Certains commerçants et portefaix ont trouvé refuge dans d’autres marchés. D’autres sont dans une situation intenable comme les anciennes occupantes du Grenier du pays. Et pour tous, la situation ne sera plus comme avant.
<doc7533|left>Autour des restes du marché central de Bujumbura, la vie renaît petit à petit. Sur les parkings situés au sud et au nord, le transport est assuré normalement. Les banques, les magasins, les pharmacies, les restaurants, … reprennent lentement leurs activités.
Mais quelque chose a changé : des enfants font, certes, le commerce ambulant des sachets dans la cohue, mais guerre avec enthousiasme, les kiosques qui servaient de point de rencontre pour certains citadins sont fermés alors que toute cela se réverbère dans les tôles ondulées qui entourent les restes de l’ancien marché, inaccessible. On penserait à un chantier en construction.
« Je me suis arrangé pour trouver ce petit kiosque. Mais, c’est intenable, à la longue : il n’y a pas de clients », souligne un ancien du marché, rencontré dans son nouveau stand de la Galerie de la Victoire.
Comme lui, des centaines d’autres commerçants se sont éparpillés dans les galeries, les magasins du centre-ville, les petits kiosques pour continuer à exercer leur métier. Et les marchés périphériques en ont profité, aussi : Jabe, "Chez Sion", Ruvumera, Ngagara, Kamenge, Kinama et Musaga, tous hébergent désormais des "anciens du centre-ville" …
Celui qui a le plus "profité" est le marché de Jabe, situé dans la commune urbaine de Bwiza. Il est désormais saturé, alors que beaucoup de places étaient inoccupées avant l’incendie. C’est ici que les jeunes s’approvisionnent désormais en habits et chaussures.
<doc7535|right>Les anciennes locataires du Grenier du Burundi où se vendaient des fruits de toute sorte ont, quant à elles, installé leurs postes devant les banques, les magasins, dans les rues du centre-ville. Et la vie est dure, contraintes de gérer, de résister devrait-on dire, à la police qui les chasse régulièrement, confisque leurs fruits, usant parfois de la matraque pour les disperser
Et les portefaix ? "Avant l’incendie, je pouvais gagner au moins 4.000Fbu par jour. La semaine passée, c’était 1.500Fbu, juste une assiette de midi », lance Abdoul, un portefaix rencontré au marché dit "Chez Sion" parmi une cinquantaine en attente de charge à transporter.
Comme leurs "patrons" donc, les portefaix ont migré. Mais la vie est très difficile : "Nous sommes contraints de se conformer aux ordres des anciens d’ici. Par exemple, nous, nous n’avons pas droit d’entrer à l’intérieur du marché. Nous attendons quelques bagages déposés juste à l’entrée. Et cela c’est pour éviter des affrontements avec les anciens", précise Moussa, un portefaix qui se lamente de "ne récolter que des miettes …"