Alors que l’Uprona estime que le mandat de la Commission Nationale Terres et autres Biens (CNTB) a expiré pour expulser Justin Nyakabeto, son porte-parole est catégorique : seuls le législateur et le président Pierre Nkurunziza peuvent mettre fin à la mission de la CNTB.
Quel commentaire faites-vous par rapport à la résistance opposée par la jeunesse chez Justin Nyakabeto ?
Nous avons été très surpris. M. Nyakabeto était au courant qu’il allait rendre les clés aux propriétaires de la parcelle depuis belle lurette. Nous étions en contact permanent et régulier. Il nous avait même demandé d’attendre pour qu’il puisse organiser les cérémonies de la dot de sa fille. Comme la CNTB s’est juré de ne jamais user de la force, nous avons accepté sa demande. Comme nous avons toujours privilégié le dialogue et non la violence, nous n’avons pas cessé de lui rappeler que le moment était venu de rendre à César ce qui lui appartient. Alors, jusque quand fallait-il l’attendre ?
Comment appréciez-vous le comportement de la jeunesse ?
C’est regrettable qu’un parti politique (lisez l’Uprona) se range derrière la jeunesse pour boycotter une décision du pouvoir au lieu de lui inculquer le respect de l’ordre public. Il ne lui rend aucun service. On entend tous les jours le même parti politique portait des accusations contre certains jeunes du parti Cndd-Fdd, qu’en est-il aujourd’hui avec les siens ? Quelle leçon donne-t-il ? Heureusement que les caméras, appareils photos et micros des journalistes étaient là. Ils seront nos témoins. C’était un coup bien préparé par nos détracteurs jusqu’à électrifier toute la maison.
Selon un député de l’Uprona, vous agissez alors que votre mandat a expiré …
Il n’est ni de la compétence du parti Uprona ni de ses mandataires politiques de mettre fin au mandat de la CNTB. Nous dépendons de la présidence de la République et elle est fière de nos prestations. Nous exécutons le programme du gouvernement et le président de la République se dit satisfait. Il n’arrête de le déclarer et le dire à qui veut l’entendre. Nulle ne peut le désapprouver. Donc, les propos du député Bonaventure Gasutwa n’engagent que lui et son parti. Et si le législateur ne s’est pas encore prononcé, c’est qu’il est d’accord que notre travail continue.
Quid du caractère de réconciliation prônée par Arusha dans le travail de la CNTB ?
Dans toutes ses décisions, la CNTB se réfère à la Constitution et à l’Accord d’Arusha. L’article 4 du protocole 8 du même accord est clair : « Tout rapatrié ou sinistré a droit à la terre. Il doit récupérer sa terre.» Sommes-nous fautifs quand nous appliquons ce qui est écrit noir sur blanc ? L’erreur serait pour nous de ne pas rétablir dans ses droits tout sinistré.
Comment qualifiez-vous le cas de M. Nyakabeto ? Selon plusieurs observateurs, il devrait être indemnisé. Qu’en est-il du fonds d’indemnisation prévu par Arusha pour les victimes ?
En aucun cas. Il a été tout simplement spolié et escroqué par Bernard Kayibigi. Qu’il s’en prenne à lui et non à la CNTB. Il a usé de son pouvoir quand il était encore procureur de la République en mairie de Bujumbura. L’Etat ne peut pas indemniser les spoliateurs de la chose d’autrui.