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Deux experts auprès des Nations Unies recommandent la suspension du programme de privatisation de la filière café

05/05/2013 Commentaires fermés sur Deux experts auprès des Nations Unies recommandent la suspension du programme de privatisation de la filière café

L’appel publié ce jeudi 18 avril 2013 par deux rapporteurs spéciaux du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies est clair : « Il y a des signes inquiétants montrant que les intérêts des producteurs de café n’ont pas été pris en compte dans le processus de réforme malgré l’ouverture des organisations de caféiculteurs à une réforme de la filière », affirment le Rapporteur Spécial auprès des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter et l’Expert Indépendant sur la dette extérieure et ses effets sur les droits de l’homme, Cephas Lumina.

<doc7792|left>Et en attendant la conclusion d’une étude d’impact complète de la réforme sur les droits humains, ils préconisent la suspension du programme de privatisation : « Moins de 5% du café burundais a été transformé à l’intérieur du pays en 2009, les opérations créant le plus de valeur ajoutée ayant lieu à l’étranger », notent les experts, qui indiquent que ‘une « réforme de la filière qui permettrait aux coopératives de producteurs de café de capter une plus grande partie de la valeur du café serait donc souhaitable. »

En ligne de mire de cette mise en garde, la Banque Mondiale, « qui continue de considérer qu’elle n’est pas tenue de prendre en compte les droits de l’homme dans ses processus de décision alors que les politiques qu’elle recommande ont des impacts très concrets sur les droits et les moyens d’existence des caféiculteurs ». Mais aussi le gouvernement burundais, dont la population qu’elle représente « est prise en otage par les politiques du passé qui ont échoué », référence claire aux politiques d’ajustement structurel en vogue dans les années 1980 et 1990 et encourageant les pays en développement à privatiser les entreprises publiques.
Or le café, rappellent ces experts, c’est 80% des revenus d’exportation du pays. 55% de la population, soit 750 000 familles, dépendent de la culture du café, dont une majorité de petits paysans. Près de deux tiers des Burundais vivent sous le seuil de pauvreté et 60% sont chroniquement mal nourris.

C’est dans ce contexte que le gouvernement burundais s’est orienté en 2008-2009 vers une privatisation complète de la filière, sous la pression de la Banque Mondiale, dont le soutien à des programmes de santé publique aurait été lié aux réformes dans le secteur du café. Des stations de lavage du café ont été vendues à des acteurs privés, entraînant des impacts potentiellement négatifs « qui risquent de déstabiliser les moyens de subsistance d’un grand nombre de petits producteurs », insistent MM. De Schutter et Lumina, qui rappellent pourtant que « les Etats ne doivent pas confondre leurs priorités avec celles des entreprises. »

Ces experts, qui exercent leurs fonctions à titre personnel et indépendamment de toute organisation ou gouvernement sont catégoriques : « Des acteurs institutionnels comme la Banque Mondiale doivent soutenir les Etats dans leurs tentatives de réformer des secteurs économiques importants, mais selon des modalités qui n’exposent pas les paysans vulnérables aux aléas des marchés. »

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