Les victimes des accidents de la route ont des difficultés à se faire indemniser. Les assurances tardent à le faire arguant que ceux qui réclament avancent des montants exorbitants.
Alice Ndayisaba attend d’être indemnisée depuis sept ans : « Je n’ai pas encore reçu de dédommagement de la part de la Société d’Assurance du Burundi. Après l’accident, nous avons été évacués à Bujumbura grâce à un bus qui partait pour l’intérieur du pays ». Elle descendait de Mwaro pour Bujumbura en 2004 quand les freins ont lâché et le véhicule a culbuté plusieurs fois pour échouer dans un ravin, au niveau de Nyamutenderi sur la RN7.
Seul l’hôpital militaire de Kamenge a pu l’hospitaliser : « J’ai passé la première nuit dans la salle d’attente. » L’hôpital Prince Régent Charles ne pouvait pas faire la radiographie. Quant à l’hôpital Roi Khaled, le personnel était insuffisant pour accueillir, d’un coup, 15 personnes en urgence. Et surtout c’était un dimanche. Partout tu dois payer une caution avant de te faire soigner : « J’ai subi deux opérations, au niveau de la hanche droite, au Burundi et qui ont échoué, regrette-t-elle. Heureusement la troisième en Inde, en 2008, a réussi. » Un peu boiteuse, elle porte une prothèse à vie.
Clarisse Ndayiragije, étudiante à l’Université des Grands-Lacs, attend depuis six mois, que la société d’assurance UCAR lui verse des indemnités : « L’Office de Transport en Commun (Otraco) a reconnu sa responsabilité. Je ne comprends pas la lenteur dans le traitement des dossiers, alors que j’ai déposé toutes les pièces demandées. » L’accident s’est passé le 2 mars. Elle et ses camarades de la faculté de psychologie clinique et sociale venaient d’un stage à Gitega. Grièvement blessée à la tête et un avant bras cassé, Clarisse précise que le chauffeur de l’Otraco avait probablement bu.
Pour Emmanuel Nsengiyumva, président de l’Association pour la Sécurité Routière et Assistance aux Victimes, ce comportement est à bannir chez les professionnels de la santé : « Leur domaine est plus social que commercial. La vie revêt un caractère sacré. La laisser s’éteindre, arguant le manque d’argent, est insensé. »
« Certains réclament jusqu’à 300 millions de Fbu »
<doc897|left>Alice propose que tous les frais soient supportés par l’hôpital qui, par après, demanderait le remboursement chez l’assureur : « Je n’ai jamais eu de visites de la Socabu à l’hôpital. Elle devrait le faire puisqu’elle va payer tous les frais. »
Le chef du département automobile à la Socabu, Nicolas Munyakayanza, fait savoir que les victimes des accidents de roulage exagèrent lorsqu’elles réclament : « Beaucoup demandent 150, 200 voire 300 millions de Fbu, sans aucune pièce matérielle prouvant les dommages causés par l’assuré. » Il précise que la Socabu n’est pas une vache laitière où on s’approvisionne gratuitement. En principe, souligne-t-il, toute société d’assurance s’engage à réparer intégralement le préjudice causé par son assuré : « Avant d’indemniser, une enquête est nécessaire pour prouver l’existence de l’accident et/ou de la victime. Et Elle dure des mois, voire de années. »
Selon lui, la Socabu privilégie le règlement à l’amiable depuis 2007, parce que l’indemnité est illimitée par rapport aux autres pays de la région. Il précise que dans la catégorie des transports de personnes, les primes reçues sont inférieures aux indemnisations : « Si nous continuons à payer des sommes exorbitantes, nous risquons de fermer nos portes. »
Il réfute les accusations selon lesquelles il n’y a pas de visites chez les victimes hospitalisées : « Nous faisons régulièrement des visites, sans pour autant nous annoncer. »
Le chef du département automobile à la Socabu lance un appel à l’Etat pour faire respecter le code de la route : « C’est la seule solution pour diminuer les accidents de la route, par conséquent les victimes. »
Le journal a contacté l’hôpital Roi Khaled et la Police de la Sécurité Routière sans succès.