Le Syndicat des travailleurs de l’Université du Burundi (STUB) dénonce des calculs biaisés dans la régularisation des arrières des travailleurs de cette institution. Selon les syndicalistes, le calcul des régulations se fait sur base des barèmes corrigés pour certains et des barèmes non corrigés pour les autres.
<doc4249|left>Malaise à l’Université du Burundi (U.B). 19.881.727.730 Fbu octroyés (sur 6ans) par le gouvernement pour régulariser les travailleurs de l’Université du Burundi sèment la discorde. Selon Christian Ntagwirumugara, vice-président du STUB, le calcul des régularisations des enseignants docteurs s’est fait sur base des barèmes salariaux corrigés, mais celui des autres catégories du personnel sur base des barèmes non corrigés. Le STUB crie à l’injustice. Il demande une répartition équitable de cette enveloppe.
Le 6 février 2003, le gouvernement prend la décision d’augmenter les salaires des enseignants tout en ignorant le personnel non enseignant. C’est le début d’un conflit collectif. Des négociations sont engagées sous les auspices de l’Inspection générale du travail et de la sécurité sociale. Sans succès. Le STUB décide de porter l’affaire devant les tribunaux. Une sentence arbitrale est prononcée, le 11 avril 2003. Le conseil d’arbitrage décide la mise sur pied d’une gestion transparente de la carrière des personnels de l’UB et l’élaboration d’un barème le plus complet possible.
Des commissions se succèdent pour corriger les distorsions salariales qui sont dans les statuts des personnels de l’UB. Une commission paritaire dite «commission Lothaire» est mise en place, le 13 Novembre 2007. Elle aboutit à une correction partielle des distorsions chez les personnels administratif et technique. « Mais il y avait toujours des distorsions salariales à corriger », précise Christian Ntagwirumugara. Le conseil d’administration adopte le rapport de la commission et les résultats sont appliqués, le 11 janvier 2008. Une 2ème commission dite "Bitagoye" est aussi créée le 19 Mars 2009. Cette dernière détermine de nouveaux barèmes pour le personnel enseignant.
Barèmes contestés par les enseignants assistants qui s’estiment lésés. "Les irrégularités pour les enseignants docteurs ont été corrigées à 100%. Mais pour les enseignants assistants, elles subsistent", souligne le vice-président du STUB. Les nouveaux barèmes pour le personnel enseignant sont appliqués en septembre 2009. La 3ème commission aboutit à la correction définitive des distorsions. De nouveaux barèmes exempts de toutes distorsions sont élaborés et entérinés par le conseil d’administration de l’UB, le 25 janvier 2011. Ils seront appliqués à partir d’août 2011, suite à l’ordonnance N°610/540/1004 du 16/08/2011 portant révision des barèmes salariaux des personnels de l’UB et de l’ENS.
<doc4251|right>Une mise en application biaisée
Pour Christian Ntagwirumugara, les calculs sont biaisés. Selon le vice-président du STUB, le recteur de l’UB a délibérément imposé à la quatrième commission d’utiliser les barèmes non corrigés, tout en sachant qu’à l’exception des seuls barèmes des enseignants docteurs, les barèmes de toutes les autres catégories comportaient encore des distorsions. Pour le vice-recteur, Paul Banderembako, ces protestations sont sans fondement. "Ceux qui protestent, aujourd’hui, étaient dans les commissions qui ont calculé ces montants", déclare-t-il. Pour le vice- président du STUB, le recteur n’a jamais voulu prendre en considération les recommandations des commissions.
Selon le rapport sorti le 2 mars 2012 par une commission mise sur pied par le recteur, des anomalies ont été constatées. Ce rapport souligne que pour la catégorie des enseignants assistants et les personnels administratif et technique, le calcul de la régularisation a été fait sur base des salaires non corrigés. Sur ce, la commission recommande à la direction de l’UB de prendre en considération les anomalies pour que la régulation des personnels soit faite dans l’équité.
«Pas de nouveaux calculs»
Pour Paul Banderembako, les calculs ont été faits sur base des textes écrits. "S’ils se sentent lésés, ils peuvent toujours revendiquer", poursuit le vice-recteur. Christian Ntagwirumugara ne comprend pas ces réticences. Selon lui, le STUB n’est pas en train de demander au gouvernement un budget supplémentaire à l’enveloppe octroyée, il veut seulement que ce montant soit distribué équitablement à tous les personnels de l’UB. « Sur base de nouveaux barèmes corrigés, tel que stipulé par les ordonnances du ministre ayant l’enseignement supérieur dans ses attributions, déclare le vice-président du STUB.
Cependant, il demande que la sentence arbitrale soit mise en application par le tribunal du travail. Car, selon lui, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ainsi que le recteur de l’UB sont en même temps juges et parties dans cette affaire.