Hauts cadres limogés, percepteurs des taxes et impôts remplacés, arrêt des cotisations dans les parkings, … Le président Evariste Ndayishimiye et le ministre Ndirakobuca se montrent, déterminés à en découdre avec les corrompus. Mais pour quelle suite ?
Réalisé par Félix Haburiyakira, Iteriteka Keyna, Pacifique Gahama, Jérémie Misago et Rénovat Ndabashinze
Lundi 15 février, Gervais Ndirakobuca, le ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, tient une réunion avec le maire de la ville, les administrateurs communaux, les chefs de zone, les commissaires des marchés et des commissaires de la police nationale à l’Hôtel de Ville.
Il présente les résultats d’une « semaine témoin » de perception des taxes communales effectuées à la fin du mois de janvier de cette année. Des détournements des taxes et impôts sont constatés.
Le ministre Ndirakobuca fait savoir que 121 millions BIF supplémentaires ont été collectés en une semaine par de nouveaux percepteurs en mairie de Bujumbura. Par ailleurs, souligne-t-il, plusieurs percepteurs des impôts et taxes municipales ont été remplacés. Le ton remonté, M. Ndirakobuca annonce la fin de la récréation: « L’argent du contribuable doit aller dans le trésor public et non dans les poches des percepteurs de taxes. C’est fini la récréation. »
Le haut responsable du gouvernement déplore également le flou qui régnait dans la perception des taxes et impôts en mairie de Bujumbura. «La municipalité cache pas mal de choses. Les taxes sont collectées, mais la mairie n’en bénéficie pas. C’est devenu une propriété privée. »
Toujours, sur un ton sévère, le ministre Ndirakobuca a mis en garde les commissaires des marchés de la mairie: « Celui qui a été nommé commissaire d’un marché espérant ou croyant qu’il va construire une belle villa communément appelée Gasekebuye avec l’argent du contribuable qu’il se désillusionne, qu’il arrête ! Je dis assez !»
Des tricheries aussi dans le transport en commun
Jeudi 4 mars, le ministre en charge du développement communautaire, Gervais Ndirakobuca rencontre les représentants des associations des transporteurs en commun. Il interdit la collecte des cotisations par les associations des transporteurs. Une mesure décriée par certaines associations mais saluée par les transporteurs.
Selon le ministre Ndirakobuca, ‘’les agents de la mairie sont les seuls habilités à collecter les taxes, dans tous les parkings. » Une mesure qui vise à éviter toute confusion avec les collectes des recettes durant le mois témoin de collecte des taxes en cours. Toutes les associations des transporteurs en commun du Burundi sont concernées.
A ceux qui s’acquittaient de ces contributions, le ministre a ordonné de cesser de le faire à partir du 5 mars. « Il s’agit d’une grande charge de plus, ce sont des activités qui sèment la confusion par rapport au mois témoin de collecte des taxes en cours, la population ne sait à qui donner la contribution, il y a une grande confusion ».
Le mea culpa du ministre Ndirakobuca
Vendredi 19 mars, Gervais Ndirakobuca, ministre en charge de l’Intérieur rencontre de nouveau les associations des transporteurs à l’Hôtel de Ville. Il demande pardon à la population, victime des collecteurs des cotisations dans les parkings des bus.
« Au nom du gouvernement, je demande pardon à la population parce que nous n’avons pas exercé notre rôle de protéger la population contre un certain groupe de gens qui est venu collecter des cotisations dans les parkings. Toutes ces collectes sont contraires à la loi. Je demande pardon et vous aussi vous devez faire de même », a imploré le ministre Gervais Ndirakobuca
Il vient pour voir si la décision de suspendre les collectes des cotisations dans les parkings des bus est déjà mise en pratique. Très remonté, il qualifie les percepteurs de voleurs : « Vous avez volé la population. Où va cet argent que vous avez collecté ? ».
Il finit par une mise en garde à toute personne qui collectera encore une fois des cotisations dans les parkings de bus. Et d’avertir que des mesures sérieuses seront prises contre les contrevenants ou les récidivistes.
Des destitutions
Le président Evariste Ndayishimiye a déjà démis de leurs fonctions quelques fonctionnaires pour divers manquements.
Le 7 janvier 2021, Emile Ndayisaba, Directeur général de l’Agence Routière du Burundi (ARB).
Le 12 mars 2021, Christian Kwizera, directeur général de la programmation et du budget au ministère en charge des Finances subit le même sort. Idem pour Victor Rurakengereza, directeur du Bureau provincial de l’agriculture, de l’environnement et le l’élevage en province Gitega.
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« Il faut joindre l’utile à l’agréable »
« C’est toujours très bon d’entendre de la bouche d’une autorité des demandes de pardon tels que nous l’avons entendu », réagit Tatien Sibomana, politicien. Néanmoins, il se demande pourquoi cette demande de pardon. « Est-ce que c’est l’Etat qui était impliqué ? Puisque s’il y a continuité des services publics qui est un principe sacro-saint, en demandant pardon, il insinue que d’une façon ou d’une autre, que c’est l’autorité administrative qui aurait été à l’origine de ce fléau ou qui n’aurait pas agi convenablement. »
Pour lui, si le ministre Ndirakobuca le dit en connaissance de cause, ce serait salutaire pour le pays. Mais si c’est uniquement pour faire un discours mielleux pour se limiter seulement aux complices, alors que les auteurs et co-auteurs se la coulent douce, ce serait un trompe-œil.
« Nous ne sommes pas dupes naturellement pour gober tout ce qu’ils nous disent. Nous allons suivre de près la situation pour voir jusqu’où vont ces discours. » L’homme politique souhaite que tous les actes soient conséquents par rapport à l’autorité qui les pose.
Selon lui, il faut des actes concrets, joindre l’utile à l’agréable. Car, explique-t-il, probablement que ça a trop duré. “Pourvu que ça dure et que ça ne s’arrête pas au niveau des paroles. »
Pour lui, il faut que tous les auteurs, les co-auteurs, les complices, soient connus, poursuivis et punis. « Il faut que ça soit une volonté claire et nette qu’on pourra saluer au moment opportun quand on va faire l’évaluation des résultats. »
« Que les enquêtes ne s’arrêtent pas là !»
« Notre parti, ainsi que d’autres partis politiques proches du FNL, soutenons vivement le Président. Nous l’encourageons dans cette lutte. Mais, il ne faudrait pas que les enquêtes s’en arrêtent là. Il faut remonter la chaîne et arriver même aux complices » a déclaré Jacques Bigirimana, président du FNL (Forces nationales pour la libération) dans l’émission « Point de Vue » diffusée par la Radiotélévision nationale du Burundi (RTNB), dimanche 21 mars.
Selon cette personnalité politique, de grosses sommes d’argent ne peuvent pas être volées par une seule personne. « Il y a aussi ceux qui les protègent, qui doivent être des gens puissants. » Et de marteler : « C’est pour cette raison que nous demandons au président de la République de s’attaquer aussi à ces “autres”, qui se croient puissants, et surtout qui ne sont pas très loin de Lui. On lui a donné ce pouvoir par les élections. Nous n’accusons personne mais nous l’appelons à la vigilance. »
Bigirimana demande également au président Ndayishimiye de garder un œil sur ceux qui s’appellent « des hommes d’affaires » alors qu’ils ne paient pas d’impôts, qui n’ont pas de sociétés connues, ni de salariés.
Et de renchérir : « Comment peut-on appeler quelqu’un qui n’a pas de société, qui ne paie pas d’impôts, qui n’a pas de salariés auxquels il verse des salaires régulièrement « un homme d’affaires ? »
« Il faut s’attaquer également aux gros poissons »
Simon Bizimungu, secrétaire général du CNL salue l’initiative du gouvernement dans le combat contre la corruption et le détournement des fonds publics. Il parle des mesures déjà prises par le président de la République à l’instar de la destitution de certains cadres de l’Etat accusés de corruption, détournement des fonds publics et les malversations économiques.
Mais, fait-il remarquer, il y a encore à faire. Les grands corrompus, dit-il, sont dans tous les secteurs de la vie publique. « Il faut s’attaquer, non pas seulement aux petits poissons, mais également aux gros poissons ».
Le secrétaire général du CNL exige des poursuites judiciaires de tous les corrompus afin que les fonds détournés reviennent dans la caisse de l’Etat. « Nous n’avons pas besoin des paroles qui s’envolent en l’air comme la fameuse « tolérance zéro ». A entendre la teneur des déclarations de l’époque, on espérait vaincre la corruption. Mais l’espoir a volé en éclat. Il faut toujours joindre l’acte à la parole ».
« Le chemin est encore long »
D’emblée, Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), remercie le président de la République pour les mesures prises dans la lutte contre la corruption. « Elles cadrent avec les discours qu’il prononce depuis son arrivée au pouvoir».
Il lui demande de prendre des mesures beaucoup plus efficaces : « Il faut que tous les corrompus soient jugés. Il faut que les choses soient faites d’une manière claire et rigoureuse ».
Néanmoins, Gabriel Rufyiri trouve que le chemin est encore long. D’après lui, les corrompus sont plus forts et ont des stratégies pour se protéger. Il demande également que les lois soient appliquées.
Il fait allusion par exemple à la Constitution et la loi portant prévention et répression des actes de la corruption. Cet activiste de la société civile tient à rappeler la déclaration du patrimoine pour tous les mandataires publics.
Il recommande la mise en place de la cellule nationale des renseignements financiers pour enquêter sur toutes les richesses des mandataires publics possédés de manière illégale et illégitime.
M.Rufyiri suggère également la mise en place d’un registre national contenant les sociétés qui gagnent les marchés publics : « Nous savons que 70 % des marchés publics sont gagnés par des gens qui ont des liens avec le parti au pouvoir.»
Vous dites: l’exécutif hausse le ton. Mais moi je constate que c’est seulement le Président et son Ministre de l’intérieur qui se lancent dans la bataille contre la corruption. D’où la question: où sont et que font les autres? Peut-être que je suis mal informé mais j’entends rarement d’autres ministres s’exprimer sur le détournement de la chose publique. Et les parlementaires et les sénateurs, ceux-là même qui doivent élire des lois contre la corruption et l’enrichissement illicite? Leurs voix restent inaudibles. Où sont ceux qui doivent faire respecter la Constitution en matière de déclaration des richesses des hauts fonctionnaires à l’entrée et à la sortie de leur fonction? Que dit le Conseil des Sages sur ces dossiers? Que fait le Ministère de la Justice qui a pris le flambeau des dossiers de corruption? J’arrête là. J’ai l’impression que deux personnalités sont clairement et courageusement montées au créneau, alors que les autres les regardent faire. Je serais ravi de savoir que je me trompe.
Aussi n’oublie pas le Premier ministre, Bunyoni, lui aussi, il s’est exprimé sur plusieurs cas dont celui de l’onatel, regideso, et autres. Et N’oublie pas le slogan de ce gouvernement? Leta Vyeyi ,Leta Nkozi.
Le president a deja parle de son impuisssance Face a certains generaux corrompus et puissants . Il faut qu’il faut qu’il prend des riques Pour changer les choses ,comme ca il sera un hero national comme Magufuli en Tanzanie. Dans ce combat noble il a tout les Burundais derrieres lui .
La corruption est une gangrene et une tragedie en Afrique d une facon generale et dans notre mere patrie en particulier.
Notre president le sat et le dit a haute voie. C est bien et c est aussi enorme.
Felicitations a notre president.
Tous les intervenants dans cet article , a commencer par Bigirimana , ont releve d’une seule voix qu il ne sert a rien de s attaquer aux petits poissons.
Les gens sont corrompus parce qu au dessus de la protection ou de la complicite.
Il y a des lois. Notre cher president et son gouvernement doivent soutenir et mieux implementer des structures perennes qui peuvent lutter contre la corruption.
Car il y a lieu a se demander, ces 3 ou 4 personnes revoquees, sont elles les plus corrompues au Burundi?
Sont elles les seules qui font que le Burundi soit parmi les pays les plus corrompus au monde?
Qu est ce qui fait que la justice burundaise est inactive vis a vis des corrompus et des corrupteurs?
Soyos tous derriere notre president