Les Imbonerakure font, ces derniers jours, des marches dans les quartiers contestataires, en souvenir des leurs tués pendant les manifestations de 2015 et réclament justice. D’autres voix parlent de propagande.
Dimanche 13 novembre. Une centaine d’Imbonerakure manifestent à Musaga en commune Muha. Partis du Petit Séminaire de Kanyosha, ils se dirigent vers le quartier Gikoto. Une minute de silence est observée à chaque endroit où, selon eux, un jeune du parti au pouvoir a été tué lors des manifestations qui ont commencé en avril 2015. Ils font savoir qu’il y a eu six victimes.
C’est à la 1ère avenue, là où a été tuée Jacqueline Hakizimana, que les discours ont été prononcés. « Nous réclamons la justice pour toutes les victimes. Que les auteurs soient traqués et punis conformément à la loi et que les commanditaires du mouvement insurrectionnel soient aussi poursuivis », a déclaré Serges Hatungimana, président de la ligue des jeunes du parti Cndd-Fdd, en mairie de Bujumbura. Il appelle les jeunes de tous les partis, toutes tendances confondues, à cohabiter pacifiquement. Un message relayé par Patience Itangishaka, président de la ligue des Imbonerakure dans la zone Musaga : « C’est la seule voie qui nous permettra d’édifier une nation prospère.»
Certains habitants de Musaga, qui observaient de loin, qualifient cette manifestation de provocation. « Comment se fait-il qu’ils réclament justice pour six personnes parmi des centaines de vies fauchées depuis avril 2015 ? », lâche un jeune rencontré à la 2ème avenue. Il s’interroge aussi sur quelle enquête se basent-ils pour affirmer que les six ont été tués par des manifestants ? Une autre femme sous couvert d’anonymat parle d’une action d’intimidation : « Ils nous ont obligés d’entrer dans nos maisons pour leur laisser le passage. Avec cette marche, c’était pour nous dire : ‘Nous sommes là, nous sommes capables de faire ce que nous voulons avec l’appui des forces de sécurité.’ Je ne pense pas que les autres qui ont perdu les leurs peuvent bénéficier de cette faveur.»
A Musaga, ces jeunes affiliés au parti Cndd-Fdd ont offert des vivres aux familles des victimes et leur ont promis de leur venir en aide chaque mois.
Il faut noter que la même marche a été organisée à Nyakabiga, commune Mukaza, mardi le 8 novembre. Arborant des t-shirts du parti au pouvoir, ils se sont rassemblés à Nyakabiga III, 10ème avenue, en mémoire de Léonard Misago. Soupçonné d’être un Imbonerakure, il a été brûlé vif par un groupe de contestataires, le 7 mai 2015.
>>Réactions :
« Deux poids, deux mesures »
Me Armel Niyongere, avocat qui représente les familles des victimes à la Cour pénale internationale (CPI), déplore un traitement de deux poids, deux mesures des victimes de la crise. « Je pense que rendre hommage aux disparus est un bon geste mais pas seulement pour les six personnes seulement alors qu’il y a des dizaines des milliers des personnes disparues, torturées, exécutées sommairement, subies des violences sexuelles… en toute impunité. » Il indique avoir déjà remarqué que s’il s’agit des manifestations organisées par des Imbonerakure ou autres proches du pouvoir, l’autorisation est acceptée facilement mais pour d’autres elle est refusée. « La loi devrait être appliquée de la même manière pour tout le monde. »
« Honorer les héros »
« C’est donc un devoir de mémoire qu’ils ont fait et qui honore ces jeunes héros assassinés à cause de leur appartenance au parti au pouvoir », réagit Nancy Ninette Mutoni, commissaire à la communication du parti Cndd-Fdd. Selon elle, la justice doit être rendue afin de ne pas asseoir l’impunité. Sans la justice, martèle-t-elle, il est difficile de progresser politiquement. « Elle est la base de tout et notre parti est contre l’impunité.»
A ceux qui disent que les Imbonerakure réclament justice pour les leurs seulement, elle défend sa cathédrale : « Dire que ces jeunes évoquent seulement les Imbonerakure serait incorrect. Car, ce dimanche, d’autres jeunes ne partageant pas leur opinion politique, ceux des partis d’opposition, d’autres apolitiques, étaient aussi dans la marche.» Après tout, conclut-elle, ce sont des Burundais qui sont morts. Ainsi, Mme Mutoni demande à la jeunesse de s’impliquer dans la politique, sans être manipulée par les aînés. « Cela leur ouvrira la voie dans les instances de décision pour jouer leur rôle dans le développement du pays. »
« De la propagande »
Léonce Ngendakumana, vice-président du parti Sahwanya Frodebu, dit que ces manifestations ne sont pas organisées par la jeunesse mais par le pouvoir. Et pour preuve, justifie-t-il, ils les soutiennent, ils les laissent faire même pendant les heures de service. « Cela se fait soit pour des raisons de propagande, soit pour des raisons d’intox de ces jeunes, de la population », analyse-t-il, notant qu’il est évident que ce n’est pas dans l’intérêt de la nation. « Car, si c’est le cas, on devrait tenir compte de toutes les familles des victimes des conséquences de la crise liée au 3ème mandat.»
Pour lui, ces marches compromettent les chances de la réconciliation nationale, de la cohabitation pacifique entre les diverses composantes de la société burundaise. Et d’alerter : « Aujourd’hui, nous vivons un drame, nous vivons une catastrophe. Dans l’avenir, on risque de voir les Burundais se rentrer dedans à cause de l’accumulation des frustrations. »
« Une façon de dire plus jamais ça »
«Il fallait nous souvenir de ce martyr, non pas parce qu’il était un Imbonerakure, mais parce qu’il est mort brûlé vif à cause de son ethnie. Il est mort parce qu’il est Hutu», répond François-Xavier Ndaruzaniye, représentant légal de la Ligue des droits de la personne humaine Izere Ntiwihebure, à ceux qui l’accusent d’avoir pris part dans la marche de Nyakabiga. Selon lui, c’est une façon de dire « Plus jamais ça ». Et d’annoncer : « Demain ou après-demain, nous allons organiser des marches manifestations non pas pour ceux qui ont pris des armes pour attaquer les camps militaires le 11 décembre 2015, mais pour ceux qui sont morts pour leurs positions.»
Le mininter s’explique
Alors que certains dénoncent un traitement à deux vitesses des victimes de la crise par le ministère de l’Intérieur, Térence Ntahiraja, assistant du ministre et porte-parole, dit que personne n’a été empêché de manifester. «Quiconque veut organiser un évènement utile pour le pays est le bienvenu qu’il soit proche du pouvoir ou de l’opposition.» Il rappelle, par ailleurs, que pour avoir une autorisation, il faut envoyer une correspondance aux autorités habilitées avant 4 jours de l’évènement et attendre une réponse. «Dans cette lettre, il faut préciser les responsables de cet évènement pour qu’ils en répondent une fois que les choses dégénèrent.» Il tient aussi à souligner qu’écrire n’est pas suffisant. Selon lui, les autorités habilitées effectuent des enquêtes et elles ont le droit d’accepter ou de refuser la demande si elles pensent que ledit événement risque de nuire à la sécurité du pays. Et de préciser : «Même si une manifestation ou une réunion a déjà commencé, elles peuvent l’arrêter afin de préserver l’ordre public.»
Et les voitures, bus, maisons brulés?
Devoir de mémoire ou propagande?
La question elle même a tout dit. On aimerai que ces crimes là soient à jamais effacés! N’est-ce pas que ces manifestations ont été présentées comme pacifiques? Alors, il ne faut surtout pas qu’ils soient tâchées par ces crimes là. On peut étaler les autres crimes chaque jour et en tout lieu. Mais de ceux là, il faut taire….ou minimiser.
On voudrait qu’on ne parle jamais de cette malheureuse femme dont les jambes ont été coupées par un tir d’obus sur la capitale en plein jour, non loin d’une grande concentration d’écoles primaires et secondaires!
On voudrai qu’on se taise sur les pauvres vendeuses de tomates fauchées par une grenade pour raison de mandat!
Et ceux qui sont morts dans le Mugamba pour leurs appartenance au parti au pouvoir? Surtout pas un mot de ceux là.
Par contre, quand on parle de ces autres crimes concernant des gens attrapés avec armes et bagages mais qui ont ensuite disparues, alors oui! Là il faut appuyer fort. Il faut crier jusqu’à ce faire entendre!Même si elles ne sont pas disparues mais qu’on les a interrogé de façon un peu plus musclée pour connaître leurs commanditaires….
Le mot d’ordre est clair : seul le gouvernement tue….
Que tout le monde peut manifester ? Quel gros mensonge de la part d’un ministre. Il y a plutôt la colère et la haine qui grondent dans les rangs de ceux à qui vous refusez le droit de manifester et de pleurer les leurs.
Ces manifestants qui ont brule vifs des membres du Parti au pouvoir doivent etre punis. Les commenditaires de ces atrocites qui continuent a mentir le monde entier devront egalement etre punis. La justice doit etre rendu pour que la reconcilliation soit possible.
Tout comme ceux qui ont tue des centaines des civils, et qui aujiourd’hui touchent leur solde, tranquilement.
@HIMA : Mais taisez-vous espèce de misérable cloporte sans neurones
Uko niko tuzotambuka muri Kamenge! Wait and see
Mes chers compatriotes, quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, quoi qu’on écrive, rien ne réglera nos problèmes tant que chaque action de celui qui n’est pas de notre ethnie est considérée comme une agression, une injustice. Cet esprit est ancré aujourd’hui dans l’esprit de la majorité de nous. Il revient aux leaders politiques de rectifier le tir :
1 Le gouvernement doit encourager les actions d’une justice indépendante
2 Le gouvernement doit ouvrir l’espace politique à ses opposants et non uniquement à ses affiliés ou sympathisants
3 L’opposition doit s’opposer pacifiquement avec un discours apaisant tout en indiquant que le gouvernement est un adversaire et non un ennemi.
4 L’opposition doit démontrer en quoi il peut mieux que le gouvernement en place une fois aux commandes
5 Le gouvernement et l’opposition doivent signer un protocole de bonne conduite à enseigner aux militants.
6 L’opposition et le gouvernement doivent se concurrencer sur des programmes de développement économique et social et non sur le nombre des militants
Tirons les conclusions après x années de chicaneries qui nous ont conduits là où nous sommes aujourd’hui pour préparer un meilleur avenir.
Il n’ y a plus de raison chez nos hommes politiques ?
Il aura été judicieux d’organiser la manifestation au niveau national pour que tous les burundais qui ont perdus les leurs y soient associés. ( pas que imbonerakure). héros d’accord, mais combien on en a maintenant vu que depuis cette crise, il y a eu des morts en pagaille? Ensuite pour Ndaruzaniye, c’est parce qu’il était hutu, et c’est vrai que ce n’est pas une raison mourir, mais alors pour être juste il faut autoriser à manifester tous ceux pensent que les leurs sont morts parce qu’ils étaient tutsi.
Comment peut-on organiser des manifestations pour pleurer les ennemis qui ont tué des gens sans aucune raison , mais juste parce qu’ils étaient ce qu’ils étaient ? Je ne suis membre d’aucun parti politique , mais je me demande s’il y a un tutsi mort parce qu’il était un imbonerakure . Quand tu lances la guerre contre quelqu’un , c’est l’ami qui te pleure mais pas l’ennemi . Les manifestants se sont comportés en ennemi , ils le sont et le resteront .
Je ne suis membre d’aucun parti politique , mais je me demande s’il y a un tutsi mort parce qu’il était un imbonerakure. » peut-être que non peut -être que oui » Je me demande à mon tour s’il n’y a pas un imbonerakure qui a tué un tutsi non pas parce qu’il a manifesté mais pour ce qu’il est? Les manifestants se sont comportés en ennemi , ils les sont et les resteront.Je ne suis pas forcement d’accord avec vous et je ne deviens pas votre ennemi du moins pour moi,( mais pour vous?) Ils sont ennemis de qui et pourquoi?
Le parti au pouvoir enseigne la haine, la division et la criminalite aux jeunes milice imbonerakure du parti au pouvoir au lieu de leur enseigner l’amour de la patrie et le developpement pour tous . Ils se moquent des victimes de leur barbarie. Cela aussi c’est un genocide comme tant d’autres tandis que leurs enfants suivent de hautes etudes. Ou finiront ces jeunes du pays ?
Cher Monsieur Niyongere,
Le monde a été témoin de la vraie visage des manifestations contrairement à ce que vous faites circuler dans le monde. Dès lors que le mensonge n’a jamais été une valeur humaine, s’en servir systématiquement est une lâcheté! Et la lâcheté ne paie pas. Le peuple burundais et particulièrement les jeunes gens des quartiers contestataires que vous avez lancé à l’assaut des institutions et aux meurtres de leurs semblables dont ces deux victimes de Nyakabiga et Musasage, attend des comptes.
Bonnes frites et bonnes bières au Royaume des Belges. Bujumbura et sa population pansent les plaies!
@Ayuhu jean pierre
C`est vraiment tres regrettable de te voir coincé dans ce vase clos de l`extrémisme.
Tu devrait savoir que l`adage kirundi « BURIRA NTIBUTERA KU MPESHI« ne va jamais changer son sens.
C`est-a-dire que tu ne sera jamais responsable des temps. Que vous, imbonerakure, fassiez ce que vous voulez aujourd`hui, le moment d`etre couvert de honte arrive a grande vitesse et aucun n`échappera.
» … les jeunes gens des quartiers contestataires que vous avez lancé à l’assaut des institutions … »
Ces pauvres innocents manipulés sans scrupules – parce qu’incapables de penser par eux-mêmes ? En voilà du mépris !
Moutons sans cervelle donc, tout comme d’ailleurs ces Imbonerakure qu’on peut considérer comme partiellement (ir)responsables de l’exil de cinquantaines de milliers de citoyens burundais ? Sans parler des autres victimes que l’absence de toute action judiciaire, même embryonnaire, jette symboliquement dans une fosse commune …
Je trouve la prise de position de MANA, ci-dessus, infiniment plus lucide et prometteuse.
Tout cela vu, naturellement, de ma cour de récréation 😉
Il falait alors regretter tes freres Belges qui sont a l’origine de l’ethnisation et de la discrimination d’une certaine cathegorie de la population Burundaise.
Ridicule!!!! Plus d un demi siècle après l ‘indépendance nous burundais ne savons pas trouver solutions à nos problèmes!!!!!!!Le problème n’ est le Belge, le problème est sans nulle doute le Burundais!!!Arrêtons de pleurnicher!!!!
@Ayuhu Jean Pierre et Hima Jeremy
Avec des intellectuels du genre Ayuhu et Hima le burundi est encore loin de sortir de son affaissement! Pour ce mr Ayuhu et au clocher Hima tout est rose chez les dd et leur pouvoir! Le mal burundais vient de l’opposition radicale et des Belges.C’est une analyse bornée et venant des esprits obtus!!