Le rôle des syndicats est de défendre les droits et les intérêts des salariés, y compris en recourant à la grève. L’article 37 de la constitution burundaise pose le principe des libertés syndicales. La plupart des syndicats burundais sont rassemblés dans une confédération, la COSYBU. Le syndicalisme burundais est bien implanté dans les services publics. Il rencontre cependant beaucoup de difficultés dans les entreprises privées et dans le secteur informel.
<doc2049|left>La naissance des syndicats au Burundi est étroitement liée à la lutte pour l’indépendance. Créée après la victoire du parti UPRONA en juillet 1962, l’Union des Travailleurs du Burundi (UTB) fonctionnait comme une courroie de transmission du pouvoir politique. C’est d’ailleurs le parti qui prélevait les cotisations des travailleurs et alimentait les caisses syndicales. Il faudra attendre le congrès du parti de 1991, pour que la première confédération syndicale (CSB) obtienne une autonomie par rapport à l’Etat et, surtout, 1995, date de la fondation de la COSYBU (Confédération des Syndicats du Burundi).
Selon Célestin Nsavyimana, trésorier de la COSYBU et président du syndicat du ministère des Transports, il y a, actuellement, au Burundi, environ 50 syndicats enregistrés. Parmi ceux-ci, 32 sont affiliés à la confédération et sont issus de tous les milieux socioprofessionnels. Cela représenterait 54.000 membres adhérents. Le taux de syndicalisation reste donc encore très faible.
Les syndicats sont des acteurs du dialogue social entre l’État, les employeurs et les salariés. En effet, les syndicats reconnus comme représentatifs dans leur secteur d’activité peuvent signer avec le gouvernement ou le patronat des conventions collectives qui règlent les conditions de travail pour l’ensemble des salariés.
Les syndicats disposent de trois principaux moyens pour faire aboutir leurs revendications: la négociation, la grève et les manifestations.
L’organisation de la démocratie syndicale
La constitution de 2005, dans son article 37, pose le principe des libertés syndicales. Le code du travail (Art.7) déclare également que les syndicats sont libres dans l’élaboration de leurs programmes. Les conventions internationales de l’OIT (1987 et 1998), ratifiées par le Burundi, garantissent, d’autre part, le droit à tout travailleur, qu’il soit du secteur formel ou informel, de s’organiser en association ou syndicat.
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{ 1er mai, fête du travail
Le 1er mai est un jour férié dans la plupart des pays du monde. Il commémore le combat des syndicats pour obtenir la réduction de la journée légale de travail à huit heures.
Ce sont les travailleurs américains qui ont, les premiers, obtenu satisfaction après les manifestations sanglantes de Chicago de mai 1886. Les syndicats européens, qui réclamaient aussi la journée de huit heures, décidèrent alors de manifester, chaque année, tous les 1er mai. Au Burundi, le 1er mai est un jour férié également célébré à travers tous le pays.}
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Célestin Nsavyimana dénonce, néanmoins, les tentatives d’entraves à cette liberté syndicale. Il cite, notamment, la loi du 29/11/2000 sur l’exercice du droit syndical dans la fonction publique, loi décriée par les syndicalistes. Il critique aussi le comportement des autorités qui voudraient restreindre l’expression syndicale, par exemple, en harcelant des leaders syndicaux. Il cite, entre autres, le cas des syndicalistes de la SOSUMO, de l’OTRACO et du ministère de la Justice, qui dénonçaient des cas de malversations et de mauvaise gestion dans leur secteur.
Cette mise en cause des pouvoirs publics est contestée par le porte-parole du ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale. Joseph Ntakabanyura dément que les fonctionnaires de l’Etat subissent un harcèlement quelconque. Il juge que les relations entre le ministère et les syndicats sont bonnes et que les syndicats sont libres dans l’exercice de leurs activités.
L’usage du droit de grève
Le droit de grève est reconnu par l’article 8 du code du travail. Il s’exerce plus difficilement dans le secteur privé que dans le secteur public. Certaines catégories de fonctionnaires respectent un service minimum, afin de ne pas pénaliser les usagers.
Pour Joseph Ntakabanyura, « il faut privilégier le dialogue avant d’entamer une grève. Celle-ci doit se faire dans le respect de la loi, sinon elle est illégale. » Avant de déclencher une grève, la loi oblige, en effet, les partenaires à négocier. En cas d’échec, le mouvement doit être voté à la majorité simple des travailleurs, en respectant un préavis de six jours (Art. 213 du code du travail).
Selon un avocat, ancien juge au tribunal du travail, la grève implique le non-paiement du salaire pendant toute la durée de l’arrêt de travail. Lorsqu’elle est illégale, poursuit-il, le Code du travail considère la grève comme une faute lourde sanctionnée, en principe, par un licenciement sans indemnité ni préavis (Art.220).
Certaines catégories de fonctionnaires n’ont pas le droit d’être syndiqués, ni de faire grève. Ce sont notamment les militaires et les policiers (Art. 37 de la Constitution de 2005)
Les blocages patronaux
Les syndicats ont du mal à exister dans le secteur privé, comme le reconnaît Gaspard Nzisabira, secrétaire général de l’Association des Employeurs du Burundi(AEB). De son point de vue, beaucoup de salariés pensent, à tort, que le patronat n’aime pas les syndicats. Pour le secrétaire général de l’AEB, le problème est tout autre. D’après lui, les employés des entreprises privées, au lieu de former un syndicat, se contentent de la présence de leurs représentants au conseil d’entreprise. Souvent, affirme-t-il, ces délégués défendent mal leurs collègues.
M. Nzisabira ajoute que la régularité des grèves dans le secteur public est principalement due au manque de dialogue permanent, qui permet de résoudre les problèmes avant qu’ils ne s’aggravent. L’autre explication de la rareté des grèves dans le secteur privé, c’est que tout arrêt du travail met en danger la production.
Dialogue social nécessaire
Le dialogue social est une nécessité. Chaque partenaire doit pouvoir défendre son point de vue et ses intérêts. Même si le mouvement syndical est encore faible au Burundi, de plus en plus de travailleurs, tant dans le public que dans le privé, prennent conscience de l’intérêt de se regrouper pour défendre aussi bien leur pouvoir d’achat que leurs conditions de travail.