation renie au Burundi la liberté des peuples de se diriger eux-mêmes et de se doter des instruments de gouvernement dans le respect des souhaits du peuple. «Il n’est pas compréhensible qu’a peine sorti des élections, le peuple burundais vienne d’être agressé par cette organisation africaine qui veut lui intimer l’ordre de renoncer à sa souveraineté et d’oublier les résultats des élections de 2015 pour aller dialoguer avec des « putschistes » à Kampala en Ouganda. »
«Invoquer sa souveraineté n’est pas une mauvaise chose mais…»
Cette notion a été aussi utilisée dans les relations entre le Burundi et le Rwanda et la Belgique. Bujumbura a accusé, à maintes reprises, ces deux pays de violer sa souveraineté en s’immisçant dans ses affaires. Le gouvernement a aussi invoqué cette notion pour refuser la Mission Africaine de Prévention et de Protection au Burundi (MAPROBU), s’insurger contre les sanctions de l’Union africaine, des Etats-Unis ou de la Belgique.
Pour l’ambassadeur Cyprien Mbonimpa, ce n’est pas abusif d’invoquer tout le temps la souveraineté. «Depuis juillet 1962, le Burundi est devenu un Etat souverain capable de conduire ses affaires, de maîtriser sa destinée et de dialoguer avec les autres nations en toute égalité. C’est une situation acquise.»
Toutefois, selon lui, cette souveraineté se trouve souvent en difficulté surtout pour les pays en voie de développement qui n’ont pas beaucoup de moyens. «Toutefois, il faut une cohérence entre ce que vous faites à l’intérieur de votre pays et le message que vous voulez délivrer à l’extérieur. Cette cohérence est un élément crucial en politique.» Et d’ajouter que si la politique que vous adoptez n’est pas bien comprise à l’extérieur, vous risquez d’avoir des réponses inconvenables. «C’est le cas de ce qui s’est passé avec l’Union européenne.»
Concernant les brouilles avec l’UE et la Belgique, Cyprien Mbonimpa ne veut pas dramatiser. «Nous traversons des zones de turbulences mais l’avion ne va pas tomber. Ce n’est pas la première fois que nous avons des problèmes avec le Rwanda, la Belgique, l’UE. Nous avons toujours trouvé une solution.»
« Concernant les brouilles avec l’UE et la Belgique, Cyprien Mbonimpa ne veut pas dramatiser. «Nous traversons des zones de turbulences mais l’avion ne va pas tomber. Ce n’est pas la première fois que nous avons des problèmes avec le Rwanda, la Belgique, l’UE. Nous avons toujours trouvé une solution.» »
Avec tout le respect que je dois à Monsieur Cyprien Mbonimpa, je voudrais lui poser trois questions puisqu’il a eu à gérer la diplomatie burundaise:
Vous dites : »Nous avons toujours trouvé une solution ».
1) Est-ce que les causes de ces problèmes sont toujours les mêmes ou elles ont changé ?
2)Quels ont été les sources des problèmes antérieurs et celles d’aujourd’hui ?
3)Quelle solution pourriez-vous proposer pour résoudre les problèmes actuels ?