Les 21 et 22 août 2024, un colloque international sur l’environnement au Burundi, ayant pour thème central « la conservation de la biodiversité et le développement durable au Burundi », a réuni des chercheurs, décideurs, acteurs de la société civile et partenaires au développement au Royal Palace Hôtel. Organisé par l’Université du Burundi, cet événement a permis de formuler des recommandations afin de préserver la biodiversité et ainsi atteindre le développement durable.
L’Université du Burundi, à travers ses centres de recherche, a organisé ce colloque international d’une portée mondiale, réunissant des chercheurs, universitaires, experts et autres personnalités environnementales venant de divers horizons, notamment du Bénin, de la Belgique, de la République Démocratique du Congo (RDC) et bien sûr du Burundi. La technologie de la visioconférence a permis aux participants et présentateurs restés à l’étranger de suivre cet événement et d’apporter leurs contributions.
L’objectif principal de ce colloque était de créer une plateforme de dialogue et de partage entre chercheurs et autres personnes concernées, permettant à chacun de présenter ses travaux, de débattre et d’échanger des idées sur les enjeux environnementaux actuels, ainsi que sur les défis à relever en vue de la conservation de la biodiversité. En effet, la biodiversité est aujourd’hui au cœur des discussions sur le développement durable, et ce forum visait à encourager des solutions innovantes pour protéger l’environnement tout en favorisant la croissance économique.
Dans son discours de bienvenue, le vice-recteur de l’Université du Burundi, Dr Emery Nukuri, a souligné l’importance du thème de cette rencontre. « Le choix de ce thème n’est pas le fruit du hasard, surtout à un moment où l’humanité, et plus particulièrement le Burundi, fait face à de multiples défis liés à la dégradation de l’environnement et aux changements climatiques », a-t-il déclaré, rappelant ainsi l’urgence de trouver des solutions adaptées aux menaces environnementales actuelles.
Le professeur David Nahimana, directeur de la Recherche et des Innovations à l’Université du Burundi, a fait une présentation inaugurale lors de la première journée du colloque, en insistant sur le rôle essentiel que joue la recherche scientifique dans la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD). Il a souligné que les recherches permettent d’identifier des actions concrètes et innovantes pour faire face aux défis environnementaux.
Selon lui, « les recherches facilitent la mise en œuvre des actions pour obtenir des solutions innovantes et responsables » contribuant à l’atteinte des objectifs de l’agenda 2030 de manière inclusive et durable. Cependant, il n’a pas manqué d’évoquer les difficultés liées au financement, soulignant que « la recherche nécessite des financements autant que la mise en œuvre des ODD ».
Des thématiques variées et pertinentes
Durant ces deux jours, les participants ont pu assister à une série de présentations en sessions parallèles, organisées autour de quatre grandes sous-thématiques :
1. Biodiversité et changement climatique
2. Biodiversité, nutrition, sécurité alimentaire et santé
3. Biodiversité comme tremplin du développement économique
4. Biodiversité, exploitation des ressources naturelles et pollution
Ces thématiques ont permis d’aborder des questions complexes et interconnectées, avec un accent particulier sur la relation entre biodiversité et développement durable. Les intervenants, tant burundais qu’internationaux, ont présenté des recherches originales, notamment sur les impacts des changements climatiques, la sécurité alimentaire, la santé publique et la gestion des ressources naturelles.
Parmi les exposés les plus marquants, on peut citer celui de Ndayiragije Jean Marie, intitulé « Caractérisation des événements hydrométéorologiques extrêmes : une étude de cas de Bujumbura au Burundi », qui a mis en lumière les défis que posent les phénomènes climatiques extrêmes, de plus en plus fréquents dans la région. Gisèle Munkurize a, quant à elle, présenté une analyse sur les « effets des stratégies de résilience sur le bien-être des ménages ruraux de Gatumba au Burundi ». Ces travaux ont montré que les stratégies de résilience mises en place peuvent améliorer de manière significative le bien-être des populations locales en cas de catastrophes naturelles.
Le professeur Pascal Kakana a dévoilé les résultats de ses recherches sur les variétés de patates douces à chair orange, résilientes aux changements climatiques et riches en vitamine A, qui peuvent contribuer à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Burundi. Yannick Useni Sikuzani a, de son côté, présenté ses travaux sur la gestion des arbres fruitiers dans les villes minières de la RDC, en insistant sur l’importance de l’agriculture urbaine pour la durabilité environnementale dans les zones fortement industrialisées.
Après les sessions parallèles, l’après-midi de la deuxième journée du colloque a été marquée par un panel de discussion auquel ont participé le représentant du directeur général de l’Office burundais pour la Protection de l’Environnement (OBPE), Gloria Muhimpundu, directrice-pays de l’ONG britannique Ripple Effect, Dr Evariste Mitchikpe, président de la Société de Nutrition du Bénin, ainsi que Francesco Mancini qui représentait le Représentant résident du PNUD. Mancini a souligné les efforts de cette agence onusienne pour accompagner le Burundi dans ses projets de protection de l’environnement, notamment à travers des initiatives de conservation de la biodiversité et de lutte contre la dégradation des terres.
Le panel a mis en exergue les défis auxquels sont confrontés les gouvernements et les organisations environnementales dans la protection de l’environnement, tout en soulignant les initiatives prises par le Burundi pour répondre à ces enjeux. Le professeur Jean-Marie Sabushimike, de l’Université du Burundi, a proposé comme solution à court terme d’arrêter les constructions anarchiques dans les zones à haut risque d’inondation autour du lac Tanganyika, un lac connu pour sa biodiversité très élevée.
Recommandations essentielles pour assurer un avenir durable
Le colloque s’est conclu par une série de recommandations visant la conservation de la biodiversité et la promotion de solutions innovantes pour lutter contre les changements climatiques et la pollution, ainsi qu’à améliorer la sécurité alimentaire.
Parmi ces recommandations, on peut noter l’importance de l’évaluation des risques climatiques sur l’ensemble du territoire, en particulier à Bujumbura et ses environs. Il a également été recommandé de gérer de manière intégrée les ressources en eau et de renforcer la collaboration entre les chercheurs, le secteur privé et les ONG pour maximiser les efforts de conservation.
Concernant la biodiversité, la sécurité alimentaire et la santé, les participants ont mis en avant la nécessité de détailler et de promouvoir la procédure de fabrication de la farine de « Kambaranga ». De plus, il a été suggéré de renforcer les mesures d’exploitation de la biodiversité, source de plantes médicinales, tout en encourageant la recherche pharmaceutique.
Sur le plan économique, le colloque a appelé à moderniser le secteur agricole afin d’augmenter la productivité tout en préservant la biodiversité, et à estimer plus précisément la valeur des services écosystémiques pour mieux orienter les politiques de développement.
Enfin, en matière de pollution, les recommandations ont insisté sur la réduction de l’utilisation des pesticides dans les zones anthropisées, ainsi que sur la réalisation d’études d’impact environnemental et social pour protéger les bassins versants, les marais et les autres écosystèmes non encore aménagés.
Ce colloque international s’est achevé sur une note positive, avec un mot de remerciement du recteur de l’université du Burundi, Prof Audace Manirabona, à l’endroit des participants et des panélistes, ainsi qu’aux partenaires financiers qui ont permis la tenue de cet événement de grande envergure.